

Wim Wenders vous parle de sa vision de l'Europe, et François Burgat du conflit relancé en Egypte par la mort de l'ex-président Mohamed Morsi. Les chroniques s'intéressent à notre sentiment de la nature et la crypto monnaie de Facebook.
- François Burgat politologue, directeur de recherches au CNRS (Institut de recherches et d’études sur le monde arabe et musulman / IREMAM – Aix en Provence)
- Wim Wenders Réalisateur, producteur, scénariste de cinéma et photographe allemand
Le Réveil Culturel par Tewfik Hakem :
Tewfik Hakem s'entretient avec le réalisateur allemand Wim Wenders à propos de sa vision de l'Europe. Alors que son documentaire, Le Pape François, un homme de parole, sort en DVD, il explique ce qu'il entend par "les racines chrétiennes de l'Europe". (rediffusion du 10/04/2019)
Je suis un Européen de la première heure. Quand j'étais gosse et que j'ai vu de Gaulle et Adenauer se serrer la main, c'était un grand moment historique, et l'Europe était et est restée la plus grande utopie de ma vie. En remettant en cause cette d'idée d'Europe, je trouve qu'on retombe dans quelque chose de pire et qui a été la cause d'une souffrance incroyable pendant des centaines d'années. Il faut plutôt réinventer l'Europe des émotions et l'Europe de nos cultures, il faut réinventer ce grand toit que l'Europe peut être dans cette mondialisation.La culture européenne, c'est la somme de tous les penseurs, musiciens, architectes, auteurs... C'est la somme de nos histoires, de nos guerres, de nos conflits.
Le Journal des Idées par Jacques Munier :
La perspective du changement climatique nous amène à revoir nos conceptions en matière de développement et de croissance, mais aussi notre sentiment de la nature.
C’est l’objet du dossier de la revue Zadig : la nature et nous. Jean-Pierre Rioux affirme qu’en France, la nature n’existe pas, qu’elle n’est pas « une donnée anthropologique structurante ». On a bien des paysages naturels, « mais la nature en tant que réalité autre, étrange » nous est étrangère, contrairement à ce que les Américains entendent dans le concept de « wilderness », l’étendue à perte de vue des grands espaces. Chez nous, elle demeure indissociable d’une expérience et d’un imaginaire contenus dans la notion de « ruralité » : un espace naturel maîtrisé par « le finage » – l’ensemble des terres exploitées par une commune – ou par les chemins vicinaux. L’historien relie cette réalité au fait que l’État royal a très tôt marqué le territoire, en le quadrillant administrativement et fiscalement. Subsiste aujourd’hui une mémoire des lieux en mode nostalgique, alors que la révolution industrielle a vidé nos campagnes et les a converties à la culture du rendement. « Ethnographes, sociologues, géographes et historiens » se sont dès lors employés à « saisir les dernières traces d’une ruralité longtemps regardée comme éternelle ». Dans les Lieux de mémoire, le géographe Armand Frémont le souligne : « La terre paysanne, soudain archaïque, restitue aux Français une image nostalgique d’eux-mêmes, le passé idéalisé des stabilités perdues. » Mais, relève Jean-Pierre Rioux, cela aura eu pour effet de libérer l’espace à une idée de nature où peuvent « communier le proche et le lointain ».
Le sentiment de la nature a également sa traduction en termes de psychologie. C’est ce que montre Lisa Garnier dans un livre publié chez Actes Sud sous le titre Psychologie positive et écologie. Enquête sur notre relation émotionnelle à la nature. Où l’on découvre que la « biophilie » a un impact sur nos émotions, réduit le stress et développe l’empathie… Tout cela reste dans l’ombre car les émotions positives ne font pas de bruit, « sont considérées comme acquises », ne laissent apparemment pas de traces, contrairement aux émotions négatives comme la colère ou la haine. L’auteure recense et commente quantité d’études consacrées à repérer les effets positifs de la présence naturelle sur nos comportements et notre vie intérieure. Elle cite notamment celles qui ont établi des corrélations avec la simple conséquence d’une fenêtre ouverte sur des frondaisons, à l’école – où la vue des arbres augmente la concentration des élèves – à l’hôpital, où elle réduit la demande en pharmacopée, ou encore en prison. Évoquant la théorie de l’évolution, elle souligne que la faculté discrète de la bienveillance semble avoir eu plus d’effets sur la survie de l’espèce humaine que l’esprit de compétition. Or c’est la nature qui peut aujourd’hui encore nous inspirer ce modèle, en particulier les plantes. L’idée de son livre lui est venue à l’occasion d’un événement minuscule : la chute d’une feuille morte sur son pare-brise au beau milieu d’un carrefour on ne peut plus urbain.
