

Barbara Safarova et Aline Vidal vous parlent de l’exposition "L’Envol ou le rêve de voler", et Bassma Kodmani de la guerre en Syrie. Les chroniques s'intéressent à à la montée de l’extrême-droite xénophobe en Suède et aux "bullshit jobs".
- Barbara Safarova Philosophe, commissaire d'exposition
- Aline Vidal Galeriste
- Bassma Kodmani directrice du think tank Arab Reform Initiative et membre du Comité des Négociations de l'opposition syrienne (CNS)
Le Réveil Culturel : Tewfik Hakem s'entretient avec Barbara Safarova, philosophe, spécialiste de l’art brut, et Aline Vidal, galeriste et spécialiste de l’art contemporain, co-commissaires - avec Antoine de Galbert et Bruno Decharme - de l’ exposition "L’Envol ou le rêve de voler", à La Maison Rouge. L’Envol est la dernière exposition de la Maison Rouge qui fermera définitivement ses portes le 28 octobre 2018. Ensemble, ces spécialistes ont imaginé une exposition qui traite du rêve de voler.
Avec cette exposition, on est dans l'envol, mais surtout beaucoup dans le rêve de voler, et on s'est beaucoup amusés tous les quatre à ces rencontres successives ; inventer ces histoire de vols, où l'homme s'envole, l'homme aime voler... On a jeté des cartes, lancé des noms d'artistes, on a voulu mettre l'homme au centre de l'histoire. On s'est rendu compte que ces artistes étaient tous dans le rêve de voler. Aline Vidal

On ne fait pas la différence entre les inventeurs, les fous, les artistes ; voler est un rêve qui nous réunit tous, sans distinction entre art contemporain et art brut. C'est à tout un chacun de se laisser porter, de laisser son corps s'impliquer. D'où, certaines installations qui mettent le corps au centre de l'oeuvre. Barbara Safarova

Le Journal des Idées par Jacques Munier : Une fois de plus en Europe, on assiste avec la Suède à la montée de l’extrême-droite xénophobe et à la polarisation du débat électoral autour de l’immigration.
Le pays modèle de tolérance et d’ouverture, qui a proportionnellement accueilli le plus grand nombre d’immigrés et, lors de la crise migratoire de 2015, le plus grand flux de demandeurs d’asile par habitant jamais enregistré dans l’OCDE, se retrouve confronté à des problèmes d’intégration économique, sociale et culturelle que le parti d’extrême-droite opportunément baptisé « Démocrate » a instrumentalisé à son profit. Comme le rappelle Fabien Escalona dans Mediapart, ce parti a su « s’extraire du folklore néonazi et suprémaciste blanc qui lui aliénait toute crédibilité, et l’empêchait de capter des sentiments anti-migrants et anti-establishment qui étaient déjà répandus dans la population suédoise ». Il s’est employé à lisser son image « avec le logo inoffensif d’une fleur bleue, en lieu et place d’un poing tenant une torche enflammée. Le programme lui-même a été purgé des propositions les plus radicales, comme le rapatriement forcé de tous les migrants arrivés depuis les années 1970. » La politisation du thème de l’immigration et de l’asile a d’ailleurs bénéficié, par contrecoup, à ses plus farouches adversaires du Parti de gauche, tenants d’une politique d’accueil généreuse, ceci contribuant à la fragmentation du paysage politique. Pourtant, « l’attitude des Suédois envers les immigrants et les réfugiés ne s’est pas durcie au fil des années ». 60 % d’entre eux souhaitaient que leur nombre décroisse en 1990, 40 % en 2015. Mais dans un pays où le système de protection et de redistribution sociale reste important, l’immigration est devenue une charge du fait de la dégradation du marché du travail, impliquant moins de recettes fiscales et des coûts en termes de subventions publiques et de transferts sociaux, souligne Tino Sanandaji dans un rapport publié par la Fondation pour l’Innovation Politique. C’est ce qui explique le tournant amorcé par le gouvernement social-démocrate dès la fin de 2015 avec le rétablissement du contrôle aux frontières, les restrictions drastiques du droit d’asile et du permis de séjour ou encore du regroupement familial. L’argumentaire xénophobe du parti des Démocrates de Suède en appelle donc à des mesures que le pays a, de fait, déjà prises. C’est pourquoi il en rajoute sur la thématique identitaire…
Et là aussi, la surenchère se nourrit comme ailleurs d’informations mensongères. L’envoyée spéciale à Stockholm de l’hebdomadaire Le Point titre ainsi son article : La percée de l'extrême droite en Suède dopée par les fake news ? Julie Malaure, cite notamment une étude menée par des chercheurs d'Oxford et publiée dans le New York Times qui établit « qu'un tiers des articles relatifs aux élections suédoises circulant sur les réseaux sociaux serait issu de trash websites. Des sites « poubelles », diffusant des informations « délibérément trompeuses », contre l'immigration et l'islam, en vue d'influencer les élections.
