O (Olivier Marguerit) vous parle de son album "A terre", et Yves Boquet se demande si le sud des Philippines est la nouvelle tête de pont de l'Etat Islamique. Les chroniques s'intéressent à la démocratie en crise et au complotisme de Carlos Ghosn.
- O [Olivier Marguerit] Chanteur
- Yves Boquet Professeur de géographie à l’université de Bourgogne-Franche-Comté à Dijon et membre du laboratoire Théma
Le Réveil Culturel par Tewfik Hakem :
Tewfik Hakem s'entretient avec le chanteur O (Olivier Marguerit) pour la sortie de son album A terre.
Mon premier album, je l'avais fait tout seul avec un format un peu alambiqué, ce deuxième, je l'ai voulu, plus collectif, plus ouvert, entouré de musiciens. Piano, guitare, ce sont les deux instruments avec lesquels je peux composer. J'ai des idées, je les garde, quand vient le moment de création d'un nouvel album, je vais piocher, les mots arrivent.
Pour afficher ce contenu Youtube, vous devez accepter les cookies Publicité.
Ces cookies permettent à nos partenaires de vous proposer des publicités et des contenus personnalisés en fonction de votre navigation, de votre profil et de vos centres d'intérêt.
Le Journal des Idées par Jacques Munier :
La démocratie est en crise : diagnostics et analyses permettent d’en redéfinir la nature et les enjeux.
L’érosion de la culture démocratique est particulièrement troublante chez les jeunes : aux Etats-Unis, moins d’un tiers d’entre eux estiment qu’il est « d’une importance capitale » de vivre en démocratie, et en France, 46% des jeunes de 18 à 35 ans pensent qu’un autre système serait aussi bon. C’est ce que rappelle Gilles Finchelstein dans la revue Le Débat, en soulignant la progression constante de l’abstention, la montée de partis autoritaires, et la dégradation du débat public où l’ennemi a remplacé l’adversaire, le compromis n’apparaissant plus comme la « sagesse d’un moment transitoire » mais comme un signe de « lâcheté ». Le directeur de la fondation Jean-Jaurès évoque la fin d’une double illusion : « dans des pays qui cumulaient tradition démocratique et prospérité économique un mouvement irréversible était enclenché », et « la politique et la démocratie étaient suffisamment dissociées pour que la crise de l’une puisse ne pas affecter l’autre ». C’est au moyen de la métaphore chimique qu’il retrace une évolution qui va de l’état solide à l’état gazeux. Dans les années 1980, la démocratie « a une forme : la bipolarisation ». Le clivage est clair, « le débat public est lisible et le comportement des électeurs prévisible », marqué par la fidélité à son camp et à sa classe. À partir des années 2000, on passe à l’état liquide, « l_a matière n’a plus de forme propre – elle prend celle du récipient dans lequel elle est plongée_ » : le clivage s’estompe sous l’effet des alternances et cohabitations. « Il est lézardé par l’émergence de la question européenne qui vient traverser la gauche et la droite – avec le référendum de 2005 en symbole. » Nombreux sont les Français à estimer qu’il « a perdu de son sens ». Le comportement électoral est plus volatil. À l’état gazeux il devient erratique : aux dernières élections, il y a eu autant d’électeurs socialistes pour voter à la primaire de la droite qu’à celle de la gauche. Instable, l’état gazeux est aussi explosif, et ce n’est pas « l’affaissement de la délibération » sous « le règne de la dictature de l’urgence » qui pourrait recréer du consensus.
Cela dit, « les craintes liées à la démocratie ne sont pas nouvelles », comme le rappelle James Miller dans le dossier que la revue Papiers – la revue de France Culture – consacre à la question. Car « le projet démocratique, à la fois ancien et moderne, est intrinsèquement instable », ne serait-ce que parce qu’il est ouvert au conflit. « Bien que le consensus de l’après-guerre sur la signification et la valeur des institutions démocratiques libérales semble plus fragile que jamais, la démocratie prospère, sous forme de dissensions violentes, lors d’explosions de colère contre des élites lointaines et des ennemis fantomatiques. » Le politologue américain évoque le système des grands électeurs, qui fait de la présidentielle une élection au suffrage universel indirect, raison pour laquelle son pays fut le premier à engendrer le populisme. Lequel n’est pas forcément – selon lui – antinomique de la démocratie : sous la pression des événements, Robespierre n’a-t-il pas défendu « la nécessité d’une dictature » ? Et Rousseau qui avait eu l’audace intellectuelle de redéfinir la souveraineté en termes de démocratie, invoquait tout comme Jefferson après lui cette maxime latine : « Je préfère les périls de la liberté à la tranquille servitude ».
