Youssef Chahine : "Mon film 'Adieu Bonaparte' disait beaucoup de choses sur la jeunesse arabe actuelle"

Youssef Chahine sur le tournage de son film "Adieu Bonaparte" en 1984 avec Patrice Chéreau et Michel Piccoli.
Youssef Chahine sur le tournage de son film "Adieu Bonaparte" en 1984 avec Patrice Chéreau et Michel Piccoli.  ©Getty - Eric BOUVET/Gamma-Rapho via Getty Images
Youssef Chahine sur le tournage de son film "Adieu Bonaparte" en 1984 avec Patrice Chéreau et Michel Piccoli. ©Getty - Eric BOUVET/Gamma-Rapho via Getty Images
Youssef Chahine sur le tournage de son film "Adieu Bonaparte" en 1984 avec Patrice Chéreau et Michel Piccoli. ©Getty - Eric BOUVET/Gamma-Rapho via Getty Images
Publicité

Dans l'émission "Microfilms" Youssef Chahine, s'exprimait sur l'état des lieux du cinéma arabe et du cinéma mondial alors que sortait "Le Sixième jour", une émission diffusée la première fois le 14 décembre 1986 sur France Culture.

Avec

En 1986, sortait Le Sixième jour, 29ème long métrage de Youssef Chahine qui, après son interprète principale Dalida, était l'invité de Serge Daney dans Microfilms. 

Présentant Chahine comme étant alors le seul cinéaste arabe avec lequel il était possible d'avoir un dialogue "tous azimuts", Serge Daney avait voulu que cet entretien soit l'occasion de s'interroger sur la difficulté toujours plus grande qu'avaient d'après lui l'Occident et le Monde Arabe, à engager, à prolonger la conversation autour du cinéma.  Youssef Chahine réfutait le fait d'être le seul cinéaste arabe (il disait être le seul qui soit visible en Occident, mais non pas le seul cinéaste en activité, ou intéressant).

Publicité

Youssef Chahine revenait sur l'échec critique et public d'un film aussi important qu'Adieu Bonaparte, sur l'embarras, ou une forme d'indifférence, qui l'avaient accueilli en France comme dans le Monde Arabe, pourtant "ce film disait beaucoup de choses sur la jeunesse arabe actuelle". Youssef Chahine s'étonnait et s’inquiétait de l'immoralité grandissante du monde et du mépris généralisé envers la culture :

Où est l'amour ? Où est la conscience ? Nous sommes excessivement mal élevés au 20ème siècle ! [...]  Regarde le mépris dans lequel on a mis toute la culture.

Sur l'état du cinéma en Égypte : 

Aujourd'hui il n'y a pas de raisons que le cinéma égyptien ne soit pas rentable. Mais ce qui devient absolument dangereux c'est que certains politiciens sont en train de foutre le cinéma mondial dans la m... économiquement. Aujourd'hui il n'y aucune raison que le film arabe, égyptien ne soit pas commercialement très valable, il est rentable. Qui a permis de faire rentrer 4000 cassettes de films du monde entier en un an ? 4000 films qui rentrent. Moi j'ai prévu que cela va détruire le cinéma en six mois. Et c'est arrivé. Les films sont vendus en cassettes. Mon marché étranger représente plusieurs millions, et je ne reçois absolument rien. Qui est responsable ?

Un tête-à-tête amical, dont les acteurs ne dissimulaient cependant pas les divergences de leurs analyses, et sur sa fin animée, où l'on entendait un Youssef Chahine très remonté contre les critiques et le fonctionnement des grands festivals. 

Les Nuits de France Culture
45 min
  • Par Serge Daney 
  • Réalisation : Pierrette Perrono
  • Microfilms - Youssef Chahine pour son film "Le Sixième Jour" (1ère diffusion : 14/12/1986)
  • Indexation web : Sandrine England, Documentation Sonore de Radio France