Un visage comme un jour qui se lève: Lorraine Hansberry par James Baldwin /"I am not your Negro"par Raoul Peck

France Culture
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Où il sera question d'un engagement du corps, d'un regard insistant, d'un corps debout en souvenir, d'un duel de 20 ans, d'émotions en politique, du futur européen de l'Espagne, du droit de dormir dans le métro, d'un nouveau pari de Pascal.

C’est un souvenir. Un dernier souvenir de quelqu’un qu’on a aimé. Admiré. Qu’on a suivi. Se souvenir d’un corps debout. Une dernière image. En parler, la faire voir comme celle qui reste, qui doit rester en mémoire. C’est une femme qui aurait pu tout faire de sa jeunesse et de son audace. Avec ce corps fin, qui semble pouvoir se poser partout, infiniment présent. Debout, au seuil d’une pièce. Les bras croisés. Une pose de modèle, d’actrice. Lorraine Hansberry était faite pour être debout. Et le rester. C’est comme ça que l’auteur James Baldwin décrit son dernier souvenir de la dramaturge américaine. L’image d’une femme debout qui qui se fige ainsi dans un souvenir ami. Dans des yeux qui la connaissaient. Un engagement de tout son être, de tout son corps, que Lorraine Han portait encore un an avant que la maladie ne l’emporte à l’âge de 34 ans. Première dramaturge Noire dont le travail a pu être représenté et vu à Broadway. Des mots que l’on peut entendre, un corps et un regard que l’on peut voir dans le film de Raoul Peck, I am not your negro, encore visible aujourd’hui sur le site Arte + 7 avant de sortir la semaine prochaines dans quelques salles de cinéma. C’est une femme aux grands yeux noirs. Qui semblent parler pour elle, qui semblent rester debout quand son corps consent à s’asseoir. Des yeux transparents qui prennent tant de place sur ce visage. En donnent presque la forme à eux seuls. Les mots de James Baldwin racontent comment de ses yeux qu’elle maintient rivés face à elle, sans beaucoup de mots pour les accompagner, elle demande à Bobby Kennedy de prendre des mesures pour escorter une petite fille Noire, la seule, lors de son premier jour d’école dans le Sud des Etats-Unis. Petite fille photographiée visage impassible et lunettes noires devant une foule de visages contrits, hurlants, de bouches qui crachent, regards noirs plissés de cris. Le visage de Lorraine sberry ura sans doute plus marqué que ses mots à ce moment là. Des mots, une demande d’engagement moral qui n’ont reçu que du silence en guise de refus. Elle reste silencieuse, se décide au bout d’un moment à partir mais fait de ce regard sa dernière arme. Celle qui maintiendra la porte ouverte. De la pièce, et de l’histoire. Un an avant de partir vraiment. Elle était encore debout et c’est le dernier souvenir qu’a porté l’homme qui l’a accompagnée à ce moment là. S’est engagé avec elle. Celle d’une femme qui fixe, Un corps qui se dresse, un visage qui se redresse, et un regard qui suspend un moment. Et puis un sourire. Je suis content que ce dernier sourire n’ait pas été pour moi conclut mystérieusement l’auteur. Un moment d’histoire qui reste ici de l’ordre du souvenir intime. ’image d’une présence, qui dépasse l’instant. Car cet instant là, d’attente, de tension, dans le corps et dans le regard, n’a pas fini de se rejouer.

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