Pour la Nuit "Librairies, du manuscrit au livre de poche" Albane Penaranda reçoit l'historienne Patricia Sorel. Elle évoque le commerce des livres depuis l'époque médiévale jusqu'au début du 19e siècle et le bouleversement qu'a été l'invention de l'imprimerie. Entretien 1/3.
- Patricia Sorel Maîtresse de conférences à l’Université Paris-Nanterre
Est-ce quand nous en sommes privés que l'importance des choses les plus banales de notre existence se révèle à nos yeux ? La crise sanitaire aura rappelé à beaucoup d'entre nous ce que la lecture a d'essentielle. Essentiels également les lieux où l'on peut voir, toucher, feuilleter, et même renifler, les ouvrages : les librairies. Cela fait quarante ans cette année que s'applique la loi Lang, une occasion toute trouvée pour consacrer deux Nuits à la librairie et au métier de libraire. Pour la première d'entre elles, l'historienne Patricia Sorel, auteure d’une Petite histoire de la librairie française à La Fabrique, nous éclaire sur le commerce des livres en France, depuis l'époque du livre manuscrit jusqu'à aujourd'hui.
Les premiers libraires apparaissent en France au début du 13e siècle
Les premiers libraires apparaissent en France au début du 13e siècle, on les trouve à Paris, ils procurent des ouvrages aux étudiants de l‘université de la Sorbonne. Pendant longtemps les 5ème et 6ème arrondissements de Paris concentrent la quasi-totalité des libraires. Innovation majeure pour le métier, l’invention de l'imprimerie dans les années 1450 bouleverse le rapport aux livres. Le passage du livre manuscrit au livre imprimé advient à la fin du XVème siècle en Allemagne, en Italie et, enfin, en France : "En France le premier atelier d’imprimerie est fondé en 1470 par deux membres du collège de la Sorbonne qui recrutent trois imprimeurs allemands, donc la première imprimerie en France a été créée à l’intérieur même de la Sorbonne."
L’invention de l'imprimerie dans les années 1450 bouleverse le rapport aux livres
En 1500, quarante villes françaises disposent d’au moins une imprimerie, ce qui fait évoluer tout le commerce du livre. Peu à peu d'autres réseaux apparaissent, comme celui des colporteurs qui diffusent des petits formats. Parallèlement, sont créées des corporations pour encadrer la profession : "La révolution de 1789 est un moment majeur pour les libraires car elle fait voler en éclat le carcan qui pesait sur le monde du livre, avec l'abolition de la censure et des corporations de métiers."
Autre date importante, sous Napoléon 1er durant l'Empire, le décret du 5 février 1810 réglemente à nouveau le métier de libraire et d’imprimeur avec la mise en place d'un titre personnel, le brevet : "Le métier de libraire a été un métier plus ou moins précaire. D’ailleurs les libraires pratiquent souvent une autre activité, beaucoup sont aussi relieurs. Ils pratiquent parfois la location de livres, la plupart vendent d’autres marchandises, papeterie ou objets religieux. Si certains vivent dans l’aisance d’autres sont à la limite de la misère."
Patricia Sorel est l'auteure de Petite histoire de la librairie française, éditions La Fabrique.
Retrouvez l'ensemble du programme d'archives " Librairies, du manuscrit au livre de poche", proposé par Albane Penaranda.
- "Par Albane Penaranda
- Réalisation : Virginie Mourthé
- Avec la collaboration de Hassane M'Béchour
- Edition web : Sandrine England, Documentation de Radio France
- Nuit de la Librairie 1/2 - Entretien 1/3 avec Patricia Sorel (1ère diffusion : 18/04/2021)
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