En 1994, le Festival d'Automne organisait une rencontre entre la romancière Toni Morrison et le musicien de jazz Max Roach. Les micros de France Culture étaient là pour enregistrer cette performance associant la lecture du roman de la première, "Jazz" et les improvisations à la batterie du second.
- Max Roach Batteur et compositeur jazz (1924, Newland - 2007, New York)
- Toni Morrison Écrivaine, prix Nobel de littérature en 1993
En 1994, le Festival d'Automne organise à l'American Center à Paris une rencontre entre Toni Morrison, Prix Nobel de littérature et docteur honoris causa de l'Université Paris VII, et le musicien de jazz Max Roach qui a porté au plus haut la voix des tambours et la pulsation intime des Africains-Américains. Entre deux improvisations à la batterie de ce dernier, la romancière américaine lit des extraits de son roman intitulé Jazz, écrit dans une langue d'une splendeur tumultueuse.
La scène de l’American Center est plongée dans l’obscurité, lentement une pulsation s’installe comme un cœur qui bat. Sans doute celui de l’Amérique noire. Puis des lumières aux tons cuivrés s’intensifient autour des cymbales qui marquent un tempo immémorial. Derrière sa batterie apparaît lentement la silhouette altière de Max Roach il chante…
Malgré le chagrin causé par Violette, on a avancé son nom à la réunion de janvier des Filles de Salem comme ayant besoin d’aide, mais elles ont voté contre parce que désormais seule la prière — pas l’argent — pouvait l’aider, parce qu’elle avait un mari plus ou moins valide (devant cesser de s’apitoyer sur lui-même), et parce qu’un homme et sa famille avaient tout perdu dans un incendie sur la 134e Rue. Le Club s’est mobilisé pour aider la famille incendiée et a laissé Violette définir ce qui n’allait pas et la façon de le régler.
Elle est terriblement maigre, Violette ; cinquante ans, mais encore belle quand elle a foutu en l’air l’enterrement. On croirait que se faire jeter de l’église c’était la fin — la honte et tout — mais non. Violette est assez dure et assez belle pour penser que même sans hanches ni jeunesse elle pouvait punir Joe en se trouvant un petit ami et en le faisant venir chez elle. Elle pensait que ça ferait sécher ses larmes et lui donnerait aussi quelques satisfactions. Ça aurait pu marcher, j’imagine, mais les enfants du suicide sont difficiles à séduire et croient très vite qu’on ne les aime pas parce qu’ils ne sont pas vraiment là." Toni Morrison, Jazz, extrait
Je leur envie cet amour public. Je ne l'ai moi-même connu qu'en secret, partagé en secret, et brûlé, ah, brûlé d'envie de le voir - de pouvoir dire tout haut ce qu'ils n'ont même pas besoin de dire : Que je n'ai aimé que toi, n'ai abandonné mon être entier qu'à toi et personne d'autre. Que je veux que tu m'aimes et que tu me le montres. Que j'aime la façon dont tu me tiens, dont tu me laisses venir si près de toi. J'aime tes doigts dans tous les sens, qui se dressent et se tournent. J'ai regardé ton visage pendant longtemps, tes yeux me manquaient quand tu te séparais de moi. Te parler et t'écouter répondre - c'est le pied. Mais je ne peux pas le dire tout haut ; je ne peux dire à personne que j'ai attendu ça toute ma vie et qu'avoir été choisie pour attendre est ce qui m'a permis de le faire. Si je pouvais je le dirai. Dirai fais-moi, refais-moi. Tu es libre de le faire et je suis libre de te laisser parce que regarde, regarde. Regarde où sont tes mains. Maintenant. Toni Morrison, Jazz, extrait
- Production Gérard Tourtrol
- Réalisation Géraldine Prutner
- Cette émission a été diffusée pour la première fois le 14 janvier 1995 dans le cadre de l'émission "Opus"
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