

Hélène Aldeguer vous parle de sa BD "Après le printemps : Une jeunesse tunisienne", et Charlotte Thomas de la polarisation dangereuse de Modi contre Gandhi. Les chroniques s'intéressent au débat sur la reconstruction de Notre-Dame et à l'ENA.
- Hélène Aldeguer dessinatrice
- Charlotte Thomas directrice du programme Asie du Sud du collectif de chercheurs Noria, spécialiste des minorités musulmanes en Inde
Le Réveil Culturel par Tewfik Hakem :
Tewfik Hakem s'entretient avec Hélène Aldeguer, dont la bande dessinée Après le printemps : Une jeunesse tunisienne, parue aux éditions Futuropolis, vient de remporter le prix France Culture des étudiants de la BD politique.
Je me suis rendue en Tunisie pendant mes études. J'y ai passé plusieurs mois avec les journalistes de "Nawaat", qui est un journal indépendant, à Tunis et j'avais fait mon projet de diplôme sur les élections de 2014. Ces personnages ont été recréés à partir de gens que j'ai rencontrés à Tunis ou de gens de milieux plus ruraux, parce que j'ai passé beaucoup de temps aussi près de la frontière algérienne. Les profils sont très différents entre l'intérieur du pays et la capitale, et j'avais envie de rendre ça, leur luttes et leurs combats quotidiens.

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Le Journal des Idées par Jacques Munier :
Notre-Dame : comment reconstruire ? Le débat est ouvert.
Pour Benjamin Mouton, ancien architecte en chef de la cathédrale, la reconstruction ne doit pas émaner d’un geste créateur solitaire et « hors sol » mais intégrer la tradition du savoir-faire artisanal français. Il souligne dans Le Monde qu’il faudra « se mettre dans les pas des grands architectes, ces géants anonymes, qui se sont succédé à partir de 1164 et jusqu’à nos jours pour bâtir cette cathédrale, toujours en renforçant son harmonie » Car ils « ne travaillaient pas pour eux, mais pour l’architecture, pour l’œuvre elle-même ». Et d’insister sur la place que doivent avoir « les compagnons d’aujourd’hui, maîtres tailleurs de pierre, charpentiers ou verriers », héritiers des bâtisseurs de cathédrales du Moyen-Age. Pour autant, l’idée d’une reconstruction à l’identique est illusoire, le bâtiment ayant évolué au fil du temps. Benjamin Mouton rappelle que « dans les années 1930, des maîtres verriers ont proposé de remplacer les vitraux installés au XIXe siècle par Viollet-le-Duc, qu’ils trouvaient trop tristes, par des vitraux plus gais. Trois décennies plus tard, après de longs débats, cela a été accepté. Si ces vitraux très récents ont pu s’intégrer à l’ensemble, ce n’est pas parce qu’ils répètent un vocabulaire ancien, mais parce qu’ils respectent l’harmonie et la composition du lieu. » Dans Le Figaro, Paul Thibaud – l’ancien directeur de la revue Esprit - évoque même « le génie d’une architecture sans architecte » et la force plastique de Notre-Dame, « la manière parfaite, exhaustive pourrait-on dire, qu’elle a d’occuper son lieu, de se placer dans le tissu parisien, le récit parisien, avec une autorité sereine, discrète et d’autant plus convaincante ». Et sur la grandiose façade ouest, « le gothique s’exprime avec un accent classique, tant les lignes verticales et les lignes horizontales s’y équilibrent », composant un ensemble sur lequel les deux tours « se trouvent à l’aise parce qu’elles poursuivent, achèvent en y ajoutant seulement un peu plus de verticalité, mais dans le même registre, une belle mélodie ». D’où l’« extraordinaire force ascensionnelle » que déploie « cette composition stable et ancrée ».
