Diderot et Sophie Volland

Illustration réalisée par Charles Paillasson pour l'article "L'art d'écrire" de l'Encyclopédie de Denis Diderot.
Illustration réalisée par Charles Paillasson pour l'article "L'art d'écrire" de l'Encyclopédie de Denis Diderot. ©Getty - Bettman
Illustration réalisée par Charles Paillasson pour l'article "L'art d'écrire" de l'Encyclopédie de Denis Diderot. ©Getty - Bettman
Illustration réalisée par Charles Paillasson pour l'article "L'art d'écrire" de l'Encyclopédie de Denis Diderot. ©Getty - Bettman
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Aucun portrait de Sophie Volland (1716-1784) n’est parvenu jusqu’à nous. De même que ses lettres à Diderot n’ont pas été retrouvées. Le philosophe aurait-il détruit les écrits de celle dont il ne cesse de chanter la grâce et la finesse tout au long d'une correspondance qui aura duré quatorze ans ?

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C’est l’histoire d’un matérialiste pantophile. Amoureux de tout. Une "omelette soufflée" comme disait Barbey d’Aurevilly. Tour à tour encyclopédiste, philosophe, médecin, dramaturge, théoricien du théâtre, conteur, critique d’art, épistolier. Un homme que l’amour a le pouvoir de rendre sentimental. La première fois que Denis Diderot vit Sophie Volland, elle avait 39 ans, il en avait 43. Le philosophe, qui avait en une seule journée cent physionomies diverses - serein, triste, rêver, tendre, violent, passionné, enthousiaste - avait surtout le sens de la passion, le goût de la constance, et la sagesse, corps et âme, de trahir ses pensées quand il faisait parler son cœur.

Jamais passion ne fut plus justifiée par la raison que la mienne. N’est-il pas vrai, ma Sophie, que vous êtes bien aimable ? Regardez au-dedans de vous-même. Voyez-vous bien, voyez combien vous êtes digne d’être aimée, et connaissez combien je vous aime.   
Denis Diderot, lettre à Sophie Volland, Paris, 23 juillet 1759

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Les Chemins de la philosophie
58 min

La correspondance entre Denis Diderot et Sophie Volland débute en 1755, et dura plus de quatorze ans. Quel besoin Denis Diderot pouvait-il avoir d’entretenir sa passion par la raison, et de soutenir par l’amour le dialogue de leurs pensées ? Si l’obsession du philosophe de se survivre au panthéon de la sagesse s’avère dans la lutte contre l’effacement du cœur oublieux de son amante, alors la vérité de cette relation se porte au grand jour de l’évidence : être philo-sophe, c’est aimer Sophie.

Pour répondre à ces questions à la lumière de la lecture de cette correspondance, Raphaël Enthoven s'entretient avec Raymond Trousson, essayiste, auteur de Denis Diderot ou Le Vrai Prométhée  (Tallandier, 2005).

Raymond Trousson : Diderot est un enthousiaste, un extraverti, un passionné. L’expression de sa pensée dépasse parfois ses sentiments. Quand il est amoureux, il joue l’amoureux. Cela monte chez lui comme une sorte de houle, qu’il ne maîtrise pas, et cette explosion du sentiment explique certains termes dans cette correspondance où l’on se promet l’amour pour l’éternité, où l’on aime comme au premier jour, fût-ce dix ou douze ans après la première rencontre.

  • Textes lus par Georges Claisse

Une émission enregistrée sur la scène de l'Odéon-Théâtre de l'Europe et diffusée pour la première fois le 11 août 2012.