Où il sera question de cabanes d'enfances, d'habits de couleur, d'un chasseur d'histoire, d'un Emmanuel Macron vu de loin, de droits de douane en Europe, de votants oubliés, et du point Godwin sur les réseaux sociaux.
C’est un lieu que l’on réinvente que l’on veut voir avec d’autres yeux. Des yeux qui changent, qui grandissent. Sur le monde qu’ils habitent. Des yeux qui à la fois cherchent l’ombre et suivent des lumières fuyantes. Ca se passe au milieu du Texas. Peu importe que l’on s’attarde ou non à situer ce milieu de rien sur une carte. C’est un lieu qui n’a pas besoin de repères pour exister. Il y a ces routes vues tant de fois dans les films, des routes de poussières où parfois une voiture vient déranger la ligne droite. Et puis il y a ces âmes sans sourire, qui le peuplent ce paysage immobile. Des corps qui sortent de l’enfance mais qui veulent en garder les costumes, les abris et les cachettes. Dans un jardin, une petite fille, une jeune fille, on ne saurait pas très bien dire, se tient assise parterre, ses fines jambes nues tendues devant elles, bras ballants, elle laisse le vent voiler son visage brun de ses cheveux noirs. Elle porte un vêtement de sport d’une équipe universitaire, un maillot qui semble trop grand pour elle. Elle est assise là tout seule, sur la terre sèche, adossée à une petite cabane blanche et jaune. Peut-être un vestige de son enfance. Son refuge en ce jardin, avec son vélo juste à côté. Portes fermée, fenêtres opaques, on ne saura rien de cet univers. Cette fille brune au visage grave, yeux éblouis par le soleil, semble garder l’entrée du lieu. Son regard nous incite à demander une permission avant d’entrer. Même assise, sa taille nous indique que bientôt, demain, elle sera elle aussi condamnée à rester dehors. Trop grande pour s’y cacher. C’est une photo de la série intitulée Halfway to Midland , de la photographe américaine Nancy Newberry, l’une des finalistes exposés au festival international de mode et de photographie qui s’ouvre aujourd’hui à Hyères. Des visages au seuil de l’adolescence, où l’ennui peut se confondre avec toutes les questions possibles. Des corps qui se parent de leurs plus belles couleurs, de leurs plus beaux vêtements, de sport, de jeu, de majorettes, de cheerleaders, tout en recherchant l’ombre et la nuit. Comme cette jeune fille allongée en combinaison multicolore, un peu translucide. Elle regarde le ciel noir, avec ses yeux bleu tristes et fatigués, pendant qu’une plus petite silhouette derrière elle, se cramponne à ce même toit, pour la rejoindre. C’est un âge où tout semble si dur à attraper, le ciel y compris. On l’attend au plus près, là où il semble le moins nous attendre : au milieu de la nuit.
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