Dans cette émission d'André Gillois "Soyez témoins", diffusée en avril 1956, un événement d'ordre poétique et national est évoqué : les funérailles de Guillaume Apollinaire, deux jours après la signature de l'Armistice de 1918. Des témoins de ces deux événements exceptionnels les racontent.
- Blaise Cendrars Écrivain
- André Salmon
- Louise Weiss
Ce numéro "Soyez témoins" diffusé pour la première fois le 6 avril 1956 sur la chaîne nationale donne la parole à plusieurs témoins des funérailles de Guillaume Apollinaire, le 13 novembre 1918, à l'église Saint-Thomas-d 'Aquin à Paris. Blaise Cendras, André Salmon, Raymonde, André Billy ou encore Louise Weiss se souviennent avec émotion de ce jour. Reprenant les propos de Blaise Cendras, tous s'accordent à dire que "l'allégresse des fêtes de l'Armistice retournait le cœur des gens sensibles qui escortaient leur pauvre ami".
"La mort d'Apollinaire n'a pas été la mort de la poésie" André Salmon
Chaque invité confie au micro d'André Gillois des souvenirs marquants. Blaise Cendrars et l'actrice Raymonde soulignent la météo glaciale de ce 13 novembre 1918. L'attitude autoritaire de la mère d'Apollinaire, "une femme au caractère difficile dont Guillaume avait une peur bleue", marquent leur esprit. Blaise Cendras est agacé par Max Jacob, qu'il compare à "un diablotin tombé dans le bénitier". André Salmon se dit quant à lui choqué par "l'absence de certaines personnes". Mais il reconnaît avec joie que "la mort d'Apollinaire n'a pas été la mort de la poésie". André Billy décrit le caractère militaire de ces funérailles : "Son cercueil recouvert d'un drapeau tricolore avec un képi tout neuf à deux galons. Apollinaire aimait l'armée héréditairement." Il revient aussi sur le désastre qu'a été la mort d'Apollinaire pour lui, "comme si le jour avait perdu sa lumière".
"Devant sa dépouille, j'ai su que j'avais eu affaire à un incomparable poète assassiné" Louise Weiss
Pour tous les invités, la cérémonie n'a rien de particulier mais l'émotion est intense. André Billy précise qu'aucun discours n'est prononcé. Chaque année, les amis d'Apollinaire se réunissent sur sa tombe le jour anniversaire de sa mort. Il n'y a jamais de discours sur sa tombe. Pour André Billy, "Ce serait absurde et presque inconvenant". Les invités s'interrogent enfin : en quoi Apollinaire était-il légendaire ? Pour André Billy, "Il avait un mélange d'autorité et de bonhomie. Il était fascinant." Louise Weiss précise : "Devant sa dépouille, j'ai su que j'avais eu affaire à un incomparable poète assassiné". Madame Simone souligne la tristesse de ses amis au moment des funérailles. Elle décrit le physique majestueux d'Apollinaire et son ascendant sur ses amis : "Il avait un désir réel d'être un conducteur d'opinion. Il a aussi eu une intuition réelle. Il a été un chef d'école poétique."
- Par André Gillois
- Avec Jean Oberlé, Madame Simone, Jean-Pierre Morphé, Blaise Cendrars, André Billy, André Salmon, Louise Weiss et Raymone (actrice)
- Réalisation Jacques Guinchard
- Soyez témoins - Les obsèques de Guillaume Apollinaire le 13 novembre 1918 (1ère diffusion : 06/04/1956 Chaîne Parisienne)
- Edition web : Documentation de Radio France
- Archive Ina-Radio France
Retrouvez l'ensemble du programme d'archives "Apollinaire, l’enchanteur apatride", proposé par Mathias Le Gargasson.
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