Ou encore, comme le souligne dans Le Monde Anne-Françoise Hivert - la correspondante du quotidien dans les pays nordiques - des sites comme Russia Today, Sputnik, ou Breitbart et Infowars qui propagent « un message souvent très islamophobe » et volontiers catastrophiste pour instiller la désunion.
Mais, commente Anne Rovan dans Le Figaro, « les résultats en demi-teinte de dimanche soir, somme toute assez peu lisibles et beaucoup moins tranchés qu’anticipé » ne risquent pas de faire le lit de « la révolution démocratique en Europe » annoncée par Marine Le Pen dans un tweet triomphaliste au soir des élections. La correspondante à Bruxelles du quotidien précise cependant que la nette progression de l’extrême-droite « contraint désormais le centre gauche au pouvoir à se lancer dans de longues et difficiles tractations avec la droite » et que le « pays s’apprête donc à rejoindre la liste déjà très étoffée des États membres dirigés par des gouvernements de coalition. Des coalitions qui à leur tour n’ont de cesse de brouiller encore un peu plus les frontières politiques traditionnelles. » À huit mois des européennes, le constat peut sembler fâcheux et n’augurer « rien de bon pour la suite, notamment les consultations à venir en Lettonie et surtout en Bavière ». Raison de plus pour réaffirmer le principe de l’état de droit, comme l’a fait dans son dernier discours sur l’état de l’Union le président de la Commission européenne. « Un message à l’attention de Viktor Orban » qui prendra ce mardi la parole dans l’hémicycle pour défendre sa politique contre un rapport du Parlement européen dénonçant ses nombreux manquements. Car demain, « les eurodéputés seront appelés à voter pour décider si oui non ils demandent au Conseil d’engager la procédure de l’article 7, retirant à la Hongrie ses droits de vote au sein de l’Union ». Une consultation qui devrait révéler la « photographie exacte des rapports de force entre progressistes et nationalistes ». Et donner la mesure de l’embarras du PPE à se positionner entre les uns et les autres.
Les Enjeux Internationaux par Xavier Martinet : Syrie : une guerre pour l'exemple ? Les bombardements du régime, appuyés par l'aviation russe, font craindre le pire pour la population civile du gouvernorat... estimée à plus de 3 millions d'habitants, dont la moitié est composée de réfugiés devant d'autres régions de la Syrie...
Xavier Martinet s'entretient avec Bassma Kodmani, directrice du think tank Arab Reform Initiative et membre du Comité des Négociations de l'opposition syrienne (CNS).
Pour afficher ce contenu Youtube, vous devez accepter les cookies Publicité.
Ces cookies permettent à nos partenaires de vous proposer des publicités et des contenus personnalisés en fonction de votre navigation, de votre profil et de vos centres d'intérêt.
Pour afficher ce contenu Youtube, vous devez accepter les cookies Publicité.
Ces cookies permettent à nos partenaires de vous proposer des publicités et des contenus personnalisés en fonction de votre navigation, de votre profil et de vos centres d'intérêt.
Pour afficher ce contenu Youtube, vous devez accepter les cookies Publicité.
Ces cookies permettent à nos partenaires de vous proposer des publicités et des contenus personnalisés en fonction de votre navigation, de votre profil et de vos centres d'intérêt.
Pour afficher ce contenu Youtube, vous devez accepter les cookies Publicité.
