

Yannick Haenel vous parle de deux ouvrages autour de Francis Bacon et Caravage, et Jean-Yves Potel des élections de la mairie de Gdansk en Pologne. Les chroniques s'intéressent à la candidature pour un 5ème mandat d'Abdelaziz Bouteflika.
- Yannick Haenel Ecrivain
- Jean-Yves Potel Historien, politologue.
Le Réveil Culturel par Tewfik Hakem :
Tewfik Hakem s'entretient avec l'écrivain Yannick Haenel autour de deux ouvrages : Conversations de Francis Bacon (1909-1992), parues aux Editions L'Atelier contemporain et dont il signe la préface - et La solitude Caravage, essai publié aux éditions Fayard, autour de la figure du Caravage (1571-1610) ; une plongée dans ses tableaux, leur violence, leur beauté, leur sublime érotisme.
Bacon n'aime pas la violence, il veut s'emparer de la violence pour lui donner une forme qui la dénude. Il veut dénuder ce qu'il en est de la violence, de la criminalité de l'espèce humaine, lui-même n'est pas un criminel. Je trouve très beaux ces entretiens, ils sont très tendus ; Bacon ne se laisse pas faire, il est tendu comme un fauve. J'ai toujours aimé l'écriture des peintres quand ils écrivent : leurs paroles, leurs engagements, leurs positionnements, on est face à une solitude faramineuse, très rare.

Ce sont mes deux peintres préférés : il y a un engagement total de l'être, et chez Bacon et chez Caravage. Je crois que tous les deux détestent l'idéalisme. Ils ont compris depuis longtemps que la Renaissance, c'est fini, que l'harmonie du monde, l'harmonie des corps, c'est un mensonge. Ce sont deux peintres qui combattent le mensonge en actes : les corps sont crus, le sexe est là - on ne va pas le recouvrir d'un quelconque voile - la violence est le lien social lui-même, et ils peignent cela sans l'aimer, évidemment, en témoins convulsifs de ce qui a lieu.

