Musique : Disiz La Peste "Disizilla" / Les « gilets jaunes », sujets politiques non identifiés / LGBTQI : crise humanitaire invisible ? / Pourquoi les gilets jaunes sont populaires ?

Disiz La Peste.
Disiz La Peste. - © Radio France
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Disiz La Peste vous parle de son dernier album "Disizilla", et Michel Maietta des discriminations subies par la communauté LGBTQI. Les chroniques s'intéressent aux "gilets jaunes".

Avec
  • Michel Maietta directeur de recherche à l’IRIS, directeur du département Humanitaire & développement
  • Disiz rappeur

@PetitsMatinsFC

Le Réveil Culturel par Tewfik Hakem :

Tewfik Hakem s'entretient avec Disiz La Peste, auteur-interprète-chanteur, à l'occasion de Disizilla, son dernier album paru chez Universal Music, aux thématiques personnelles - traumas familiaux, pulsions, failles et combats confondus.

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Toutes les inspirations de ce disque- là, je les avais depuis longtemps, l'évolution, c'est juste que je me suis autorisé à les mettre dans ma musique. J'ai connu la musique par la pop, par George Michael, par Prince, par Michael Jackson, par Madonna, avant de connaître le rap. Je fais de la musique - rap, pas rap - je ne me pose pas la question, je fais de la musique. 

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Le Journal des Idées par Jacques Munier :

Les « gilets jaunes » ne désarment pas. Devenu sporadique, le mouvement se dissémine et se radicalise en partie. Jour après jour, une question lancinante revient dans la presse : qui sont-ils ?

L’engouement médiatique qu’ils suscitent semble à la mesure de cette perplexité. Laurent Davezies, rappelle dans Mediapart qu’« il ne s’agit que de 300 000 personnes, soit un peu moins de 0,5 % de la population », et qui plus est « dans un pays dans lequel l’essence est moins chère que dans la plupart des pays européens, qui se situe en queue de peloton des pays européens pour le taux de pauvreté et où, si les inégalités de revenus avant redistribution sont fortes, celles des revenus après redistribution sont les moins fortes des pays industriels ». 

L’économiste au CNAM, titulaire de la chaire « Économie et développement des territoires » est cité dans l’article de Joseph Confavreux, intitulé Les «gilets jaunes», miroir des évolutions de la démocratie. Car c’est moins leur couleur « qui semble importer que leur côté réfléchissant ». Et d’abord pour la classe politique : « de La France insoumise au Rassemblement national, tout le monde contemple en effet dans le miroir tendu par ces « gilets jaunes » ce qu’il désire y voir ». Pour Vincent Tiberj, ils « ne représentent pas seulement la France périphérique, la France des oubliés. Ils incarnent davantage ce que le sociologue Olivier Schwartz décrit comme les “petits-moyens”, qui travaillent, paient des impôts et gagnent trop pour être aidés et pas assez pour bien vivre. » L’auteur d’un ouvrage publié aux PUF sous le titre Les citoyens qui viennent. Comment le renouvellement générationnel transforme la politique en France, estime que « Les “gilets jaunes” nous racontent quelque chose de l’évolution de nos démocraties. Un des paradoxes de la victoire d’Emmanuel Macron est d’avoir été élu en affirmant prôner l’horizontalité, puis d’avoir épousé des institutions paramétrées verticalement, avec peu de contre-pouvoirs. »

« Le Vieux Monde politique a explosé il y a dix-huit mois, le nouveau monde politique n’est pas né. Le surgissement inopiné des gilets jaunes, un mouvement protestataire sans structures, sans leader, sans idéologie, s’inscrit dans cette situation. » explique Alain Duhamel dans les pages idées de Libération.

Une « jacquerie numérique » et autonome que Jérôme Sainte-Marie, dans L’Express, rapporte également à la situation politique créée par l’élection d’Emmanuel Macron.
« La difficulté à exister de LREM, la jeunesse et l’inexpérience de beaucoup de ses parlementaires, leur absence d’ancrage municipal : tout cela concourt à donner le sentiment d’un pouvoir hors-sol. » Le politologue ajoute que le gouvernement paie l’étroitesse de sa base sociale, celle des 24% de voix obtenues au premier tour de la présidentielle. « Comme il était au second tour face à Marine Le Pen, Emmanuel Macron n’a pas eu à faire de concession idéologique pour élargir sa base. » En regard, la surface sociale des gilets jaunes apparaît beaucoup large : 78% des employés et des ouvriers selon BVA, et des communes rurales où le soutien dépasse 70% alors qu’il est quand même à 52% dans l’agglomération parisienne. 

