Dans le premier volet de ce diptyque, nous suivrons Jean-Pierre Beauviala au pas de course, à Grenoble, pour une visite de sa société Aaton et un retour sur ses débuts.
- Caroline Champetier Directrice de la photographie
- Jean-Paul Fargier Cinéaste, critique de cinéma
- Serge Toubiana Président d'Unifrance
- Alain Bergala Critique de cinéma, essayiste, scénariste et réalisateur français
- Jean-Luc Godard Réalisateur
- Raymond Depardon Photographe, réalisateur, producteur, scénariste, journaliste
- Jean-Michel Frodon Historien et critique de cinéma
- Raoul Coutard réalisateur
Première diffusion le 2 octobre 2007
Il s'agit de l'évocation, avec Jean-Pierre Beauviala, à travers ses recherches techniques aventureuses, de son histoire de cinéma, ou comment cet aventurier des caméras a donné la possibilité aux équipes de tournage de sortir plus facilement hors des murs des studios, et de filmer seul ou presque avec des caméras plus légères et plus maniables.
Grâce à ses innovations techniques - de la caméra "chat sur l’épaule" au marquage en clair du temps sur la pellicule et sur la bande-son ; de la caméra vidéo baptisée "Paluche" au principe des 3 Perfs, à la "Caméra Brousse" -, une autre façon de filmer s’est imposée. Et ce, pour le documentaire ou la fiction : c’est ce qui a changé notre rapport à l’image, ainsi que la façon d’utiliser nos caméscopes de famille.
Avec
- Jean-Pierre Beauviala, ingénieur et créateur des caméras légères Aaton
- Raoul Coutard, directeur de la photographie et réalisateur
- Eliane de Latour, Raymond Depardon, Jean-Luc Godard, Jean-Paul Fargier, réalisateurs
- Jean-Michel Frodon, Serge Toubiana, Alain Bergala, critiques de cinéma
- Martine Bianco, Thora Van Male, Yves Rivière, Pierre Michaux, collaborateurs de Aaton
Premier épisode : Citizen Beauviala, portrait en forme de balade
Peut-on inventer un nouveau matériel adapté aux besoins d'un nouveau cinéma ? Revenons avec Jean-Pierre Beauviala sur ses débuts, depuis son désir de réaliser un premier film - qui ne verra jamais le jour -, en passant par sa démission de Eclair International et la création de sa société Aaton, en 1970. Nous suivrons les récits entrelacés de ses collaborateurs Martine Bianco, Thora Van Male, Yves Rivière, Pierre Michaux … et des premiers "découvreurs d'Aaton", Serge Toubiana et Alain Bergala.
Citizen Beauviala, c'est pour reprendre l'expression de Caroline Champetier.
Citizen Beauviala, c'est parce qu'on est dans la légende, parce qu'au commencement il y a eu un projet de film.
Citizen Beauviala, aujourd'hui en forme de balade dans les bureaux d'Aaton, avec Jean-Pierre Bouvier comme capitaine, lancé à toute vitesse dans les couloirs et les bureaux d'études pour un retour sur ses débuts.
Citizen Beauviala, parce qu'il est une figure atypique de l'industrie cinématographique mondiale, parce que, depuis 1967, Jean-Pierre Beauviala s'impose comme le père de multiples inventions.
Citizen Beauviala, parce qu'avec Welles, ils partagent une certaine vision du cinéma et de ses pratiques, parce qu'il y a Don Quichotte entre eux deux.
Le père de nombreuses inventions
Du système quartz à sa dernière caméra - Delta-Penelope née en 2007 - en passant par le timecode, Jean-Pierre Beauviala est l'inventeur de nombreuses technologies qui ont permis d'améliorer les techniques de prises de vues au cinéma.
"Je travaillais pour moi, voilà. Je me faisais ma caméra, ça c'est absolument clair. [...] Je me suis toujours dit que si je fais un instrument qui va bien pour moi et que je tiens compte, quand même, d'un certain nombre de demandes qui ne sont pas les miennes, mais dont j'aimerais me servir, dont j'ai besoin pour mon travail, alors je me dis que ça va être un outil universel. C'est un peu con à dire, mais en dehors de ça, je ne me vois pas faire des objets pour d'autres gens." Jean-Pierre Beauviala
Habité par ses créations, Jean-Pierre Beauviala nous décrit, vif et fougueux, à l'aide d'onomatopées qui traduisent la passion pour son travail, le fonctionnement de ses machines : "Tu vois, tchak, tchak, la griffe qui pénètre dans le film. Le film, c'est moi, de ce côté. Toc, il le descend, tchak, tu vois, c'est le mécanisme de la machine à coudre de monsieur Lumière, revu et corrigé, en silencieux, inusable, etc. Mais on est pas loin du mouvement de la caméra Lumière, sauf qu'il y a des astuces d'enfer, d'accélération pendant la descente..."
La référence des cinéastes
Dans le monde du cinéma, la technique de Jean-Pierre Beauviala est une référence pour les plus grands réalisateurs de son époque, c'est ce qu'explique Alain Bergala, critique de cinéma.
"Beauviala, c'est pas une usine ; chez lui, tout le monde passe. Tous les cinéastes vont à Grenoble, font raboter un machin de caméra, lui dise 'ton truc, ça marche pas'. Ça veut dire que la caméra se produit au fur et à mesure, avec des demandes très concrètes de réalisateurs qui les essayent. Chaque fois que Beauviala invente une nouvelle caméra, il en donne une à Depardon, une à Godard, ils partent, ils font des essais. Si ça ne marche pas ils râlent, ils reviennent, lui il modifie, donc il y a une vraie dialectique de la création. C'est pas juste un fabricant qui fait un produit et qui dit aux gens 'démerdez-vous'." Alain Bergala
Un rapport poétique à la technique
Pour penser la fabrication de ses machines, Jean-Pierre Beauviala s'entoure de techniciens, comme Pierre Michaux, "au départ c'est une formation en mécanique de micromécanique. Et puis, c'est une formation sur le tard parce qu'il n'y a pas d'école de réparateur de caméra de cinéma. Contrairement à la fabrication très industrialisée d'une caméra, la réparation ne suit pas de règles très établies. Ceux qui nous donnent les règles, c'est un peu les utilisateurs pour customiser une caméra." Le rapport objet/utilisateur reste primordial dans la manière de penser la construction des machines chez Aaton.
Grand technicien, Beauviala n'est pour autant pas de ceux qui s'enferment dans une vision mécanique et technique de la fabrication, il crée à la manière d'un artiste, avec poésie et justesse : "Beauviala est quelqu'un qui a un rapport à la technique, qui n'est pas un rapport de technicien. C'est ça qui est fondamental. C'est un homme inspiré, il a un rapport de poète, d'inventeur, un rapport poétique avec quelque chose qui, d'ordinaire, est très soumis à des codes techniques et industriels extrêmement rigoureux. [...] Avec lui, tout d'un coup, quelque chose passait d'une vision du monde, d'une vision plus légère de la technique. Alléger le dispositif pour le rendre plus vrai, plus proche, plus juste, plus captif - que ce soit au niveau de la prise d'image ou de la prise de son - plus captif de l'instant." Serge Toubiana
- Par Yaël Mandelbaum et Julien Marrant
- Réalisation Manoushak Fashahi
- Surpris par la nuit - Jean-Pierre Beauviala 1/2
Pour retrouver le second épisode de ce dyptique ⬇️
L'équipe
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