

Emmanuel Guigon et Pierre Ducrozet vous parlent de l'exposition « La Cuisine de Picasso », et Philippe Le Corre de l'antagonisme entre les USA et la Chine. Les chroniques s'intéressent au bonheur et à la fin du téléphone fixe.
- Emmanuel Guigon Directeur du Musée Picasso de Barcelone
- Philippe Le Corre chercheur au Carnegie Endowment for International Peace et à la Harvard Kennedy School, chercheur associé à la Fondation pour la recherche stratégique (FRS) et professeur invité à l’ESSEC
- Pierre Ducrozet romancier
Le Réveil Culturel : Tewfik Hakem s'entretient avec Emmanuel Guigon, directeur du Musée Picasso à Barcelone et co-commissaire de l'exposition « La Cuisine de Picasso » au Musée Picasso de Barcelone, jusqu'au 30 septembre 2018, et l'écrivain Pierre Ducrozet, qui vit à Barcelone.

C'est une exposition qui traverse toute l'oeuvre de Picasso. Elle s'ouvre par deux tous petits tableaux du tout début de la vie d'artiste de Picasso à Malaga où il est né, qui représentent l'espace de la cuisine, et se termine par un immense tableau de 1948 qui s'appelle La cuisine. Emmanuel Guigon
Plus de quarante expositions ont déjà été programmées dans le cadre du projet Picasso-Méditerranée, et ce n’est pas fini. Les musées et autres institutions comme la Cinémathèque française ont redoublé d’imagination pour trouver des thèmes autour de l'oeuvre "obstinément méditerranéenne" de Pablo Picasso.
Le Journal des Idées par Jacques Munier : On peut opposer à l’idéologie individualiste du développement personnel et à l’industrie du bonheur sur mesure la philosophie et l’éthique du « care » – soit la « sollicitude » et le souci de l’autre.
Eva Illouz publie avec Edgar Cabanas Happycratie aux éditions Premier Parallèle, ou comment l’industrie du bonheur a pris le contrôle de nos vies. C’est la première critique sociologique d’envergure de ce qu’on regroupe sous l’expression « développement personnel ». Le livre – prévient-elle – « n’est pas contre le bonheur mais contre sa vision réductionniste, fort utile à l’individualisme, prêchée par la psychologie positive ». La sociologue, spécialiste de la marchandisation des émotions, en parle dans les pages Débats de L’Obs. « Dans cette pensée, « le malheur et la pauvreté deviennent une question d’échec psychique, et le bonheur ou la réussite une disposition intérieure du moi ». Eva Illouz souligne « l’affinité profonde entre le néolibéralisme et la psychologie positive », ce courant né aux Etats-Unis, qui met l’accent sur l’individu et exploite la notion de « responsabilité ». En oblitérant les facteurs sociaux et en faisant peser sur l’individu l’entière responsabilité de sa situation. Pas étonnant que dès ses débuts, à la fin des années 90, la psychologie positive ait drainé des fonds importants pour s’institutionnaliser, notamment au sein de l’université. De grandes multinationales comme Coca-Cola, par exemple, y ont vu l’occasion de développer « des méthodes pour augmenter la productivité et l’implication des salariés dans la culture d’entreprise ». Et l’armée américaine a investi 145 millions de dollars pour un programme destiné à entraîner les militaires à combattre le stress post-traumatique et améliorer le moral des troupes. Mais – relève la sociologue – « rendre une psyché résiliente, si cela marche trop bien, c’est le genre de ressource qui vous rend imperméable à votre propre souffrance et à celle que vous infligez aux autres ».
Outre qu’elles constituent un instrument de domination sophistiqué, puisque intériorisé, la psychologie positive et l’idéologie du développement personnel évacuent « la dimension tragique propre à toute vie humaine ». Or la souffrance est souvent à l’origine d’une prise de conscience collective, comme dans le mouvement ouvrier ou les luttes des femmes, et toutes les formes d’émancipation. Eva Illouz rappelle que « l’écrivaine féministe Betty Friedan avait dénoncé dans La Femme mystifiée les psychologues qui accusaient de névroses les femmes souffrant de leur condition ».