Le Journal des Idées par Jacques Munier :
D’importantes manifestations se sont déroulées partout dans le pays pour s’opposer au cinquième mandat du président sortant, lequel a confirmé sa candidature, assortie de quelques concessions.
La tenue d’une conférence nationale en vue d’adopter des réformes institutionnelles, économiques et sociales, l’organisation d’une élection présidentielle anticipée où le président s’engage à ne pas être candidat, ainsi que « l’élaboration et l’adoption par référendum populaire d’une nouvelle constitution ». On verra comment les Algériens réagiront à cette demi volte-face… Mais comme le soulignent Amir Akef et Charlotte Bozonnet dans Le Monde, l’hypothèse d’un renoncement n’était pas publiquement envisagée par le régime dont l’essentiel des acteurs, « oligarques du Forum des chefs d’entreprise, le syndicat UGTA, une noria de partis politiques dont les deux formations de la majorité présidentielle – le Front de libération nationale (FLN) et le Rassemblement national démocratique (RND) –, sont embarqués dans le « vaisseau Bouteflika ». Tellement liés aux vingt années de sa présidence et aux intérêts y afférant qu’ils feront tout pour sauver le statu quo. » Quant à l’opposition, qui va de l’extrême gauche aux islamistes, elle n’a pris aucune part à la contestation, qui semble l’avoir pris de court. Elle avait tenté en vain de se mettre d’accord sur un candidat unique. Deux tendances en son sein à l’égard des élections : « ceux qui appellent au boycott des élections, comme le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) et le Front des forces socialistes (FFS), deux partis historiques » qui estiment que les manifestations « ne visent pas uniquement la candidature de M. Bouteflika mais répondent à une profonde exigence de changement ». Pour eux, « la pression populaire ouvre une fenêtre d’opportunité qui permettrait de sortir de l’agenda du pouvoir et d’exiger, non pas un scrutin présidentiel, mais l’élection d’une assemblée constituante ».
Sur le site d’information et d’analyse AOC, Pierre Puchot souligne que, contrairement à ce qu’on peut entendre dans la plupart de nos medias, « l’Algérie n’est pas ce corps social inerte qui subirait, sans bouger, le régime d’un président malade, et se réveillerait soudain fin février 2019, à deux mois de l’élection présidentielle. Tout ou partie du pays a manifesté ces dernières années dès le printemps arabe, et même avant lui, dès 2010. Mobilisations des enseignants, des médecins et personnels des hôpitaux – dont on se rappelle les défilés particulièrement fournis en plein centre d’Alger – des avocats, des journalistes, de toute une région (la Kabylie, le Sud…). » Face à ces mouvements, la réponse du pouvoir a toujours été la même : un mélange de répression, de renoncements « et une série d’annonces aux portées financières considérables pour le pays ».
Dans Les Echos Dominique Moïsi relève que « les Algériens ont déjà commencé à voter, pas dans les urnes, mais avec leurs pieds. En 2017-2018 des Algériens en grand nombre ont demandé des visas pour aller vivre en France. Puisqu’il leur est impossible de changer le régime, il leur faut se résigner à changer de pays. L’Algérie à ce rythme manquera cruellement de médecins, d’avocats, d’enseignants, parce que ce sont souvent les plus éduqués qui partent. »
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Les Enjeux Internationaux par Xavier Martinet :
Un mois et demi après l'assassinat de Pavel Adamowicz, Gdansk choisissait hier son nouveau maire. Sa proche adjointe Aleksandra Dulkiewicz semble favorite pour poursuivre la politique d'ouverture qui a caractérisé son prédécesseur, et l'avait institué comme virulent opposant au PiS au pouvoir. Pologne - élection à Gdansk : le pari de la tolérance, jusqu'où ?
Xavier Martinet s'entretient avec Jean-Yves Potel, historien et politologue.
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L'Humeur du matin par Guillaume Erner :
Bouteflika a enfin réagi…
Oui, enfin, il a bougé si vous voulez… Non si je vous en parle, c’est parce que j’ai reçu ce weekend un push sur mon téléphone — un push c’est une alerte d’un média — là en l’occurrence il s’agissait d’une alerte de BFM et pas pour me parler des gilets jaunes pour une fois, non pour m’annoncer une décision d’Abdelaziz Bouteflika, fringant candidat donc à un 5eme mandat à la présidentielle algérienne. « Bouteflika limoge son directeur de campagne » disait ce push… Et je me suis demandé dans quel état d’esprit au juste ce push avait été rédigé…
Disons qu’il y a une sorte de consensus pour dire que l’alacrité du président Bouteflika est au mieux une vue de l’esprit, tant et si bien que la rumeur le donne pour mort depuis quelques jours, une rumeur évidemment fausse, qui se nourrit cependant de la faiblesse de ses interventions publiques. Abdelaziz Bouteflika est le premier candidat à une élection souffrant de phobie sociale, une timidité maladive qui l’empêche manifestement d’intervenir dans le débat public et nourrit les pires supputations sur son état réel.
Dans un tel contexte, que s’est dit mon confrère qui a rédigé le push « Bouteflika limoge son directeur de campagne » ? Pourquoi ne pas dire par exemple « voici deux informations en une » : 1) Bouteflika limoge son directeur de campagne, 2) Bouteflika est capable de limoger son directeur de campagne. Ou bien dire, de manière plus sincère encore : Alger veut nous faire croire que Bouteflika est capable de limoger son directeur de campagne.
D’autant que cette information, à dire vrai, est une information un peu incompréhensible. Parce que ce limogeage pose donc un certain nombre de problèmes concrets : à priori Bouteflika ne peut pas plus limoger son directeur de campagne que Pompidou peser sur les européennes – mais de surcroît, d’après nos informations, les manifestations en cours en Algérie ne sont pas dirigées contre le directeur de campagne de Bouteflika, dont on peut négliger en quelque sorte l’existence. Car la voilà la véritable information : quitte à ne pas pouvoir être candidat, quitte à ne pas faire campagne, à quoi bon avoir un directeur de campagne ?
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