Pierre Assouline : "La vision de l'étranger de Simenon est très intéressante, il a une vraie compassion"

Portrait de Georges Simenon (1909 - 1989) au Château d'Echandens, 02/1963.
Portrait de Georges Simenon (1909 - 1989) au Château d'Echandens, 02/1963.   ©AFP - Leemage
Portrait de Georges Simenon (1909 - 1989) au Château d'Echandens, 02/1963. ©AFP - Leemage
Portrait de Georges Simenon (1909 - 1989) au Château d'Echandens, 02/1963. ©AFP - Leemage
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La Deuxième "Nuit Simenon", se termine par un entretien avec Pierre Assouline, qui a écrit une biographie de l'écrivain, ainsi que des adaptations radiophoniques de ses oeuvres, dont "Lettre à mon juge" et "Le Train".

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Chez Simenon, il n’est pas nécessaire d’être coupable pour se sentir coupable ; du point de vue littéraire, il est peut-être même plus valorisant de se croire coupable, sans raison. Mais qui ne se sentirait pas coupable devant le commissaire Maigret ? Il a beau être taiseux et empathique : au 36, quai des Orfèvres ou dans l’arrière salle d’un bistrot crasseux, on semble soulagé de « passer à table » devant lui.

Les « simenoniens » sont légion, on le sait ; certains préfèrent les romans durs à la série des Maigret, les romans « parisiens » aux romans « américains » ; certains connaissent par cœur la liste des romans de l’écrivain belge, d’autres sont heureux de se perdre dans les titres, les enquêtes, les crimes…

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C’est avec John Simenon, en charge des droits cinématographiques, théâtraux, télévisuels, radiophoniques, de l’œuvre de son père, qu'a débuté la Première Nuit Simenon ; c’est avec Jacques de Loustal, illustrateur pour les Editions Omnibus d’un recueil de nouvelles et de quelques romans que nous avons évoqué les couleurs et les noirceurs de cette œuvre immense ; en compagnie du biographe et adaptateur (pour France Culture) de Simenon que nous avons commencé et terminé la Deuxième Nuit Simenon : Pierre Assouline ; avec un acteur, Bruno Solo, que nous nous sommes interrogés sur la manière idéale de jouer un héros simenonien : en innocent filmé comme un coupable, ou en coupable filmé comme un innocent ?

Et, bien sûr, les multiples archives – entretiens de Georges Simenon avec Max Favalelli, Stanislas-André Steeman, Robert Sadoul ; adaptations radiophoniques (La première enquête de Maigret, La neige était sale, La Boule noire…) qui nous ont plongé dans la fameuse « atmosphère »…

Pierre Assouline, auteur d'un Autodictionnaire Simenon, chez Omnibus, souligne :

La racine de sa vision de l'étranger se trouve dans un moment de la vie de Simenon : quand il avait 15 ans sa mère a ouvert une pension de famille chez eux, qui logeait cinq ou six étudiants étrangers d'Europe de l'Est. Parfois Juifs, très désargentés, très pauvres ils étaient souvent étudiants en médecine. Il les a écouté à table, c'est de là qu'il connait bien le roman russe, notamment Dostoïevski, il a beaucoup appris en les écoutant. Sa vision de l'étranger est très intéressante. Il a une vraie compassion, contrairement à ce que l'on pourrait croire.

Ecouter la première partie de l'entretien.

  • Production : Philippe Garbit
  • Réalisation : Virginie Mourthé
  • Avec la collaboration de Hassane M'Béchour
  • Indexation web : Documentation sonore de Radio France

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