François Furet : "Le totalitarisme est moderne, il est lié à la lutte contre la nature au nom de la technique" : épisode 5/5 du podcast Grandes voix du XXe siècle : François Furet

An honourable revolutionary red banner of the 457th infantry regiment. URSS.
An honourable revolutionary red banner of the 457th infantry regiment. URSS. ©Getty - Universal History Archive/Universal Images Group via Getty Images
An honourable revolutionary red banner of the 457th infantry regiment. URSS. ©Getty - Universal History Archive/Universal Images Group via Getty Images
An honourable revolutionary red banner of the 457th infantry regiment. URSS. ©Getty - Universal History Archive/Universal Images Group via Getty Images
Publicité

L'émission "Répliques" proposait en 1995 un débat sur "L'idée communiste au XX° siècle", avec l'historien François Furet et le philosophe Cornelius Castoriadis.

En janvier 1995, deux ans avant sa disparition, François Furet publiait Le Passé d'une illusion. Essai sur l'idée communiste au XXe siècle, qui fut son dernier livre.

Ce livre devint très vite un best-seller et propulsa son auteur sur le devant de la scène médiatique. Il lui valut, en étant traduit en 18 langues, d'élargir les frontières d'une renommée déjà solidement établie en France. Il valut aussi à François Furet d'être regardé par certains, à gauche, comme un ennemi ultralibéral et d'être encensé par d'autres, à droite de l'échiquier politique.

Publicité

Dans Répliques, quelques semaines après sa parution, Alain Finkielkraut avait invité François Furet à venir débattre avec Cornelius Castoriadis du Passé d'une illusion et plus largement de ce qu'avaient été l'idée et la réalité communistes au XXe siècle.

François Furet explique en quoi la Grande Guerre participe au réveil de la passion révolutionnaire en Europe, particulièrement dans sa forme totalitaire au XXe siècle :

Il me semble que la guerre de 14 a une importance absolument fondamentale pour le vingtième siècle, aussi grande que la Révolution française pour l'histoire du dix-neuvième siècle. C'est l'événement dont sort le caractère particulier du siècle et ses tragédies. Pourquoi ? C'est la première guerre démocratique, au sens où tout le monde y va (...) C'est la première guerre industrielle et technique où l'on peut observer l'effet multiplicateur de la technologie moderne sur la guerre elle-même et c'est la première guerre interminable.

Particularités de l'idée communiste au XXème siècle :

Une des choses mystérieuses, c'est son caractère de jamais vu. (...) Il y a l'aspect de la rationalité technique aux mains de l'Etat. Mais il y a l'autre aspect qui est la fascination des idéologies, le caractère de consentement face à ces régimes. Il y a quelque chose qui est à la fois horrible et grandiose pour l'imagination, les personnes se sont ruées dans ces idéologies. Autrement dit, il y a quelque chose qui parlait à leur imagination, qui leur plaisait. Ce ne sont pas simplement des régimes de contrôle technique. Ce sont des régimes d'idéologie vécue.

Cornélius Castoriadis :

L'analogie religieuse joue, d'abord c'est l'Eglise. Lénine est le créateur historique d'un parti qui est un parti État, qui est un parti armé, qui est un peu un parti usine, avec la division du travail, et qui est un parti unique.

François Furet :

Je crois que le totalitarisme est moderne et qu'il est lié à l'idée de révolution dans le sens où je l'emploie de l'homme nouveau, de la construction. Il est lié à ce qu'il y a de lutte constante contre la nature au nom de la technique dans les sociétés modernes.

  • Par Alain Finkielkraut
  • Réalisation : Didier Lagarde
  • Répliques - L'idée communiste au XX° siècle, avec François Furet et Cornelius Castoriadis (1ère diffusion : 04/02/1995)
  • Indexation web : Documentation Sonore de Radio France
  • Archive Ina-Radio France