Yves Lacoste : "La liaison entre la géographie physique et la géographie humaine est indispensable" : épisode 2/2 du podcast Le Géographe et le paysage

Le jardin du château de Turenne, vue prise du donjon du château. (2020)
Le jardin du château de Turenne, vue prise du donjon du château. (2020) ©Getty - DeAgostini
Le jardin du château de Turenne, vue prise du donjon du château. (2020) ©Getty - DeAgostini
Le jardin du château de Turenne, vue prise du donjon du château. (2020) ©Getty - DeAgostini
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Pendant l'été 1984, le géographe Yves Lacoste décrivait pour les auditeurs le paysage de la butte de Turenne, en Corrèze. Une série de cinq émissions proposée par l’éditeur François Maspero sous le titre "Le Géographe et le paysage".

Nous sommes au sommet de la butte de Turenne, en Corrèze, à une quinzaine de kilomètres de Brive-la-Gaillarde, par une belle journée de l'été 1984. François Maspero, éditeur de renom, avait proposé au géographe Yves Lacoste, dont il publiait les ouvrages et la fameuse revue Hérodote, de se prêter à un joli jeu radiophonique : décrire pour les auditeurs le paysage qu’ils avaient sous les yeux, réputé "typiquement français". 

Il en avait résulté une série de cinq émissions diffusées cette année-là dans Les Chemins de la connaissance. Après avoir dans les trois premiers volets retracé l'histoire de ce paysage sur le temps long, avec le support des connaissances géologiques, Yves Lacoste décrivait dans le quatrième temps de ce dialogue les soubresauts et évolutions qu'il avait connus à l'époque moderne, et tout particulièrement depuis le 19ème siècle. 

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D’évidence, la liaison entre ce qui relève de ce qu’on appelle la "géographie physique" et ce qu’on appelle la "géographie humaine" est indispensable. Ce paysage est à la fois géologique, géomorphologique, climatique - car dans le paysage il faut tenir compte de l’influence du climat, de l’allure du ciel - et il est aussi humain.

Dans le dernier volet de la discussion enfin, la conversation s'élargissait sur la vision qu'Yves Lacoste défendait de son métier, lui qui, dans son ouvrage de 1976 intitulé La géographie, ça sert, d'abord, à faire la guerre, avait souhaité dénoncer l'idée d'une géographie "neutre", uniquement physique, détachée des enjeux politiques, sociaux et humains de son temps. 

Yves Lacoste évoque notamment la figure d’Elisée Reclus, géographe et anarchiste :

Elisée Reclus est un personnage d’une extrême importance dans l’évolution de la pensée géographique. D’abord en raison de l’importance de son œuvre, qui date du temps où la géographie n'était pas encore un savoir universitaire. 

La Géographie universelle d’Elisée Reclus comporte plus de vingt gros volumes. Pour lui, l’analyse géographique, ce que j’appelle savoir penser l’espace, était un moyen par lequel chaque citoyen était plus à même de mieux s’organiser, de résister, de mieux pouvoir se défendre face à un certain nombre de forces qui le dominaient ou l’opprimaient. (...) Elisée Reclus est un anarchiste qui a une grande préoccupation de l’État.

Yves Lacoste, directeur de la revue Hérodote, revue de géographie et géographie politique, insiste sur le rôle actif et politique des géographes.

Je pense qu'il faut que les géographes se rendent compte de leurs responsabilités.

  • Par François Maspero - Avec Yves Lacoste
  • Les chemins de la connaissance : "Le géographe et le paysage", 4è et 5è volets, première diffusion sur France Culture les 25 et 26 octobre 1984.
  • Indexation web :  Véronique Vecten, Documentation Sonore de Radio France
  • Archive Ina-Radio France

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