Valentine Goby vous parle de son roman "Murène", et Myriam Benraad de la réponse du gouvernement irakien aux manifestations qui secouent le pays. Les chroniques s'intéressent à l'immigration et aux cartes de fidélité.
- Myriam Benraad Politologue, spécialiste du Moyen-Orient, professeure associée en relations internationales.
- Valentine Goby Romancière
Le Réveil Culturel par Tewfik Hakem :
Tewfik Hakem s'entretient avec Valentine Goby, romancière et auteure de Murène, paru aux éditions Actes Sud. Une histoire située dans les années 1950, aux tout débuts du handisport.
La murène est un animal qui paraît souvent effrayant pour qui la regarde, surtout parce qu'à première vue elle a des dents très acérées, en réalité, si vous avez déjà visité un aquarium, c'est un animal assez timide qui se réfugie dans les anfractuosités de la roche, qui a peur de se montrer comme si elle était consciente de la peur qu'elle suscite, mais qui dès lors qu'elle est dans son élément, l'eau, est un animal magnifique, somptueux même, très habile, très beau à regarder. C'est cette ambivalence en fait, qui est une métaphore de mon personnage qui est un monstre et qui va devoir travailler à partir de ce corps neuf qu'il n'a pas choisi, pour se retrouver entier dans un autre élément, l'eau. Il va être aussi confronté au regard des autres, un regard souvent effrayé mais qui lui aussi doit apprendre à être altéré par ce nouveau personnage qui pose des questions à chacun sur son propre corps.
Le Journal des Idées par Jacques Munier :
Le débat parlementaire sur la politique migratoire de la France aura lieu cet après-midi à l’Assemblée nationale et le 9 au Sénat.
Le site d’Alternatives Economiques publie pour l’occasion un article très documenté de Xavier Molénat sur l’immigration. Il souligne le haut degré d’instrumentalisation politique de la question dans notre pays. « C_omment dans ce contexte faire entendre, par exemple, que les immigrés représentent, à tout casser, 4 % de la population mondiale ? Ou encore que c’est en Asie, et non en Europe, qu’ils sont les plus nombreux ? Et qui pourra rappeler, sans être accusé de faire un « déni de réalité », qu’ils sont souvent, dans leur ensemble, plus diplômés que la population du pays qui les accueille ?_ »
Devant la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale, François Héran, le titulaire de la chaire Migrations et sociétés au Collège de France, a rappelé le 17 septembre dernier que « le nombre de titres de séjour alloués est passé de 193 000 en 2005 à 253 000 en 2018 (+ 31 %), après avoir longtemps oscillé aux alentours de 200 000 », une augmentation qui « provient essentiellement de l’explosion des titres délivrés aux étudiants pour moins d’un an : 83 000 en 2018 ». Toutefois, ce chiffre reste très inférieur à celui de « la Grande-Bretagne, qui accueille entre 200 000 et 250 000 nouveaux étudiants chaque année ». Par contre, « la migration pour motif familial a reculé de 24 % sur la période, suite aux durcissements successifs de la législation. Quant à l’immigration de travail, elle reste très limitée ». Comparée à ses voisins européens, la situation de la France n’a rien d’exceptionnel. Dans certains pays, la présence d’immigrés est certes moins forte, mais en Allemagne, au Royaume-Uni, ou en Espagne elle l’est davantage. « Partout, cependant, les habitants surestiment cette proportion » et particulièrement en France. Encore faut-il relativiser : d’après le Centre d’observation de la société, avec l’IFOP, le pourcentage de Français se déclarant « tout à fait d’accord » avec l’idée qu’il y a « trop d’immigrés en France » est beaucoup plus faible qu’on ne l’imagine, « se situant généralement entre 20 et 25 points depuis dix ans ». Et il « aurait plutôt tendance à baisser ces dernières années ».
Courrier international relaie un article du Corriere della Sera sur l’accord conclu le 23 septembre par la France, l’Italie, l’Allemagne et Malte pour un mécanisme de répartition des migrants. Le roulement des ports d’accueil, sur la base du volontariat, et la fixation d’un délai de quatre semaines pour la répartition des réfugiés constituent un accroc au Règlement de Dublin, qui stipule que le pays dans lequel a été formulée la demande d’asile est celui qui doit en répondre, « un principe qui pénalisait grandement l’Italie ».