On peut opposer à l’idéologie individualiste du développement personnel et à l’industrie du bonheur la philosophie et l’éthique du « care », un concept souvent traduit par « sollicitude ». Cet autre courant de pensée nous vient également des Etats-Unis, mais il table au contraire sur la solidarité et le souci de l’autre. Il s’est développé dans le sillage du féminisme, après la phase de conquête des droits et de l’égalité, pour renverser la perspective qui continuait d’assigner les femmes aux tâches domestiques en politisant la sphère privée et en montrant que la question du genre imprègne la morale, de manière à développer une éthique de la bienveillance et à valoriser notamment les métiers du soin et de l'assistance. Comme le rappelle Pascale Molinier, l’une de celles, avec Sandra Laugier, qui a introduit en France la notion de care, avec le vieillissement d’une partie de la population et l’accroissement du nombre de vies marquées par de sérieux handicaps, la carence ou l’insuffisance des formes de prises en charge au sein des familles du fait de la présence accrue des femmes sur le marché du travail, la valeur sociale et « le coût personnel de l’abnégation envers les proches » augmente.
Les Enjeux Internationaux par Xavier Martinet : Alors que les Etats-Unis ont conclu un accord commercial avec le Mexique hier, les tensions commerciales avec la Chine s’enveniment et les négociations sont au point mort. Une première tentative d'apaisement, au début du week-end dernier, a échoué. Chine – USA : l’antagonisme est-il inévitable ?
Xavier Martinet s'entretient avec Philippe Le Corre, Senior Fellow à la Harvard Kennedy School, Cambridge (MA), chercheur au Mossavar-Rahmani Center for Business and Government et au Belfer Center for Science and International Affairs.
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L'Humeur du matin par Guillaume Erner : C’est un peu comme si l’on annonçait la fin de la voiture ou de l’électricité…
Presque oui, puisqu’il s’agit ici d’annoncer la fin du téléphone fixe, une fin programmée à partir du 15 novembre prochain. Rassurez-vous, cela ne veut pas dire que vous ne pourrez plus avoir de téléphone avec un fil chez vous, cela signifie qu’à partir du 15 novembre prochain il ne sera plus possible de souscrire un abonnement au téléphone fixe. A terme, c’est la mort de ce que l’on appelle le réseau commuté qui est annoncé ; vous savez, le combiné gris branché sur la prise en T, un réseau qui devrait être définitivement arraché à notre affection vers 2023. Le téléphone à domicile existera encore mais il va passer par internet. On espère donc qu’à cette date, tout le monde aura internet en France, ce qui est encore loin d’être le cas.
Mais, au-delà de ça, cela signifie que ce qui était jadis un bricolage voire un détournement, utiliser internet pour téléphoner, va devenir la norme. Un signe de plus qu’internet absorbe tout. Jadis, souvenez-vous, c’était le téléphone qui donnait accès à internet - nous avions alors des modems. Désormais, c’est l’inverse, c’est internet qui va permettre de téléphoner.
Et tout cela a été prévu par un philosophe, Gilbert Simondon, même si celui-ci est mort en 1989, sans avoir véritablement connu internet. Mais, pour Simondon, toute technique obéissait à un mouvement qui passait de l’abstrait au concret. Pour Simondon, un objet technique était soumis à la même évolution que le vivant. Il tendait vers ce qu’il appelait la cohérence interne. Autrement dit, les objets techniques avaient selon lui une propension à effectuer de plus en plus de tâches, à l’instar du moteur diesel qui n’a plus besoin de bougie pour produire une étincelle, puisque c’est le mouvement des pistons qui produit l’explosion.
Eh bien c’est ce qui est en train de se produire avec internet. Internet fera tout : le téléphone fixe, mais aussi l’allumage des ampoules, l’ouverture des portes, tout cela va pouvoir s’opérer via internet. Lorsqu’il est apparu, internet pouvait passer pour un gadget. Demain, semble-t-il, toute notre existence passera par internet.
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