Tristan est agriculteur biologique. Un jour, ses serres sont vandalisées, peu de temps après, toutes ses pantes meurent et il tombe gravement malade. Chantal élève des chèvres laitières pour fabriquer du fromage, elle a dû faire face à la mort lente et douloureuse de son troupeau empoisonné.
Tristan devient agriculteur en 2007 et se lance dans l'agriculture biologique cinq ans plus tard. Avec d'autres producteurs locaux, il a développé des magasins collectifs pour vendre leurs produits.
En août 2020, il constate que son exploitation a été vandalisée pendant la nuit. Quatre jours plus tard, alors que les plantes meurent, il comprend que son exploitation a été intoxiquée au pesticide.
Quand on a compris que c'était un pesticide, on s'est effondrés, parce qu'on s'est dit qu'on avait intoxiqué tous nos clients, qui sont des amis, et nos propres filles. Ça a été un effondrement psychologique.
Il prévient alors tous ses clients de ne pas manger les produits achetés pendant ces quatre jours fatidiques. Lui-même a mangé ses fruits et légumes et il continuait à travailler comme à son habitude, sans protections, en contact avec ses plantes, sans se douter que cela pouvait l'empoisonner.
Mon état s'est dégradé pendant plusieurs jours, le médecin a décelé des problèmes neurologiques et m'a envoyé aux urgences. On me demandait d'écrire quelque chose, je n'y arrivais pas. On me demandais de taper un numéro sur mon téléphone, mon doigt ne faisait pas l'action. J'avais perdu sept kilos en dix jours.
Tristan a été empoisonné par les produits phytosanitaires répandus sur ses cultures, il est resté malade pendant un mois. Le produit utilisé pour intoxiquer ses cultures était du glyphosate, avec un dosage quinze ou vingt fois supérieur à la norme.
Les gens qui ont fait ça ont quasiment mis du glyphosate pur. Avec un dosage comme ça, c'est normal que mon corps ait lâché. Ils ont pulvérisé 3 500 mètres carrés de serre, cela représente 40 000 euros de pertes.
Dans le petit village de Pouzilhac, Chantal élève depuis quelques années des chèvres laitières. Elle et son mari sont les seuls agriculteurs du coin à faire du fromage de chèvre. En 2018, le couple retrouve 12 de leurs bêtes empoisonnées, agonisantes dans leur pré.
Nous allons chercher nos chèvres vers 16h30, pour la traite du soir. Mon mari est arrivé devant un champ de cadavres. Les animaux étaient agonisants, certains tenaient à peine debout et n'arrivaient plus à se déplacer.
Désemparés, impuissants face à la douleur de leurs bêtes, le couple a du gérer seul l'empoisonnement de leur troupeau. En plus de faire face à la perte de leurs animaux, ils ont également perdu leur source de travail et de revenus.
Une ou deux bêtes peuvent mourir subitement, entre le matin et le soir, c'est peu probable mais c'est possible. Mais une quinzaine de bêtes, ce n'est pas possible. Un troupeau sain ne peut pas succomber en une journée et se retrouver mort ou agonisant.
Dans cette commune de six-cent-cinquante habitants, cette nouvelle a profondément choqué les gens du coin. Chantal, quant à elle, s'est demandé si elle arriverait à surmonter cette épreuve et le traumatisme de voir ses chèvres mourir dans la souffrance.
- Reportage : Clément Baudet
- Réalisation : Anne-Laure Chanel
Merci à Tristan, à Chantal et aux habitués du bar du Puy Saint Réparade.
Musique de fin : "When We Were Gentle" de Kira Skov.
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