L’autre pays européen largement pénalisé par sa situation géographique à cet égard, c’est la Grèce. Dans Le Monde, Marie Jégo et Julia Pascual ont mené l’enquête sur l’île de Lesbos, au bord de la rupture. C’est le sort des mineurs non accompagnés qui est le plus préoccupant. Ils sont 4 400 en Grèce, dont près du quart à Lesbos. Présidente de l’ONG d’aide aux mineurs METAdrasi, Lora Pappa dénonce les interminables procédures pour obtenir un regroupement familial. Et dans la clinique pédiatrique de MSF, qui jouxte le camp de Moria, on mesure les effets de l’abandon. « La rupture familiale, c’est un traumatisme de plus », souligne Helena D’Elia, psychologue et psychanalyste au Centre Primo-Levi, dans le nouvel hebdo de La Croix. Elle évoque « un fort sentiment de culpabilité » chez les migrants qui ont perdu leurs enfants ou leurs proches en chemin. « La séparation a beau s’être faite dans un contexte dramatique et totalement subi, ils se sentent néanmoins responsables. » Marie Boëton signe un article poignant sur le « bureau des retrouvailles » de la Croix-Rouge, qui s’emploie à réunir les familles dispersées. Souvent séparées par les passeurs pour faire monter les enchères, « qui ne paierait pas – même un coût exorbitant – pour revoir les siens ? », elles ne se sont pas préparées à cette éventualité.
Les Enjeux Internationaux par Julie Gacon :
Alors que l'Irak est secoué par des manifestations qui ont fait 105 morts en six jours, le Premier ministre Adel Abdel Mahdi a annoncé hier des mesures sociales a priori ambitieuses. Mais le gouvernement irakien a-t-il les moyens de tenir parole ?
Julie Gacon s'entretient avec Myriam Benraad, politologue, spécialiste de l’Irak et du monde arabe.
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L'Humeur du matin par Guillaume Erner :
Il faut en finir avec la fidélité...
Oui, absolument la fidélité nous nuit, il faut en finir avec les cartes de fidélité. Car qui n’a pas subi aux caisses ou ailleurs, la malhonnête proposition d’accepter une carte de fidélité qui, moyennant l’abdication de toute vie privée au profit de Carrefour ou de Leclerc, vous permettra à échéance 2050 de bénéficier d’une ristourne sur vos achats de coton-tige ?
Eh bien Le Figaro d’aujourd’hui vous explique pourquoi la loi alimentation empêche les distributeurs de faire les promotions qu’ils veulent entreprendre, d’où cette volonté de contourner la loi en passant par des cartes de fidélité. Car, seule la carte de fidélité permet aux grandes enseignes de persévérer dans la débauche de promotions, sur les produits les plus souvent promus, lesquels sont — c’est Le Figaro qui me l’apprend — les flageolets en conserve et les aliments humides pour chien. Auparavant, si vous vous nourrissiez exclusivement de flageolets et de pâtée pour chien vous pouviez faire de sacrées bonnes affaires, aujourd’hui c’est fini. Il vous faut donc avoir une carte de fidélité, autrement dit collecter des points et devenir une banque de données pour Carrefour, Leclerc, etc…
La carte de fidélité est le retour de l’inquisition par d’autres moyens, une manière particulièrement peu française d’envisager la consommation, car, depuis Zola au moins, consommer ne peut s’envisager sans penser aux zones érogènes du consommateur. Souvenez-vous du Bonheur des dames, ce grand magasin porteur d’une promesse de nouveaux plaisirs, cette perspective de sortir avec, écrit Zola, « la volupté assouvie et la sourde honte d'un désir contenté au fond d'un hôtel louche ». La carte de fidélité est une manière d’injecter du puritanisme ce qui relevait jusqu’ici de la licence pure et simple. La carte de fidélité, ce sont Les liaisons dangereuses réécrites par la Manif pour tous.
Auparavant, les promotions nous promettaient une forme de sadisme : battre le système, s’offrir grâce au journal du hard discount sa part de fétichisme des objets. La carte de fidélité voudrait en finir avec le vagabondage matériel, avec cette pornographie du hard discount, Car ne l’oubliez pas, la pornographie vient du grec « pernênai », autrement dit « vendre ».
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