L’inquiétude démocratique est à la une de la revue Esprit, qui entreprend de relire Claude Lefort à la lumière de notre présent. Pierre Rosanvallon insiste sur sa théorie critique du totalitarisme, qui en faisait « une pathologie interne à l’idée démocratique », contrairement à Raymond Aron qui le voyait comme un illibéralisme radical. Justine Lacroix et Michaël Fœssel rappellent à cet égard comment l’auteur de L’invention démocratique a pensé « la tentation bureaucratique qui traverse les expériences révolutionnaires », donnant au concept de totalitarisme « une pertinence qui excède la description des régimes pour lesquels il a été formé ».
Les Enjeux Internationaux par Xavier Martinet :
Dimanche 27 janvier, un double attentat, revendiqué par le groupe Etat islamique, a été perpétré durant la messe de la cathédrale de Jolo, dans l'archipel de Sulu, aux Philippines. Ce drame a eu lieu deux jours après l'approbation massive de la création de la région autonome Bangsamoro, dans Mindanao. 20 personnes sont mortes et au moins 81 ont été blessées. Ce référendum devait mettre un terme à 40 ans d'insurrection séparatiste dans cette zone majoritairement musulmane alors que l'archipel est principalement catholique.
Xavier Martinet s'entretient avec Yves Boquet, géographe, professeur à l'Université de Bourgogne.
Pour afficher ce contenu Youtube, vous devez accepter les cookies Publicité.
Ces cookies permettent à nos partenaires de vous proposer des publicités et des contenus personnalisés en fonction de votre navigation, de votre profil et de vos centres d'intérêt.
L'Humeur du matin par Guillaume Erner :
Carlos Ghosn est complotiste. En tout cas, l’ancien patron de Renault Nissan a peut-être fraudé le fisc — en réalité je n’en sais rien, il s’en défend — en revanche, il accuse un complot de le faire accroire, devenant du coup un vrai complotiste.
Alors, ne sachant rien sur le fond de l’affaire, je vous dirai tout. Mais Carlos Ghosn appartient à cette longue lignée de dirigeants, depuis Jérôme Cahuzac jusqu’à Donald Trump, qui n’hésitent pas à invoquer des complots ourdis contre eux, lorsqu’ils sont accusés à tort ou à raison. Souvenez-vous Jérôme Cahuzac, lorsque les révélations sur ses comptes non déclarés ont éclaté, son premier salut est venu de l’évocation d’un complot qu’il n’allait pas tarder à démasquer…
Et il y a une véritable propension des dirigeants à révéler l’existence des complots qui les visent, du coup on peut en déduire deux propositions. En premier lieu, les complots existent en politique, comme ailleurs, leur existence n’est pas forcément une vue de l’esprit, liée à un conspirationnisme farouche. Mais dans le même temps, la propension à croire en l’existence d’un complot n’est absolument pas une propension socialement marquée : inutile d’être peu éduqué, d’avoir peu de pouvoir, d’être un dominé comme disait l’autre, pour adhérer à une vision complotiste des choses.
En réalité, le complotisme est aujourd’hui une conception de la réalité sociale partagée, partagée sous forme de passion et sous forme d’intérêt. Les intérêts de Carlos Ghosn sont simples : il a tout intérêt à nous faire croire en l’existence d’un complot le visant, s’il est innocent bien sûr, mais aussi et surtout s’il est coupable.
Mais le complotisme est aussi la conséquence d’une passion, passion pour un monde devenu diaboliquement complexe, nul ne sait où est le siège du pouvoir, partout et nulle part, et pourquoi pas dans la pénombre… C’était une prophétie de l’historien François Furet : à l’avenir, expliquait-il, le complotisme allait se diffuser de plus en plus avec la démocratie, parce qu’à la différence de la monarchie ou de la dictature, la démocratie rend la structure du pouvoir bien plus compliquée à comprendre. C’est ainsi que le complotisme est devenu, alors vous choisirez, une pathologie ou bien un complot démocratique.
L'équipe
- Réalisation