Livre : Philippe Dubois et Elise Rousseau "Petite philosophie des oiseaux" / Gilets jaunes / Israël / Tocqueville et les gilets jaunes

Un canard sur le lac de Genève.
Un canard sur le lac de Genève. ©AFP - FABRICE COFFRINI
Un canard sur le lac de Genève. ©AFP - FABRICE COFFRINI
Un canard sur le lac de Genève. ©AFP - FABRICE COFFRINI
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Philippe Dubois et Elise Rousseau vous parlent de leur livre "Petite philosophie des oiseaux", et Alain Dieckhoff des déboires de Benjamin Netanyahu. Les chroniques s'intéressent aux gilets jaunes.

Avec

@PetitsMatinsFC

Le Réveil Culturel par Tewfik Hakem :

Tewfik Hakem s'entretient avec l'ornithologue, écrivain Philippe Dubois, et la journaliste Elise Rousseau qui publient un petit traité amoureux sinon admiratif de la vie des oiseaux, Petite philosophie des oiseaux, aux éditions de La Martinière, dans lequel ils nous expliquent leur passion de la nature, leur observation des oiseaux et ce que ces derniers ont à nous apprendre.

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Les oiseaux sont finalement des petits maîtres de sagesse qui nous apprennent beaucoup de choses, comme tout dans la nature. A les regarder, et pas seulement à les écouter - parce qu'ils ont un beau chant, un beau plumage - ils ont un comportement qui peut être le miroir de notre propre existence. On est tout en haut de la pyramide des espèces, on se croit sur-puissant, dominateur, et on a fini par laisser tomber ce qu'on appelait autrefois les êtres inférieurs - comme si les oiseaux étaient des êtres inférieurs. Enfermés dans notre Tour de Babel, on vit dans un univers stressé et on a perdu cette notion qu'ont les animaux en général, les oiseaux en particulier, du  "Carpe Diem", je vis l'instant présent. Quand un animal se nourrit, il est tout occupé à se nourrir, quand il se reproduit, il est tout occupé à se reproduire, dans cette philosophie de l'instant que notre siècle d'immédiateté nous a fait complètement perdre, parce que l'instant et l'immédiateté sont deux choses bien différentes.  Philippe Dubois

Les oiseaux sont vraiment dans le plaisir, un plaisir je dirais épicurien, car mesuré. Ils font rarement d'excès sauf peut-être les grives, qu'on retrouve parfois à l'automne à zigzaguer, ivres d'avoir trop mangé de baies fermentées. Qu'est-ce que le bonheur, pour des oiseaux ? On pourrait se poser la question ; c'est peut-être aussi l'absence de malheur, chercher à éviter les prédateurs, les choses négatives, et puis surtout, quand ils sont dans quelque chose ils le sont à fond. Il n'y a qu'à voir une poule prenant un bain de poussière, elle est à fond dans son bonheur de l'instant.  Elise Rousseau

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Le Journal des Idées par Jacques Munier :

S’il est vrai que le mouvement des « gilets jaunes » a coagulé différents facteurs de mécontentement, c’est bien une augmentation de la fiscalité sur le gasoil qui a mis le feu aux poudres.

Et comme dans la plupart des révoltes antifiscales, c’est d’abord un sentiment d’injustice qui suscite le mouvement de protestation, plutôt qu’une opposition de principe à l’impôt, même si les taxes sont par nature inégalitaires puisqu’elles s’appliquent à tous sans distinction de niveau de vie. Comme le montre Alexis Spire dans son enquête sur le consentement à l’impôt, publiée au Seuil sous le titre Résistances à l’impôt, attachement à l’Etat, « le civisme fiscal reste en France à un niveau très élevé », alors même que « le taux de prélèvements obligatoires est passé de 15% de la richesse produite en 1945 à 45% en 2017 ». Ce que révèle son enquête, c’est que l’adhésion au système fiscal est largement liée à la situation socio-professionnelle, ce que les débats publics autour de l’impôt ont tendance à occulter, ne serait-ce que parce que les dirigeants politiques ont intérêt maintenir le flou sur « une exaspération supposée consensuelle contre les prélèvements » afin de « justifier au nom de l’intérêt général des réformes en faveur des plus fortunés ». Or, paradoxalement, ce sont les contribuables les moins fortunés qui se montrent les plus critiques à l’égard de l’impôt, alors même qu’ils bénéficient souvent de prestations sociales. À l’inverse, la capacité à réduire sa contribution en connaissance des astuces pour le faire est un élément déterminant dans les classes supérieures pour afficher leur adhésion au système de prélèvements existant. Cette « dissonance entre position sociale et vision politique » s’illustre parfaitement dans le cas des petits propriétaires qui « fustigent les droits de succession dont ils sont pourtant exonérés ». Et elle explique les victoires électorales de candidats comme Trump ou Macron qui ont promis des exonérations fiscales aux plus riches. Un autre fait est éclairant : en Corse, où de nombreux impôts sont mal recouvrés, les mobilisations contre la fiscalité restent très rares, alors qu’en Bretagne, où le civisme à cet égard est très élevé, les mobilisations contre les taxes sur les carburants, notamment l’écotaxe, sont récurrentes. 

