

Hayley Edwards-Dujardin vous parle de Victor Vasarely, et Wassim Nasr des problèmes soulevés par le rapatriement des djihadistes. Les chroniques s'intéressent à la notion d’histoire populaire et à l’antisémitisme contemporain.
- Hayley Edwards Dujardin Historienne de l'art et de la mode
- Wassim Nasr Journaliste à France 24, spécialiste des mouvements djihadistes
Le Réveil Culturel par Tewfik Hakem :
Tewfik Hakem s'entretient avec l'historienne de l'art et de la mode, Hayley Edwards-Dujardin, auteure de Victor Vasarely, un artiste à (re)découvrir, en 40 notices, paru aux éditions Chêne - premier livre d'une collection intitulée "Ça c'est de l'art" - et à l’occasion de l’exposition Vasarely le partage des formes, au Centre Pompidou, jusqu'au 9 mai 2019.
La grande popularité de Vasarely est arrivée assez tard, mais avant cela il a étudié le Bauhaus, il a créé des œuvres inspirées du constructivisme, du suprématisme, il a aussi créé des œuvres très graphiques dans les années 30, et c'est petit à petit, qu'il est allé vers l'abstraction totale, à partir de la toute fin des années 40, 50.

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Le Journal des Idées par Jacques Munier :
Le mouvement des gilets jaunes a suscité de nombreuses comparaisons historiques et il a lui-même revendiqué l’héritage révolutionnaire. L’occasion de revenir sur la notion d’histoire populaire.
Dans un ouvrage qui vient de paraître au Seuil sous le titre Le fond de l’air est jaune et qui rassemble des articles publiés tout au long de cette crise, Michelle Zancarini-Fournel commente l’une des phrases prononcées par les manifestants : « On est en train de faire l’Histoire ». Pour l’historienne, le « champ d’expérience » ouvert par le mouvement, « incarné dans le présent par certaines pratiques exprimant d’autres possibles peut ouvrir à un horizon d’attente ». Même s’il faut être prudent avec les comparaisons historiques et prendre en compte les contextes différents, cette tension dynamique entre « champ d’expérience » (le passé tel qu’il est perçu depuis le présent) et « horizon d’attente » (le futur tel qu’il est envisagé à partir du présent) définit parfaitement les usages qu’on peut faire de l’histoire dans un registre militant et à l’appui d’un répertoire d’action qui emprunte à des modèles éprouvés, ainsi qu’à des représentations héritées.
Dans son dernier livre, publié à La Découverte – Les luttes et les rêves. Une Histoire populaire de la France – Michelle Zancarini-Fournel a adopté leur point de vue. Ceux qui subissent une domination à la fois culturelle, sociale, économique et politique ont leur mot à dire et il résonne dans l’histoire. C’est pourquoi son livre débute en 1685, l’année où est édicté le Code noir, mais aussi celle de l’abrogation de l’Édit de Nantes : l’histoire de l’esclavage avec celle de la discrimination des protestants. Plus tard, les révolutions et la mémoire qu’elles engendrent formeront un esprit de résistance qui témoigne « de la pérennité d’une opposition larvée dans les milieux populaires » écrit-elle.
Dans Le peuple, Michelet affirme que pour la nation c’est comme en géologie, la chaleur est en bas. L’idée anime le courant qu’on appelle « l’histoire par en bas ». Edward Thompson, auteur notamment de La formation de la classe ouvrière anglaise, en a été l’un des pionniers dans les années 60 et plus récemment Howard Zinn, avec son Histoire populaire des Etats-Unis. Markus Rediker, historien de la traite négrière et de la piraterie a illustré dans Les Hors-la-loi de l’Atlantique (Seuil) le fait qu’il ne s’agit pas seulement d’une histoire des pauvres ou des classes laborieuses, mais de leur « capacité d’agir » et « d’affecter le cours de l’histoire ».
Mais l’écriture de l’histoire est également située historiquement. Auteur d’ Une histoire populaire de la France (Agone), Gérard Noiriel relève que l’Histoire populaire des Etats-Unis d’Howard Zinn est écrite « dans la foulée du triomphe du progressisme après Mai 68 », alors que la sienne vient au moment où il est en recul et où la « crise du mouvement ouvrier a considérablement affaibli les luttes sociales au profit des conflits identitaires ». Benjamin Caraco souligne sur le site nonfiction.fr que l’historien dépasse du coup le seul point de vue des dominés pour privilégier « l’analyse de la domination, entendue comme l’ensemble des relations de pouvoir qui lient les hommes entre eux. »
Les Enjeux Internationaux par Xavier Martinet :
Au fil des batailles contre Daech en Syrie, les FDS accumulent dans des camps les prisonniers djihadistes. Le retrait annoncé des américains rend plus précaire leur situation sécuritaire et les combattants étrangers pourraient être jugés dans leur pays d'origine. Washington y pousse, Paris hésite. Rapatrier les djihadistes : fardeau politique et levier diplomatique ?
Xavier Martinet s'entretient avec Wassim Nasr, journaliste à France 24, spécialiste des mouvements djihadistes.
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L'Humeur du matin par Guillaume Erner :
Comment expliquer l’augmentation des actes antisémites ?
En comprenant ce que la haine antisémite signifie aujourd’hui. Car l’antisémitisme a largement changé de sens entre les années 1930 et aujourd’hui. Au début du siècle, la haine du juif, c’est la haine de l’élément étranger, inassimilable — les juifs sont alors un peuple paria, selon le mot du sociologue Max Weber, vivant nécessairement à l’intérieur et à l’extérieur des sociétés avec lesquelles ils doivent cohabiter.
Et lorsqu’il s’agit de comprendre l’antisémitisme des années 1930, on évoque le choc de l’entrée des juifs dans la modernité, autrement dit, la réaction à leur intégration progressive. Si l’on avait demandé aux sociologues du début du XXème siècle où est-ce qu’un massacre de juifs avait le plus de chance de se produire, ils auraient répondu sans hésiter en France ou en Russie, car les juifs allemands étaient sans conteste les plus assimilés.
Mais justement, la spécificité de l’antisémitisme nazi, si l’on suit par exemple Hannah Arendt, c’est d’invoquer l’assimilation en cours pour justifier l’extermination, d’où les premières mesures qui consistent à distinguer les juifs avec l’étoile jaune, à les rassembler… Le nazisme est une religion séculière reposant sur l’antisémitisme : il propose aux aryens un salut, comme dans une religion, par l’extermination des juifs — les juifs étant la cause de tout, l’antisémitisme étant donc la solution à tout.
L’antisémitisme contemporain a un tout autre visage… Outre qu’il fait preuve d’une singulière lâcheté — s’en prendre aux arbres plantés en mémoire d’Ilan Halimi, taguer une représentation de Simone Weil… — il vise un groupe qui, à ses yeux, incarne le système. L’antisémitisme s’est quenellisé, la quenelle ce geste crétin inventé par Dieudonné qui imite un geste nazi sans l’assumer tout à fait. L’antisémitisme ne vise plus à protéger un système, mais à le dénoncer. Hitler prône l’antisémitisme pour défendre la société, Dieudonné prône l’antisémitisme pour en finir avec la société actuelle. Car les juifs en sont venus aujourd’hui à incarner le système.
Ce n’est pas nouveau, depuis des décennies l’assimilation des juifs à l’argent, ou au cosmopolitisme est à la base même de l’antisémitisme. Ce qui est nouveau, en revanche, c’est que l’antisémitisme est devenu une anti religion séculière. Ce n’est plus pour défendre la société que l’on hait les juifs, c’est parce que l’on déteste la société que l’on déteste les juifs.
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