Pierre Boulez : "Wagner était un entêté, un visionnaire qui savait réaliser ses visions : une telle conjonction est extrêmement rare dans l'histoire de la musique" : épisode 9/12 du podcast La Nuit rêvée d’Olivier Py (2017)

Parsifal, de Richard Wagner dirigé par F. Girard à l'Opera of Lyon, en 2012.
Parsifal, de Richard Wagner dirigé par F. Girard à l'Opera of Lyon, en 2012. ©Getty - Photo by Jean Marc ZAORSKI/Gamma-Rapho via Getty Images
Parsifal, de Richard Wagner dirigé par F. Girard à l'Opera of Lyon, en 2012. ©Getty - Photo by Jean Marc ZAORSKI/Gamma-Rapho via Getty Images
Parsifal, de Richard Wagner dirigé par F. Girard à l'Opera of Lyon, en 2012. ©Getty - Photo by Jean Marc ZAORSKI/Gamma-Rapho via Getty Images
Publicité

Baudelaire, Debussy, Mallarmé, on ne compte pas en France les grands noms qui ont écrit sur Richard Wagner. En 1963, le compositeur Pierre Boulez rappelait l'accueil réservé en France à l'œuvre de Richard Wagner, et ce que fut la relation du musicien allemand avec notre pays.

Avec
  • Pierre Boulez Compositeur, chef d’orchestre et pédagogue français (Montbrison, 1925 - Baden Baden 2016)

En 1963, sur la RTF, Pierre Boulez rappelait l'accueil réservé en France à l'œuvre de Wagner :

La position de Wagner par rapport à la France est curieuse à plus d'un titre, et le premier c'est que Wagner a été découvert en France d'une façon merveilleuse par Baudelaire. 

Publicité

Charles Baudelaire écrivit notamment une lettre à Richard Wagner en février 1860, dont voici un extrait : "Avant tout, je veux vous dire que je vous dois la plus grande jouissance musicale que j'aie jamais éprouvée. Je suis d'un âge où on ne s'amuse plus guère à écrire aux hommes célèbres, et j'aurais hésité longtemps encore à vous témoigner par lettre mon admiration, si tous les jours mes yeux ne tombaient sur des articles indignes, ridicules, où on fait tous les efforts possibles pour diffamer votre génie. Vous n'êtes pas le premier homme, Monsieur, à l'occasion duquel j'ai eu à souffrir et à rougir de mon pays".

Boulez rappelait également l'influence profonde de Richard Wagner sur Claude Debussy, "en ce sens qu'il ne s'en est jamais remis"

La hargne que Debussy a montré pour Wagner dans certains écrit est à la mesure de son amour et à la mesure de l'emprise que Wagner a eu sur lui. Néanmoins, on ne doit jamais oublier que Debussy a écrit sur 'Parsifal' les phrases les plus mémorables. Il aimait particulièrement 'Tristan' et 'Parsifal'. (...) Debussy était parfaitement conscient de la valeur de Wagner. (...) Cette influence a été déterminante pour lui et complètement assimilée. Il avait vraiment vu l'originalité profonde de Wagner. 

Boulez ne cachait pas sa grande admiration pour Wagner : 

Tout un monde est créé par Wagner et c'est en ce sens un des musiciens les plus prodigieux car non seulement il a su créer un monde musical, mais il a su créer un monde d'idées. C'est en particulier pour cela que je lui garde une profonde admiration. C'était un homme entêté, un homme visionnaire et c'était un homme qui savait réaliser ses visions. C'est extrêmement rare dans l'histoire de la musique une telle conjonction pour qu'on ne la signale pas à sa juste place. 

On a beau dire 'A bas Wagner !' et bien Wagner est toujours debout et Wagner se porte admirablement bien.

  • Par Pierre Boulez
  • Pierre Boulez parle de Wagner (1ère diffusion : 19/07/1963)
  • Indexation web : Documentation sonore de Radio France
  • Archive Ina-Radio France
Les Nuits de France Culture
35 min

L'équipe