Cédric Herrou : "On se retrouve responsable d'eux. On a envie de tous les aider"

  - © Martine Abat
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Dans la vallée escarpée de La Roya, frontalière de l’Italie, Cédric Herrou, accueille chez lui au milieu des oliviers des migrants venus d’Erythrée ou du Soudan. Condamné cet été à 4 mois de prison avec sursis pour aide à l’entrée et au séjour de personnes en situation irrégulière.

Il raconte comment lui, l’éleveur de poules, s’est senti tenu de leur porter secours.

"Les gens pensent que je suis allé chercher des migrants dans un pays étranger et les ramener dans mon pays. Mais mon pays il est à Vintimille aussi. Pour nous il n'y a pas de passage aux frontières de Vintimille à Breil-sur-Roya. Pour nous c'est le même territoire. C'est la même vallée."

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Depuis le printemps 2016, Cédric Herrou a environ aidé 200 personnes à passer la frontière, en a accueilli chez lui des centaines pour une halte, un repas, un peu de repos ou des soins. A chaque procès ou arrestation, on se demande qui est réellement en accusation : ceux qui aident les migrants comme lui, ou l'Etat qui maltraite les premiers et condamne les seconds.

"Imaginez une gamine venue d'Erythrée de 15, 16 ans : qu'est-ce qu'elle a à proposer à un passeur quand elle n'a pas d'argent ? [...] J'ai commencé à être connu à Vintimille. A chaque fois que j'y passais, il y avait une quarantaine de gosses qui me sautait dessus pour que je les embarque chez moi. Plus discrètement, des papas et des mamans qui me demandaient de les aider. On se retrouve, comment dire... responsable d'eux en fait. On a envie de tous les aider. Mais en même temps, c'est assez stressant de faire des choses qui sont illégales, parce qu'on sait pas trop où on en est. D'un coté, il y a l'émotion qui nous dit de le faire et de l'autre, le risque de la prison, de la police..."

"Je me rappelle d'une famille dans un train où le papa complètement stressé tient un journal italien dans les mains mais à l'envers, et je vois le flic qui le regarde, qui regarde les gamins, la maman et puis qui sait. Et puis... il part et il les laisse. Dans chaque uniforme il y a un homme. Il y a beaucoup de policiers qui compatissent à cette détresse."

Chanson de fin : "My mayhem" par Mid Ayr - Album : "My Mayhem" single (2016) - Label : Amplifire music.

  • Reportage : Martine Abat
  • Réalisation : Emmanuel Geoffroy

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