Truffaut à propos de la censure du film 'La Religieuse' : "Le jour où on censure Diderot, André Malraux se trouve ridiculisé"

Sur le tournage de "Domicile conjugal" 1970 de François Truffaut avec Jean Pierre Léaud.
Sur le tournage de "Domicile conjugal" 1970 de François Truffaut avec Jean Pierre Léaud. ©AFP - PIERRE ZUCCA / COLLECTION CHRISTOPHEL
Sur le tournage de "Domicile conjugal" 1970 de François Truffaut avec Jean Pierre Léaud. ©AFP - PIERRE ZUCCA / COLLECTION CHRISTOPHEL
Sur le tournage de "Domicile conjugal" 1970 de François Truffaut avec Jean Pierre Léaud. ©AFP - PIERRE ZUCCA / COLLECTION CHRISTOPHEL
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L'émission "Les Grandes traversées", proposait en 2008 une série sur François Truffaut avec des archives et des débats. La 3ème partie s'intitulait "La cause du cinéma", elle portait sur l'engagement du cinéaste auprès de Langlois, contre Malraux, avec Rivette, contre la censure, et à Cannes, en 68.

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Se situant lui-même à "l'extrême centre" du cinéma, François Truffaut n'était pas un militant, un cinéaste radical, ni un homme sensible aux idéologies. D'après ce que l'on sait il ne votait pas, la politique qui l'aura le plus occupé aura été celle des auteurs et le cinéma la cause qu'il aura défendue toute sa vie ardemment. Pour autant, en plusieurs occasions, François Truffaut prit publiquement des positions politiques fortes. Sans doute parce qu'elles rejoignaient des principes de justice et de liberté profondément inscrits en lui. Il signa ainsi le Manifeste des 121 pour le droit à l'insoumission pendant la Guerre d'Algérie et, en 1970, peu suspect de sympathie maoïste, on le vit distribuer, après son interdiction, La cause du peuple avec Sartre et Beauvoir. Il s'en justifia devant La Cour de Sûreté de l'État en disant : " Il se trouve seulement que j'aime les livres et les journaux". 

On retrouve François Truffaut dans le troisième volet des Grandes traversées que lui consacrait Serge Toubiana en 2008. Une émission dans laquelle étaient évoquées l'interdiction de La Religieuse de Rivette et l'affaire Langlois, aux côtés duquel Truffaut s'engagea plus qu'aucun autre. On le retrouvait aussi à Cannes en 68, là encore en première ligne, pour demander l'arrêt du Festival par solidarité avec les étudiants et les ouvriers en grève.

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A propos de la censure du Film de Rivette La Religieuse d'après Diderot, Truffaut s'exprimait au micro de Jacques Chancel, sur la lettre écrite au Ministre de la Culture André Malraux  : 

Il s'agissait de demander à Monsieur André Malraux : "comment peut-on être Ministre de la Culture et se désintéresser de la censure ?" C'est à dire qu'on sait qu'il est contre la censure, il a dit "je ne veux pas me mêler de la censure, qu'on donne cela à un autre ministère" mais est-ce qu'on peut être Ministre de la Culture et ne pas s'occuper de la censure ? C'est difficile... parce qu’effectivement le jour où on censure Diderot il se trouve ridiculisé, en tout cas très gêné.

Sur les rapports entre le gouvernement, les autorités et le cinéma :

Le gouvernement aimait le cinéma autrefois parce qu'il y avait les Actualités Françaises et que chaque ministre espérait qu'on verrait sa  bobine sur les Actualités Françaises... mais depuis que les politiciens peuvent se faire voir à la télévision ils ont le plus grand mépris pour le cinéma.

Avec François Truffaut, Jacques Doniol Valcroze, Henri Langlois, Robert Benayoun, Jean-Louis Bory, Alexandre Astruc, Jean Mitry, Jean-Pierre Léaud, Jean-Luc Godard, Claude Chabrol.

  • Production : Serge Toubiana
  • Réalisation : Manoushak Fashahi
  • Grandes traversées - François Truffaut - Archives : La cause du cinéma, 3ème partie (1ère diffusion : 30/07/2008)
  • Indexation web : Documentation sonore de Radio France

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