Ces cookies permettent à nos partenaires de vous proposer des publicités et des contenus personnalisés en fonction de votre navigation, de votre profil et de vos centres d'intérêt.
Pour afficher ce contenu Youtube, vous devez accepter les cookies Publicité.
Ces cookies permettent à nos partenaires de vous proposer des publicités et des contenus personnalisés en fonction de votre navigation, de votre profil et de vos centres d'intérêt.
Pour afficher ce contenu Youtube, vous devez accepter les cookies Publicité.
Ces cookies permettent à nos partenaires de vous proposer des publicités et des contenus personnalisés en fonction de votre navigation, de votre profil et de vos centres d'intérêt.
Pour afficher ce contenu Youtube, vous devez accepter les cookies Publicité.
Ces cookies permettent à nos partenaires de vous proposer des publicités et des contenus personnalisés en fonction de votre navigation, de votre profil et de vos centres d'intérêt.
Pour afficher ce contenu Youtube, vous devez accepter les cookies Publicité.
Ces cookies permettent à nos partenaires de vous proposer des publicités et des contenus personnalisés en fonction de votre navigation, de votre profil et de vos centres d'intérêt.
Pour afficher ce contenu Youtube, vous devez accepter les cookies Publicité.
Ces cookies permettent à nos partenaires de vous proposer des publicités et des contenus personnalisés en fonction de votre navigation, de votre profil et de vos centres d'intérêt.
Pour afficher ce contenu Youtube, vous devez accepter les cookies Publicité.
Ces cookies permettent à nos partenaires de vous proposer des publicités et des contenus personnalisés en fonction de votre navigation, de votre profil et de vos centres d'intérêt.
L'Humeur du matin par Guillaume Erner : L’expression de "bullshit jobs" n’est-elle pas un peu du "bullshit" ? C’est ce qui arrive à toutes les expressions à succès, à un moment elles deviennent finalement peu claires.
Le terme de bullshit jobs a été popularisé par l’anthropologue David Graeber, auteur de livres féroces et assez souvent très drôles. Et Graeber a tellement bien fait son travail – tellement éloigné d’un bullshit job– qu’aujourd’hui l’expression est employée à tort et à travers. Plus précisément, cette expression en est venue à désigner une chose et son contraire.
Alors, premier sens possible, un bullshit job, c’est un boulot précaire, un contrat bidon, ce que l’on appelait jadis un « Mac Job », un travail peu payé, payé au lance-pierre avec la désagréable sensation de pouvoir être balancé un peu comme la pierre à n’importe quel moment.
Mais un bullshit job, c’est aussi, seconde signification, par exemple un travail au sein d’une grande entreprise, bien rémunéré doté de tous les avantages en termes de statut et de prestige social, lequel ne recouvre en réalité rien de sérieux. Le marketing a ainsi inventé des pelletés de notions, comme « Directeur de l’expérience client », ou bien des « Future creative officer », responsable de la création au futur, d’ailleurs si vous cherchez des titres de ce genre, il existe sur internet un site pour générer des noms de poste bidon.
Le problème, c’est qu’il s’agit de deux utilisations strictement contradictoires du terme de bullshit job. Dans le premier cas, il s’agit d’emplois précaires et mal payés, dans l’autre d’emplois recherchés et bien rémunérés, même si leur contenu peut être complètement pipeau. En outre, il n’est jamais simple de dire que le travail d’autrui est pipeau, souvent c’est le titre retenu qui l’est, le contenu véritable est tout autre, il est bien réel, même s’il est différent.
Tout travail peut être qualifié de bidon, par exemple le président des États-Unis, j’ai cru comprendre qu’il ne travaillait pas ses dossiers, décidait de manière comment dire, impulsive. Quant à mon travail, s’agit-il d’un bullshit job ? En un sens oui, je pourrais lire le bottin roumain « Carnatar Cioban Constantinescu Danielesco Dragoman... », après tout ce que les auditeurs attendent de moi en premier, c’est que j’accompagne leur réveil en leur donnant l’heure, et bien je vais vous dire, il sera bientôt 7 heures, soyez les bienvenus !
L'équipe
- Réalisation