

Gilles Martin-Chauffier vous parle de son polar "L’ère des suspects", et Marc Lavergne de l'accord de paix signé au Soudan. Les chroniques s'intéressent aux vivants non-humains
- Gilles Martin-Chauffier romancier, rédacteur en chef de Paris-Match où il dirige les pages Culture
- Marc Lavergne Géopolitologue, directeur de recherche au CNRS
Le Réveil Culturel : Tewfik Hakem s'entretient avec le romancier Gilles Martin-Chauffier, pour " L’ère des suspects", publié aux Editions Grasset, qui nous entraîne sur les traces d'un meurtre et d'une enquête : dans une cité, un adolescent d’origine maghrébine est retrouvé mort en bordure d’une voie de RER. La veille, il avait été poursuivi par un jeune gardien de la paix. Un suspect potentiel. Les jeux sont faits, et du reste, tout le monde s'en mêle...
Quand je fais des romans, je pars toujours d'un événement auquel tout le monde peut se référer ; ici, c'est l'affaire de Clichy-sous-Bois (octobre 2005). Le roman, c'est comment les malheurs de la France d'en bas, font la prospérité de la France d'en haut. J'essaie de monter la société telle qu'elle est, non pas me cacher derrière. L'indécence de la société française, son cynisme, est ce qui m'intéresse depuis très longtemps. Le thème du livre, c'est comment lorsqu'un malheur advient, tout le monde s'en empare, pour tirer la couverture à lui.
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Le Journal des Idées par Jacques Munier : Ce weekend se tient à Paris la 18e édition du festival antispéciste, avec en soirée d’ouverture, dès demain, deux conférences sur la question animale. L’occasion de donner la voix aux vivants non-humains…
Et en particulier aux plus nombreux d’entre eux : ceux qui habitent les océans. Le conflit entre pêcheurs français et britanniques sur la coquille Saint-Jacques a récemment défrayé la chronique. Les pêcheurs français n’ont le droit de pêcher la coquille que du 1er octobre au 15 mai, pour permettre sa reproduction pendant l’été et protéger la ressource, une astreinte qu’ignorent les britanniques. Selon Éric Foucher qui recense chaque année la population de coquilles dans la baie de Seine, l’exploitation du gisement dans les eaux communautaires est trop intense. Le chercheur à l’Ifremer explique sur le site de La Croix que cette zone abrite un vivier exceptionnel de part et d’autre de la limite des douze miles nautiques qui marque la fin des eaux territoriales françaises. C’est juste à l’extérieur de cette limite qu’ont eu lieu les escarmouches, là où l’effort de pêche est trop important et où l’on observe, à la fin de la période de récolte, « que la population résiduelle a presque disparu : la biomasse de coquilles est tombée cette année à 8 000 tonnes, alors qu’elle était de 18 000 tonnes en 2017 ».
C’est sans doute la raison pour laquelle le chanteur brestois Miossec, rédacteur en chef invité des Inrockuptibles, a ouvert les pages de l’hebdomadaire à la complainte des coquilles Saint-Jacques. Laurent Chauvaud, l’homme qui les entend respirer en déduit leur état de santé et l’impact du réchauffement climatique en rade de Brest. Le chercheur en biologie marine à l’Institut universitaire européen de la mer (IUEM) utilise des hydrophones de la défense nationale pour enregistrer le son des mollusques bivalves au cours de ses plongées. Tendez l’oreille : voici le résultat :
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Laurent Chauvaud s’apprête à ouvrir un nouveau champ de recherche sur le son dans les fonds marins, pour détecter notamment une raréfaction de l’oxygène dans l’eau, entraînant une respiration anormale des coquillages. Il a également mis au point un « accéléromètre » à fixer sur les coquilles Saint-Jacques pour suivre leur parcours. Et en analysant les stries présentes sur leurs structure calcifiées, comme pour un arbre, il parvient déterminer leur âge, mais aussi, sur le temps long, à mettre en évidence de façon rétroactive le changement climatique.