Dans les pages Champs libres du Figaro Pierre Vermeren resserre la focale sur Bordeaux et la démographie sociale d’une agglomération dont il n’a échappé à personne qu’elle est l’une des plus « gilets jaunes » de France. L’explication est limpide : le riche département de la Gironde, qui approche 1,6 millions d’habitants, « a vu les candidats très à droite et très à gauche dépasser 46 % au premier tour » ce qui « peut intriguer dans un fief historique du radical-socialisme français, devenu un des derniers bastions socialistes, Bordeaux et Arcachon mises à part ». Pour l’historien, spécialiste du Maghreb et passionné de géographie sociale, « Les données sont assez simples, et pour tout dire mécaniques. En trente ans, Bordeaux n’a absorbé que 10 % de l’essor de la population du département (près de 40 000 habitants), et l’agglomération bordelaise tout entière la moitié (près de 200 000). La Gironde rurale a absorbé l’autre moitié. » 

Témoin « des effets de la métropolisation et de la mondialisation qui balayent le territoire français », la ville gentrifiée a vu ses classes populaires et moyennes fuir la spéculation immobilière. Artisans et ouvriers, terrassiers du bâtiment, jeunes couples, employés de la restauration, de l’hôtellerie, de la santé ou des services à la personne ont trouvé à se loger en périphérie. « Lieux de travail et domiciles sont donc séparés pour le grand nombre, souvent par des dizaines de kilomètres. » De plus, la rocade bordelaise est un point noir du trafic national, surchargé de 20 000 camions européens en transit vers l’Espagne ou l’Europe du Nord. « Il n’y a donc rien de fortuit à ce que les barrages girondins de gilets jaunes  aient été, le week-end dernier, parmi les plus nombreux de France, et que les incidents s’y multiplient cette semaine. » Informel et apolitique, réseauté sur internet, le mouvement serait-il une sorte de réponse du berger à la bergère ? Du vieux monde qui rattrape le nouveau ?

Les Pieds sur terre
28 min
L'Invité(e) des Matins
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Dimanche, et après ?
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L'Invité(e) des Matins
44 min

Les Enjeux Internationaux par Xavier Martinet :

Selon l’association ILGA, des relations non-hétérosexuelles sont punies de mort dans treize Etats, tandis qu'ailleurs la moitié des pays criminalisent ce mode de vie par des emprisonnements, arbitraires ou non, souvent associés à des tortures, et parfois même sans aucun jugement... 36 millions de personnes LGBTI sont en réel danger de mort et plus de 400 millions sont victimes de discriminations, selon un récent rapport international. Alors qu’en France les discriminations et violences peinent à trouver une audience médiatique, la crise humanitaire est mondiale, et "oubliée" ?

Xavier Martinet s'entretient avec Michel Maietta, directeur de recherche à l’IRIS, directeur du département Humanitaire & développement.

La Fabrique de l'Histoire
52 min
Les Nuits de France Culture
22 min
Les Discussions du soir
44 min

L'Humeur du matin par Guillaume Erner :

Ceux qui se risquent à critiquer les gilets jaunes sont peu nombreux.

Oui,  ceux qui se risquent à critiquer les gilets jaunes sont peu nombreux,  Laurent Berger de la CFDT fait exception, évoquant une dérive totalitaire du mouvement mais  pour le reste, pourquoi cette timidité si peu française dans la  critique ? 

Alors bien sûr il est difficile d’avoir une opinion sur un  mouvement aussi insaisissable, pas de leader, pas de parti, en apparence une collection d’individus, soudés par un sentiment, celui de la cherté de la vie, de l’insuffisance du pouvoir d’achat, le  tout symbolisé par la hausse des taxes sur le carburant en général, le  diesel en particulier, carburant du pauvre, à la différence du super, diesel dépense contrainte tellement éloignée  d’une dépense plaisir. 

Et cependant, le caractère intouchable de ce  mouvement questionne – après tout il doit bien exister dans ce pays des  gens hostiles au diesel, pourquoi ne se font ils pas entendre ? C’est d’autant plus étonnant que les précédentes mobilisations sont souvent sévèrement jugées – on sait par exemple à  quel point les cheminots en colère ont eu le sentiment d’être  caricaturés. Autre exemple, encore plus extrême, celui des zadistes, dépeints comme si Daesh s’était emparé d’une partie de la périphérie  nantaise et menaçait de venir égorger nos fils et nos compagnes.  Pourquoi les zadistes ont-ils été caricaturés – et continuent à l’être –  tandis que les gilets jaunes peuvent bloquer des ronds points et des rocades dans une certaine bienveillance ? Parce que  les gilets jaunes évoquent la souffrance, en l’occurrence la souffrance  sociale, les cheminots parlaient du service public, les zadistes de la  nature, en somme ni les cheminots ni les zadistes n’évoquaient leur douleur, leur difficultés, au contraire de ces gilets  jaunes qui racontent leur fin de mois difficile. 

Or aujourd’hui, la  douleur ne se questionne pas, ne se questionne plus, celui qui souffre a  conquis le droit d’être écouté, écouté par tout le monde, même par le gouvernement, même s’il n’est pas entendu. La maxime  de notre époque est devenu : "Sois sauvage, ô ma douleur ! et tiens toi moins tranquille"… 

@PetitsMatinsFC