David Da Silva et Olivier Delcroix vous parlent du film "Rambo last blood", et Jean-Yves Heurtebise de l'isolement diplomatique de Taiwan. Les chroniques s'intéressent à l’immigration et à notre rapport au corps.
- Jean-Yves Heurtebise Maître de conférences à l’université catholique Fu-Jen à Taipei (Taïwan), chercheur associé au CEFC (Hong-Kong) et corédacteur-en-chef de la revue Monde Chinois Nouvelle Asie
- Olivier Delcroix Journaliste au Figaro
- David Da Silva Historien du cinéma
Le Réveil Culturel par Tewfik Hakem :
Tewfik Hakem s'entretient avec l'universitaire, David Da Silva, spécialiste du cinéma américain, auteur de Sylvester Stallone, héros de la classe ouvrière (éditions Lett Motif 2016), et le journaliste, Olivier Delcroix, rédacteur en chef du Figaroscope, à l’occasion de la sortie en salles du film, Rambo last blood, d’Adrian Grunberg_._
Je trouvais qu'il y avait un côté non exploité de Rambo ; le côté désespéré, en quête de rédemption. Il est vrai que le premier des Rambo est un chef-d'oeuvre du cinéma d'action. Avec celui-ci, Stallone fait une sorte de western avec une action qui se passe au Mexique. David Da Silva
A chaque apparition de Stallone, à chaque gros plan, on voit les marques, les rides, le visage, on voit ce vieux cowboy à la John Wayne et ce qui apparaît en lui de mélancolie triste. C'est fascinant de voir ce que le personnage dégage malgré tout de charisme. Il y a des séquences filmées à la serpe : quand Stallone est là, l'écran s'illumine, que l'on n'aime ou pas le personnage ou le film. Le film nous dit aussi quelque chose de l'Amérique et d'une certaine forme de culpabilité. Olivier Delcroix
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Le Journal des Idées par Jacques Munier :
Plusieurs contributions au débat ouvert par le président de la République sur l’immigration viennent éclairer la question des chiffres.
À commencer par celle de François Héran dans Le Monde. Le titulaire de la chaire Migrations et sociétés au Collège de France revient notamment sur les propos présidentiels selon lesquels la France serait en passe de devenir « le premier pays d’Europe pour la demande d’asile ». Pour le démographe, nous en sommes très loin.
« Raisonner en chiffres absolus n’a aucun sens quand il s’agit de comparer des pays de taille inégale et de richesse variable. C’est aussi absurde que de comparer le prix des appartements sans tenir compte de leur surface. » S’il est vrai que, de janvier 2017 à juin 2019, la demande d’asile a baissé de 50 % en Allemagne et progressé de 25 % en France, quand on calcule le nombre annuel de demandeurs d’asile par million d’habitants ce sont les pays méditerranéens les plus exposés qui arrivent en tête. Astreints au règlement Dublin qui attribue l’examen de la demande d’asile d’un réfugié au premier pays qui l’a accueilli, ce sont Chypre, la Grèce et Malte, La France étant loin derrière, au 11e rang, avec 1 730 demandeurs par million d’habitants. Et si l’on rapporte les chiffres au PIB, elle recule au 15e rang…
« Si le président de la République est de bonne foi et ne cherche pas seulement à faire un coup en vue des différents rendez-vous électoraux qui vont s’enchaîner d’ici à la présidentielle, sa tâche ne sera pas facile » estime Michèle Tribalat dans le FigaroVox. Car présenter le sujet en privilégiant la réponse européenne « équivaut à afficher son renoncement, les dirigeants européens n’ayant pas les mêmes intérêts et n’étant pas prêts à se mettre d’accord pour élaborer une politique migratoire vraiment commune ». La démographe juge par ailleurs que les statistiques sur l’immigration n’ont pas toujours la clarté et la précision nécessaires.