Dans sa préface au beau livre de Renato Bruni, publié chez Payot sous le titre Erba volant, neuf histoires formidables sur l’esprit pratique des plantes et leur sens de l’innovation, le philosophe Emmanuele Coccia revient sur leur présence vitale : l’oxygène que nous inhalons n’est qu’un sous-produit de leur métabolisme, et le souffle, le pneuma des anciens Grecs, est « une communion intime » avec elles et du coup avec notre planète. Sans compter que la plante « stocke dans son corps l’énergie solaire qui permettra à des animaux de vivre ». Faire monde c’est d’abord cela : par le souffle, « le geste le plus banal, le plus inaperçu de notre existence. Dans le souffle, plantes et animaux conspirent à un même monde. »
Les Enjeux Internationaux par Xavier Martinet :
La mort de l'ex-président égyptien Mohamed Morsi relance le conflit entre les autorités égyptiennes et les partisans des Frères musulmans qui le qualifie désormais de "martyr" de la répression étatique. Mais en Égypte, comme au Moyen-Orient, que reste-t-il des Frères musulmans ?
Xavier Martinet s'entretient avec François Burgat, politologue, directeur de recherches au CNRS (Institut de recherches et d’études sur le monde arabe et musulman / IREMAM – Aix en Provence).
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L'Humeur du matin par Guillaume Erner :
Une nouvelle révolution industrielle avec Facebook...
Eh bien oui, on voit le chemin parcouru depuis le fordisme jusqu’au facebookisme. Le fordisme, vous connaissez : Monsieur Ford qui décide de faire de ses ouvriers, ses premiers clients. Le facebookisme, c'est plus compliqué. Monsieur Facebook — alias Mark Zuckerberg —décide de faire de ses employés des clients... payant avec sa devise, le Libra. Parce que bientôt le monde entier pourra payer en Libra. Facebook crée sa monnaie, et plus personne ne rigole : les 2,1 milliards d'utilisateurs des différentes applications du groupe — de Whatsapp à Instagram — constituent autant de payeurs potentiels.
Le vrai problème, c'est de faire en sorte que le Libra ne connaisse pas le même sort que le Bitcoin, première crypto monnaie à être sortie de l'anonymat. Le Bitcoin a été une formidable opportunité pour les spéculateurs en tout genre. Une devise virtuelle qui a connu un krach bien réel. En mars 2017, le Bitcoin franchissait les 1000 $. Le 15 décembre de la même année, il cotait à 19000 $. Une bonne progression... Et puis le krach : en novembre 2018, cette devise passait sous la barre des 4000 $.
Alors pourquoi cette bulle ? Parce que les crypto monnaies offrent un « double lunch », la possibilité de gagner commercialement et fiscalement. Commercialement; en fourguant une devise qui ne vaut rien à d'autres crédules qui penseront la revendre. Si les devises sont traditionnellement émises par des états, ce n'est pas uniquement pour décorer les drapeaux avec des billets, c'est aussi pour garantir les paiements avec un vrai système économique. Et fiscalement, puisque les crypto monnaies sont impossibles à tracer, donc elles peuvent facilement échapper à l’impôt. Le Libra pourrait bien présenter ce même double avantage... Ou bien Facebook déclare aux fiscs nationaux chaque mouvement dans cette devise — et alors bonjour la confidentialité — ou alors il les garde pour lui, et voilà un nouveau chapitre du livre « Facebook et optimisation fiscale ».
Reste un ultime problème. Monsieur Ford comme vous le savez faisait travailler ses employés, et c’est ainsi qu’il gagnait de l’argent. Monsieur Facebook empêche les employés des autres de travailler et c’est ainsi qu’il gagne de l’argent — ça c’est plus compliqué à comprendre. Le travail de monsieur Facebook, c’est de vous inciter à partager des vidéos de chats ou des GIF rigolos pendant vos heures de travail, en lieu et place de votre travail. D’où ce problème : si la productivité des salariés devient nulle, comment gagner de l'argent, pour le dépenser en Libra ?
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