C’est là qu’intervient un autre facteur de mécontentement à l’encontre des impôts : « la plus ou moins grande distance – sociale et géographique – à l’égard de l’État ». Sur le site d’information et d’analyse critique AOC, Alexis Spire pousse la comparaison entre le mouvement des « gilets jaunes » et celui des « bonnets rouges ». À l’origine des « bonnets rouges » il y avait des organisations patronales de transporteurs routiers et d’agriculteurs, qui s’opposaient à cette nouvelle taxe appliquée aux routes non payantes. Or, en vertu d’une politique d’aménagement du territoire, la Bretagne est dotée d’un réseau de voies rapides type autoroute mais dispensées de péage. La Bretagne est une sorte de péninsule où le transport routier est essentiel pour se fournir en matières premières et acheminer les produits finis. L’écotaxe représentait donc un surcoût pour l’ensemble des entreprises. A l’époque, c’est la situation dans l’agro-alimentaire qui favorise la convergence « avec les salariés de Gad, de Doux, de Marine Harvest et de toutes ces usines sinistrées », non par adhésion au mot d’ordre mais pour défendre l’emploi.
« Dans un pays très marqué par le chômage, il ne faut perdre de vue que la mobilité est une condition sine qua non pour accéder à l’emploi et le conserver ». C’est donc aussi le facteur territorial qui a joué, tout comme dans le cas des « gilets jaunes ». Ainsi que le sentiment d’injustice. Car si l’attachement au modèle de protection sociale et aux services publics demeure très fort, dans des zones éloignées des grands centres urbains « les habitants ont le sentiment d’être moins bien pourvus en services publics de qualité par rapport aux grandes villes, et surtout par rapport à Paris ». 

Dans la page Débats de La Croix, Jean Viard évoque le même facteur en se demandant si un mouvement né sur les réseaux sociaux et ni structuré ni officiellement porté par une organisation peut perdurer. Quoiqu’il en soit, affirme-t-il, « ce cri des périurbains n’a pas fini de résonner ». Car « Ces gens ne descendent pas dans la rue uniquement contre l’augmentation du prix du diesel mais parce qu’ils ont le sentiment tout à coup que leurs choix de vie sont remis en question. » Pour le sociologue, « la transition énergétique ne peut plus être pensée uniquement pour les centres villes mais doit être une aventure partagée par tous » qu’ « il y va de la cohésion sociale » et que si 80 % des Français vont travailler chaque jour en voiture « 40 % d’entre eux n’ont pas d’alternative ».

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Les Enjeux Internationaux par Xavier Martinet :

Israël : « Irresponsable » de provoquer des élections anticipées, disait hier Benjamin Netanyahu. Le Premier Ministre israélien est à une voix de perdre sa majorité à la Knesset après la démission du Ministre de la Défense Avigdor Lieberman. Avant un vote mercredi, les prochaines heures seront cruciales. Est-ce la "dernière chance" pour Benjamin Netanyahu ?

Xavier Martinet s'entretient avec Alain Dieckhoff, directeur du CERI-Sciences Po, directeur de recherche au CNRS.

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L'Humeur du matin par Guillaume Erner :

Qu’aurait dit Tocqueville sur les gilets jaunes ?

Sur les prix du gazole en tant que tel pas grand-chose. Sur la colère de la classe moyenne en revanche beaucoup de choses.

S’il est délicat de décrire avec précision un mouvement aussi atypique, pas encadré par un syndicat ou une organisation politique, on peut en tout cas se mettre d’accord sur une chose : cette colère est une colère de la classe moyenne en chute, de ceux que l’on appelle en sociologie des petits moyens. La caractéristique de ces gens, c’est de ne pas être des exclus, ils sont insérés dans la société, dans le marché du travail, et c’est la raison pour laquelle ils sont mécontents de leur sort, parce qu’ils estiment ne pas être traités avec suffisamment d’égards.

« Rendez le pognon » comme le dit Jacline Mouraud. Et c’est cette situation que Tocqueville décrit dans De la démocratie en Amérique. « Quand l'homme qui vit dans les pays démocratiques se compare individuellement à tous ceux qui l’environnent, il sent avec orgueil qu’il est égal à chacun d’eux ; mais, lorsqu’il vient à envisager l’ensemble de ses semblables et à se placer lui-même à côté de ce grand corps, il est aussitôt accablé de sa propre insignifiance et de sa faiblesse » écrit-il. Autrement, c’est cette promesse d’égalité qui les fait se comparer aux autres et en concevoir de la colère. Et Tocqueville de poursuivre, « Chez les peuples démocratiques, les hommes obtiennent aisément une certaine égalité ; ils ne sauraient atteindre celle qu'ils désirent. Celle-ci recule chaque jour devant eux, mais sans jamais se dérober à leur regard, et, en se retirant, elle les attire à sa poursuite ». C’est donc au nom de l’égalité que ces gilets jaunes manifestent et non au nom d’un avantage à préserver. Et c’est au sujet du pouvoir d’achat et non au sujet du chômage qu’ils revendiquent, revendication par définition qui concerne les inclus et non ceux qui vivent aux marges du système. Voilà pourquoi cette contestation est promise à un bel avenir, si l’on en croit Tocqueville, puisqu’elle accompagne le mouvement même de la démocratie. En cela, Tocqueville rejoint Coluche, selon lequel en démocratie, il n’y avait que des égaux mais certains étaient plus égaux que d’autres.

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