Où il sera question d'une musique qui résiste, de murs encore debout, d'un cabinet de curiosités, de mots intraduisibles, de français en afrique subsaharienne, de bureaux de vote comme lieux de rencontre.
C’est l’image d’un temps dont on voudrait qu’il se soit arrêté ou alors qu’il avance maintenant très vite. Un temps de guerre, que l’on peut feindre d’ignorer pendant quelques instant. C’est une photo qui ne circule dans le monde que depuis quelques jours, et qui devient déjà l’image à elle-seule d’une guerre et de ce qu’elle dévaste. Un chez-soi fait champs de ruines. On fait comme si les ruines n’avaient pas d’importances, qu’elles pouvaient s’intégrer un temps au paysage. Celui d’un de ses habitants, Mohamed Anis. On se dit que la vie est encore possible par ici puisqu’on est là. Qu’on trouve la force de s’asseoir sur le rebord d’un lit qui n’a pas encore été détruit. Que l’on retrouve une pipe et du tabac, comme les vestiges d’un quotidien lointain, comme la musique de son enfance. Un chant syrien des années 40, déjà écouté par ses parents avant lui, sur ce même tourne-disque à manivelle. Etrange rescapé de la guerre, un des seuls objets à pouvoir se passer de cette rare électricité. Cette photo là de "monsieur Anis" comme l’appelle le photographe Joseph Eid, de l’AFP, cette photo là de lui donc, seul dans sa grande chambre claire en ruine, regard doux posé sur ce disque de son enfance, a fait le tour du monde. Image d’une folie à croire que l’on peut passer à travers la guerre et sa violence. Le photographe Joseph Eid en le voyant chez lui, lui demande « Comment pouvez-vous habiter là ? », le vieil homme à la barbe blanche soignée, au regard clair et tranquille, répond simplement, qu’il est chez lui. « C’est ma maison ». Avec cette photo maintenant connue, il y en a d’autres, du même auteur. Une un peu plus sombre prise en 2015. Une photo sans fenêtre, avec autour de son sujet, des murs debout, un cadre encore suspendu, un canapé épargné de gravats de poussière. Et Mohammed Mahiedine Anis, lunettes rondes sur le nez, qui tient entre ses mains là encore, un disque. Un sourire doux en plan resserré qui nous empêche d’apercevoir le désastre de la guerre autour. Une photo qui aurait pu être prise en temps de paix. Qui montre ce que pouvait être Alep avant cette guerre. Ces endroits debout et lumineux où pouvait résonner une musique d’enfance, la voix d’une jeunesse. C’est une série du photographe qui nous mène de la maison de Mohammed Anis au dehors, à Alep. Qui nous mène vers la vie qui y renaît peu à peu, parmi les ruines. Deux jeunes garçons en équilibre sur un vélo, une petite fille et son bidon d’eau, un étal de légume qui se déploie sur un trottoir, ces visages qui tous, sur toutes ces photos, recommencent à sourire.
DISQUE DU JOUR
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