Ados et cannabis : s’enfoncer dans la défonce

A Jérusalem, en 2017.
A Jérusalem, en 2017. ©AFP - © THOMAS COEX
A Jérusalem, en 2017. ©AFP - © THOMAS COEX
A Jérusalem, en 2017. ©AFP - © THOMAS COEX
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De plus en plus d’adolescents s’enfoncent dans une dépendance physique et psychique au cannabis. Au réveil ou à la sortie des classes, en solitaire ou entre amis, ils fument. Emile, le père d’un lycéen, Alice et Alex, seize et dix-huit ans, racontent.

Alex a commencé à fumer à quinze ans avec ses amis, surtout l’un de ses potes.

Je ne me suis pas rendu compte que ça prenait de l’ampleur, ça s’est vraiment fait tout seul. C’est vraiment un mode de vie dans lequel on rentre et on devient dépendant du shit

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Puis, pour pouvoir payer sa consommation, il commence à vendre lui-même. Il s’enfonce dans la dépendance.

J’ai commencé à acheter des plaquettes, à les vendre et du coup je fumais encore plus. 

Alex raconte également l’engrenage dans lequel il est tombé.

Le shit, c’est de l’argent. Et l’argent, si tu ne le rends pas, tu te fais défoncer.

Il réalise les effets néfastes de sa consommation ainsi que les dangers du trafic. Il décide d’aller voir une addictologue qui lui prescrit des médicaments pour combler le manque de cannabis.

Parfois, j’arrive à arrêter de fumer pendant deux-trois jours, mais c’est rare. Arrêter du jour au lendemain, c’est pas possible. 

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Quand on est défoncé, la vie est moins dure. Ça devient beaucoup plus compliqué après.

Emile, soixante-dix-sept ans, découvre que son fils, Antoine, fume du cannabis depuis le collège. Il tente alors de dissuader Antoine, mais leurs discussions tournent au monologue.

Je lui demandais : "qu’est-ce que tu ferais à ma place ?", il me répondait : "ça me saoule".

Il réussit finalement à convaincre Antoine d’aller voir l’association La Corde Raide. Après les premiers rendez-vous, il a l’impression qu’Antoine prend conscience des dangers de sa consommation et qu’il a intérêt à arrêter.

J’ai établi une espèce de contrat avec lui : on arrête de fumer et on se met à travailler. 

Alice est lycéenne. Elle raconte la première fois qu’elle a fumé un joint. Très vite, "bédaver" est devenu une activité de groupe.

On aimait bien faire des "smoke trips". Par exemple, des bangs : on était posés sur un canapé, comme des flans, c’était drôle. 

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Jusqu’au jour où fumer du shit plonge Alice dans un état dépressif.

Je me sentais oppressée. Je continuais à fumer car je me disais que c’était autre chose, je remettais beaucoup la faute sur les autres. J’étais super triste. 

Il faut pas mal réfléchir avant de commencer à fumer. C’est pas la meilleure chose à faire quand on a déjà des problèmes. 

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Lien vers le site de l’association La Corde Raide

Lien vers le site Drogue Info Service

  • Reportage : Olivia Müller
  • Réalisation : Clémence Gross

Merci à Alex, Alice, Emile, le Dr Pauline Muffang, Samuel Dupin et Jean-Pierre Couteron. 

Musique de fin : "The only way" de Tricky. 

1ère diffusion : 9/01/2019

Des nouvelles : 

Alex : il a poursuivi sur sa lancée et n'a pas replongé dans le deal. Il ne fume plus qu'un joint par jour, "jamais plus". En revanche, admet-il, "le problème s'est un peu décalé sur l'alcool". Il nous explique qu'il contrôle sa consommation mais qu'il doit faire très attention. Idem pour les médicaments qui l'aident à dormir le soir ; il reste vigilant, mais la dépendance n'est jamais très loin. Il habite toujours chez ses parents malgré les tensions. La nuit, il fait de la musique et le jour il étudie pour passer sont DAEU (Diplôme d'accès aux études universitaires, l'équivalent du bac). Il conclut : "Ca va, mais ce n'est pas simple. C'est un peu la merde..."

Alice : elle a complètement arrêté de fumer. Elle est étudiante en 2eme année LEA à Paris. Tout va mieux avec sa famille, dans sa vie et dans sa tête. Elle vient de trouver un studio et s'apprête à quitter l'appartement familial, elle a également trouvé un job étudiant et s'est mise au sport. Elle ne fume plus que des cigarettes, tout le reste la dégoûte. 

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