Autre mollusque très symbolique des océans : la pieuvre, objet immémorial de répulsion voire de terreur par son aspect tentaculaire. Les descriptions qu’en fait Victor Hugo dans Les Travailleurs de la mer sont célèbres : « souple comme le cuir, solide comme l’acier, froide comme la nuit »… La journaliste américaine Sy Montgomery s’est passionnée pour cette créature étrangement familière à la pupille noire et aux tentacules truffées de neurones, avec ses 1600 ventouses capables, chacune d’entre elles, de soulever 15 kilos. Dans un livre publié chez Calmann Lévy sous le titre L’Âme d’une pieuvre, elle raconte ses étonnantes interactions avec des mollusques aux caractères très marqués et différents, dont la caresse tout en souplesse tactile dénote une curiosité et un élan naturel pour franchir la barrière des espèces. En particulier Athéna, pieuvre géante du Pacifique, rencontrée dans le grand bassin de l’aquarium de Boston, « fougueuse, très active et encline à l’excitation – sa peau devenait alors bosselée et rouge » : avant d’être littéralement happée, la journaliste raconte l’émotion de la première approche. « Lentement elle détacha ses petites ventouses extérieures, placées au sommet de ses bras, pour me saisir de ses ventouses plus grandes et plus fortes, proches de sa tête », tout en rivant ses pupilles noires sur son visage. Conquise, Sy Montgomery est allée retrouver la créature dans son habitat naturel, au large des côtes du Mexique ou dans les récifs coralliens de Polynésie.
Les récifs coralliens, aujourd’hui menacés, abritent plus du tiers de toutes les espèces connues en milieu marin, alors qu’ils ne représentent que 1% de la surface totale des mers. Comme le rappelle Gilles Bœuf dans la revue Reliefs, ils appartiennent à cet écosystème si particulier du littoral, entre terre et mer, comme les mangroves ou les herbiers, ces prairies sous-marines. C’est là que la vie est passée de l’élément liquide au milieu aérien, les plantes d’abord puis les organismes vivants. Une véritable révolution physiologique que le biologiste décrit en détail. Non sans déplorer la terrible menace qui pèse aujourd’hui sur ces paradis de la biodiversité.
Les Enjeux Internationaux par Xavier Martinet : Aussitôt signé, aussitôt menacé : l’accord de paix au Soudan du Sud qui met fin à 5 ans de guerre civile est déjà entaché par une reprise des combats, moins d’une semaine après sa signature. La pression internationale renouvelée cette année suffira-t-elle ? Après la guerre interminable, ce serait la « paix éclair » comme l’écrit Jeune Afrique. L’accord signé à Khartoum permettrait de faire cesser un des plus durs conflits d’Afrique, qui oppose le président Salva Kiir à son vice-président Riek Machar.
Soudan du Sud : nouvel accord de paix, signé sous la pression ? Xavier Martinet s'entretient avec Marc Lavergne, géopolitologue, directeur de recherche au CNRS.
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L'Humeur du matin par Guillaume Erner : Vous avez enfin une preuve de la mort de Dieu
Absolument, enfin, elle se trouve dans le journal L_e Parisien_ aujourd’hui. Dieu est mort, on en a donc la preuve à Strasbourg dans la paroisse protestante de Saint-Guillaume, où l’on trouve une église du XIVème siècle. Alors essayez de deviner ce qui va se dérouler ce soir dans cette église ? Le retour du veau d’or ? L’accueil des marchands du temple ? Non, non : bien pire encore. Des cérémonies orgiaques que la morale, et pas seulement, réprouve ? Mais non, ce qui va se passer ce soir dans cette église est plus spectaculaire encore puisque c’est ni plus ni moins de la mort de Dieu dont il est question.
Dans cette église on va tout simplement donner à voir le film L’Exorciste, le film d’épouvante de William Friedkin, où une jeune fille devient possédée par le démon, ce qui a pour effet notamment de la couvrir de bubons, de lui permettre de tourner la tête à 360 ° tandis que, dans une forme aiguë du syndrome de Gilles de la Tourette, elle se livre à différents commentaires sur Jésus et sa mère.
Et le pasteur de cette église de Strasbourg d’expliquer pourquoi il a autorisé la projection de L’Exorciste dans son église – notre église est un lieu de vie d’échange et de culture – c’est un peu une MJC quoi – et il ajoute, « nous n’avons pas mis l’église à disposition pour un simple tour de manège ».
C’est d’ailleurs cela le problème, s’il s’était agi d’installer des chevaux de bois dans une église, on aurait pu trouver cela bizarre, mais bon chacun ses idiosyncrasies. Mais là, il s’agit d’un film consacré au diable, un film arrachant le diable à la tradition catholique pour en faire un personnage destiné aux peurs récréatives.
On a su que le communisme était mort quand le couturier Prada a été autorisé à défiler au siège du PCF place du Colonel Fabien, on sait que l’église est morte quand Satan est autorisé à défiler sous sa forme grotesque dans l’église de la Krutenau à Strasbourg. C’est une manière de dire que l’on ne croit plus au diable, et si le diable n’existe plus comme dieu pourrait-il survivre. C’en est fini du diable du Curé d’Ars, de Bernanos, de ces fous de Dieu pourchassant le démon décrits par Hugo, Claudel ou Cioran.
Pour l’église aujourd’hui, le diable n’est même plus dans les détails, il est projeté sur un écran, comprenez il n’a plus aucun relief.
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