

En 2008, Philippe Bordas, écrivain et photographe, publiait 'Forcenés', qualifié de "chef-d'œuvre de littérature sportive" par le journaliste Dominique Le Guilledoux. L’écrivain rendait hommage à Michel Butel et sa revue "L’Autre journal" avant d'aborder les liens entre cyclisme et littérature.
- Philippe Bordas Photographe et écrivain français
En 2008, Philippe Bordas, écrivain et photographe, publiait Forcenés, sorte de testament amoureux du cyclisme. Dominique Le Guilledoux écrivait alors, à son propos , dans le journal Le Monde : "Les chefs-d'œuvre de littérature sportive sont rares, difficiles à écrire." Et dans Libération, sous la plume de Jean-Louis Le Touzet, on pouvait lire : "'Forcenés' de Philippe Bordas est le plus beau livre funèbre écrit sur le cyclisme". Un entretien sur lequel planait l'ombre du journaliste et écrivain du cyclisme Pierre Chany auprès duquel Philippe Bordas avait fait ses classes à L'Équipe.
Philippe Bordas dit de son livre Forcenés c'est "un testament amoureux d'un garçon qui n'est plus jeune et qui n'a pas pu être champion cycliste."
Mais avant de développer son analyse sur l'histoire du cyclisme et ses figures célèbres, l'écrivain et journaliste rendait hommage à Michel Butel pour avoir su créer une revue qui lui manque cruellement aujourd'hui : L'Autre journal.
L’Autre journal quand j’avais 24 ans est apparu comme une concrétion d’images et de poésie parfaite, n’advenant pas dans le livre, mais chaque semaine dans la presse. Donc un miracle presque quotidien, qui aujourd’hui est totalement interdit.
J’ai cru à l’époque que c’était la norme, puisque je débutais, en faisant des textes et des images pour Michel Butel, en ce temps-là. Mais ce temps-là est révolu.
La parole et des philosophes, et des poètes et des artistes n’a plus place dans les médias sauf dans une forme sociologique ou nihiliste. La puissance poétique n’a plus court. Donc Butel a fait quelque chose d’un geste héroïque.
Philippe Bordas évoque l’importance du lien entre le geste, le corps et le verbe et les qualités d'une chronique :
Le chroniqueur n’est pas l’historien, ni le journaliste, il est censé dans l’instantané, comme Saint Simon dire le vrai du temps, mais lui donner aussi légitimité dans la durée et pour l’avenir.(...) Federer fait quelque de génial mais n’existe pas parce que personne n’a écrit ce qu’il faisait.
Sa dévotion aux plus grands champions du cyclisme, Philippe Bordas la doit à la lecture de deux volumes de La fabuleuse histoire du cyclisme de Pierre Chany. Il dit avoir essayé de mettre toute sa vitesse, sa rapidité pour rendre hommage aux cyclistes, particulièrement Coppi, Bernard Hinault et Jacques Anquetil.
Le cyclisme était beaucoup trop difficile pour n’être qu’un sport, ça a été une allégorie d’autre chose.
Admirateur de Coppi, grand maquisard, qui "invente la solitude dans la course" et qui pour lui évoque Ulysse, il dit :
Coppi achève l’histoire du cyclisme, il invente un langage quasiment métaphysique avec les cimes.
Le cyclisme né sur les cendres de la Commune, s’achève au moment où on ne peut plus dire l’exploit physique.
A propos de Jacques Anquetil que Philippe Bordas appelle "Le Glenn Gould du cyclisme" :
Anquetil a établi un palmarès surnaturel qu’il a décidé à l’avance pour l’établir ensuite. Avec Anquetil c’est de l’ordre de la partition c’est-à-dire qu’il a une grâce invraisemblable, mais dont il a pleinement conscience.
- Par Alain Veinstein
- Avec Philippe Bordas (photographe, écrivain)
- Réalisation Anne Franchini
- Indexation web : Véronique Vecten pour la Documentation Sonore de Radio France
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- Du jour au lendemain - Philippe Bordas pour son livre "Forcenés" (1ère diffusion : 17/04/2008)
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