

L'architecte Renzo Piano, en 1990, avait participé à une série d'émissions "A Voix Nue". Dans le 2ème volet il racontait comment il avait imaginé le Centre Pompidou, un monument, un manifeste...
- Renzo Piano Architecte italien, constructeur notamment, avec Richard Rogers, du Centre Pompidou à Paris
L'architecte Renzo Piano analysait, 13 ans plus tard, en 1990, son travail de construction du Centre National d'Art et de Culture Georges Pompidou. Invité par Annick Pely-Audan pour une série d'émissions "A Voix Nue", il évoquait les objectifs initiaux, ses regrets et donnait des explications sur certains procédés, ainsi que sa vision de la ville moderne. Il se souvient :
Pour le Centre Pompidou, on aimait l'idée de faire un paquebot spatial qui atterrit au milieu de Paris. Il y avait déjà une belle clairière c'était le plateau Beaubourg... Mais au départ ce n’était pas un manifeste c'était une idée un peu confuse, provocatrice. Bien sur, au début, tout le monde a réagit en disant "c'est un supermarché de la culture, c'est n'importe quoi"...
Publicité
Il revendique toujours le côté "usine" de ce projet architectural, il aimerait même que cela soit encore plus mis en avant.
L'allégorie de l'usine était sûrement aussi due à l'idée un petit peu naïve peut-être - mais je le suis - qu'un centre culturel c'est une usine qui produit de la culture.
L'architecte tient à rappeler que le Centre Pompidou a été créé sur le plateau Beaubourg qui était "depuis 1935, libre, c'était un parking plus ou moins sauvage". Dans une telle configuration, "le rêve de faire quelque chose qui se cache, c'est ridicule. On ne peut pas faire du cache-cache !" D'un point de vue purement formel, le Centre Beaubourg, contrairement à ce que prétendent certains qui le considèrent comme "un bâtiment indifférent au contexte", Renzo Piano l'affirme, le Centre Beaubourg a bien un rapport avec son environnement, "c'est un rapport par l'opposé, mais il y a un rapport".
Les centres-villes ont besoin de ce mélange. Les centres-villes, si on ne fait pas attention, ils deviennent monofonctionnels, monomaniaques. Ils deviennent des lieux où il n'y a qu'une seule chose qui se passe. [...] C'était aussi important de provoquer et de faire un bâtiment qui ne soit pas la réplique d'un bâtiment institutionnel.
Le Centre Pompidou est devenu un point de repère. Il est très parisien ce bâtiment et j'en suis très, très fier de ça !
Il poursuit sa réflexion sur ce bâtiment tellement original :
Le Centre Pompidou c'est un prototype. C'est une pièce artisanale. Ça fait rire de le dire mais elle est faite à la main !
En conclusion à cet entretien, Renzo Piano s'interroge sur le lien entre passé et présent qui redessine les villes à venir :
Je pense que l'architecture et les villes devraient devenir beaucoup plus... anciennes. Si on me demande comment je vois la ville moderne, je la vois plutôt plus proche de la ville ancienne. [...] Finalement, on marche vers une attitude plus balancée, plus équilibrée, dans laquelle le futur et le passé sont beaucoup plus en continuité. Je dirais même que le concept de modernité aujourd'hui est vu comme un concept de continuité entre le passé et le futur.
En création architecturale, il en appelle ainsi à un alliage de "prudence" et de "courage" :
Mais il y a un problème délicat, car combien de fois dans l'histoire, le courage est-il devenu violence ? Et combien de fois la prudence, si elle est excessive, ne devient-elle pas couardise, peur et on ne fait plus rien ?
- Par Annick Pely-Audan
- Réalisation Marie-Andrée Armynot
- A voix nue - Renzo Piano 2/4 : Le Centre Pompidou, un monument, un manifeste
- 1ère diffusion : 13/11/1990
- Indexation web : Documentation Sonore de Radio France
L'équipe
- Production
- Collaboration
- Production déléguée
- Réalisation
- Production déléguée