Mais peut-être que l’essentiel n’est pas là. Dans les pages idées de Libération Olivier Bertrand livre un témoignage sur son enfance vécue dans des cités de la banlieue parisienne. « La plupart des habitants des tours et des barres venaient d’Algérie et du Mali. Est-ce que nous vivions cela comme un problème ? » demande le journaliste eu égard aux propos présidentiels sur les difficultés dans les quartiers populaires. D’origine italienne, ses parents « étaient entrés un peu racistes dans leur première cité HLM, ils ne l’étaient plus en repartant. Ce qui posait problème, c’étaient les conditions de logement, la mauvaise insonorisation, les volets qui tombaient en panne et que l’office HLM public ne voulait jamais réparer ; c’étaient les conditions de transport qui nous maintenaient loin de la ville et nos parents du travail. » Aujourd’hui, « c’est le bruit des scooters le soir, lorsqu’ils tournent en boucle, dans des quartiers où tout résonne et où la police entre rarement », ou encore le contrôle social imposé par les réseaux de trafiquants de drogue, et « par tous ceux, virils, qui tiennent le pavé ou les murs », et aussi le manque d’emploi, l’ennui, la malnutrition, le sentiment de relégation. Mais pas l’immigration comme un refrain qui rimerait avec « le bruit et l’odeur »…
Sur le site de l’hebdomadaire Le Point, Gabriel Gimenez Roche commente une enquête américaine portant sur le recours aux aides sociales des immigrants. Elle montre qu’ils y ont moins recours que les natifs, car ils cumulent souvent plusieurs emplois pour subvenir aux besoins de leur famille, ce qui les place au-dessus de la moyenne habilitée à en bénéficier. Souvent plus qualifiés, ils sont aussi moins informés des conditions administratives pour les obtenir. « Ces chiffres montrent que les freins à l’utilisation des aides par les immigrés sont beaucoup plus importants que ne le pensent les partisans des contrôles migratoires. » La dernière livraison de la revue De(s)générations pointe l’inhospitalité des pays développés à l’égard des migrants. Parmi d’autres, l’historien Patrick Boucheron rappelle la politique des pays européens, pour empêcher « l’appel d’air » : décourager ceux qui sont déjà là et leur rendre la vie impossible. Une manière de nier l’héroïsme de leur condition d’exilés.
Les Enjeux Internationaux par Julie Gacon :
Après les îles Salomon, ce sont les îles Kiribati qui ont rompu avant-hier leurs relations diplomatiques avec Taiwan. La nation-archipel, que la Chine considère comme sienne, ne compte plus que quinze alliés sur la scène internationale.
Julie Gacon s'entretient avec Jean-Yves Heurtebise, maître de conférences à l’université catholique Fu-Jen à Taipei (Taïwan), chercheur associé au CEFC (Hong-Kong) et corédacteur-en-chef de la revue Monde Chinois Nouvelle Asie.
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L'Humeur du matin par Guillaume Erner :
Peut-on parler de tout sans tabou ?
Non, rassurez-vous je ne vais pas parler d’immigration parce que, bien souvent en France, lorsque l’on dit « sans tabou » on veut parler d’immigration. Là, je veux parler de nos entrailles, non pas pour savoir si le fruit de nos entrailles est béni, mais au contraire pour évoquer le produit de nos entrailles réputé dégradant et même considéré comme étant le symbole même du déchet et de la déjection. En France, on répugne à parler des intestins, un pudique « j’ai mal au ventre » désigne cette région du corps un peu vague que l’on préfère omettre au pays de Madame de Sévigné.
Rien de tel ailleurs, où l’on peut parler de tout, et c’est ainsi qu’un article est en tête des articles les plus lus depuis quelques jours parmi les papiers du New York Times, il s’intitule « Women poop. Sometimes at work », ce qui pourrait être traduit par « les femmes font la grosse commission, parfois au travail ». Et cet article d’évoquer la gêne ressentie lorsqu’il s’agit de se libérer au travail, notamment lorsque l’on est une femme, une gêne telle qu’elle est parfois freinée au point de faire du mal à son corps, illustration supplémentaire de la supériorité du laissez faire, laissez passer, le lâcher prise étant désormais la seule philosophie qui prévaut en matière de rapport au corps, dans le monde anglo-saxon et de plus en plus dans nos contrées.
Peut-on parler de tout, y compris de ce qui se déroule dans les WC ? Eh bien la tendance est évidemment celle-ci, et le vieux monde — nous — est incontestablement à la remorque à cet égard. Conséquence indirecte de la montée du discours écologique, du nouveau rapport à la nature, il est de moins en moins sale de parler de ce qui jadis était considéré comme l’acmé du sale, le salissime. Il y a eu le bestseller mondial de Giulia Enders, Le charme discret de l’intestin, l’autre livre culte de Kathleen Meyer Comment se soulager dans les bois ? — pour une approche environnementale d’un art perdu — deux signes, mais pas les seuls, que ce que produit l’intestin nous regarde, et que l’on est de moins en moins prêt à en taire le contenu, de l’intérêt pour le microbiote à la diffusion des toilettes sèches qui ont pour conséquence de ne plus dissimuler au loin la matière.
Alors je vous laisserai décider du fait de savoir si nous sommes arrivés au stade final de l’humanité le stade anal, ou si nous mettrons quelques années pour y parvenir, au stade étron, bien sûr.
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