Julien Lecarme, de l’Institut de la charpente et de la construction bois des Compagnons du devoir estime quant à lui sur le site de l’hebdomadaire Le Point que l’on peut reconstruire à l’identique, une tâche courante sur les monuments historiques, même si les métiers sont en tension. La flèche, notamment, réalisée sur instructions de Viollet-le-Duc par le compagnon Henri Georges, « un ouvrage exceptionnel, qui a d’ailleurs une sœur sur la cathédrale d’Amiens », dispose d’une maquette chez les Compagnons. Quant au bois de charpente, « la ressource forestière existe » et l’on peut laisser pousser tranquilles les chênes centenaires car « les matériaux bio et géo-sourcés doivent être présents sur ce bâtiment. Ce serait un contre-sens historique de ne pas avoir de matières renouvelables au XXIe siècle pour restaurer un ouvrage du XIIIe siècle ». Cela dit, la question du temps imparti à ces travaux par le président de la République – cinq ans – revient chez tous les professionnels de la restauration. « On est sur une échelle de temps long – souligne Julien Lecarme. Le compagnonnage vient d’ailleurs de là : la plupart des ouvriers ne vivaient pas assez longtemps pour voir l’ouvrage achevé. » La sécurisation du site doit d’abord être assurée : une phase de confortement d’extrême urgence, destinée à assurer l’équilibre général des volumes, a déjà débuté : tout ce qui doit être étayé, voire déposé pour la stabilisation de l’ensemble. Sous les trombes d’eau déversées par les pompiers, les mortiers en ont bavé et il faut examiner toutes les jointures de la structure de pierre, notamment celle des pignons qui pourraient entraîner un effondrement des tours. C’est alors seulement que la phase d’expertise pourra commencer. L’enquête elle-même sur l’origine de l’incendie est une tâche de longue haleine, dans les décombres de ce qu’on appelait la forêt en désignant l’immense charpente. Essayez de mettre le feu à une bûche avec une allumette et vous comprendrez l’enchaînement nécessaire à enflammer 1000 m2 de toiture avec une charpente constituée de 1300 fûts de chêne… Autant dire que les touristes affluant aux Jeux olympiques d’été en 2024 risquent fort de trouver la cathédrale engloutie sous une forêt d’échafaudages.
107 ans, c’est ce qu’il a fallu pour construire la cathédrale, d’où le dicton que rappelle Michel Zink dans l’édition papier de l’hebdomadaire Le Point : « On ne va pas attendre 107 ans ». Le professeur au Collège de France évoque un conte médiéval tiré d’un sermon de Sully, évêque bâtisseur de Notre-Dame : l’histoire d’un moine qui se promène en forêt et entend un oiseau dont le chant le ravit. De retour au monastère plus personne ne le reconnaît car il a pris cent ans dans l’intervalle, une bribe d’éternité au regard de Dieu.
Les Enjeux Internationaux par Xavier Martinet :
La 2ème phase des plus grandes élections démocratiques du monde se poursuivait hier pour 900 millions d’électeurs, dont 84 nouveaux. Affaibli, Narendra Modi et le BJP au pouvoir ont durci leur campagne. Comparé à 2014, la tension est plus nette, face à Gandhi et au parti du Congrès, et dans la rue. Inde : Modi contre Gandhi, une polarisation dangereuse ?
Xavier Martinet s'entretient avec Charlotte Thomas, directrice du programme Asie du Sud du collectif de chercheurs Noria, spécialiste des minorités musulmanes en Inde.
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L'Humeur du matin par Guillaume Erner :
Et si tous nos maux provenaient de l’ENA ?
Dans ce cas-là, ce serait super pratique : il suffirait de supprimer l’ENA… Alors, supprimer l’ENA — comment, jusqu’où ? — cela on ne le sait pas trop encore, dans ces annonces pas annoncées d’Emmanuel Macron, une suppression pure et simple semble quand même inenvisageable. Alors, s’agit-il de recréer une école d’administration plus vaste, de laisser les grands corps recruter,… ? Bref on n’en sait rien.
Mais ce que l’on sait, à en croire en tout cas Le Figaro du jour, c’est que 62 % des français ne veulent pas de la suppression de l’ENA, 62 % des français considèrent que la suppression de l’ENA ne correspond pas aux attentes suscitées par le Grand Débat. Ajoutons qu’1 % des français sont sans opinion sur la suppression de l’ENA, en tout cas ils ne se prononcent pas. S’agit-il d’énarques, de fils ou de filles d’énarques, eux-mêmes énarques, puisque c’est un système qui se reproduit ? Il se pourrait aussi que la critique de l’ENA — critique de l’ENA qui a débuté semble-t-il avec un livre, sous pseudonyme, écrit par Jean Pierre Chevènement — soit finalement une figure de style chez les politiques : la critique de l’ENA serait donc un sujet de préoccupation pour anciens élèves de l’ENA, ce qui est finalement plutôt logique, puisque les premiers critiques des jésuites sont les anciens élèves des jésuites.
Avouez quand même qu’il y a quelque chose d’étrange dans cette volonté d’un système façonné par l’ENA, de considérer que ce à quoi aspire le peuple, c’est de supprimer l’ENA : un peu comme si les papes en finissaient avec le Vatican, Maïmonide voulait interdire les yeshivah, ou bien encore si le journal Voici militait pour supprimer Saint-Tropez…
Des politiques qui décident de supprimer l’ENA, c’est le passage soudain de l’arrogance à la haine de soi, et ce passage trop brutal ne convainc personne. Il cache quelque chose, un « après moi le déluge », une volonté de laisser les générations futures se débrouiller seules, comme si vous étiez si fiers du moule qui vous a fabriqué que vous décidiez de le casser pour le rendre à jamais unique.
62 % des français tiennent à l’ENA, un chiffre à méditer, l’une des preuves supplémentaire des ambivalences française : la France ; ce pays qui veut un roi pour lui couper la tête, et conserver des énarques pour pouvoir leur taper dessus.
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