Conflits autour des pesticides : "Vous avez du glyphosate dans vos urines, mais est-ce que vous êtes malade ?"

Dans les Côtes d’Armor, au centre de la Bretagne, des bourgs, de plus en plus vides, et des villages subsistent au milieu des parcelles cultivées.

On ne voit plus d’insectes sur nos pare-brises. On regarde vers le ciel, on ne voit plus d'oiseaux. La terre, l'eau, l'air, c'est le bien commun ! Un manifestant anti-pesticides

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Alors que les exploitations agricoles s’intensifient inexorablement, l’incompréhension des habitants grandit, et le fossé se creuse entre riverains et agriculteurs.

Vous croyez que ça nous amuse d’utiliser les pesticides ? Pour notre santé, notre portefeuille ? On n’est pas là pour s’amuser, on est là pour donner à manger aux gens. Un agriculteur

À Maël-Carhaix, après avoir découvert que ses voisins agriculteurs ont épandu par mégarde des pesticides dans son jardin, Fanch Venner, un habitant, tente de faire reconnaître son préjudice auprès d'eux. 

Ce produit miracle qui traite les mauvaises herbes, c’est un produit cancérigène. Fanch Venner

Mais les négociations entre voisins s’avèrent houleuses, et Fanch peine à se faire entendre. 

Ce qui est extraordinaire dans ce qui m’arrive, c’est qu’il n’y a pas de recours prévu. A la gendarmerie, ils ne prennent pas ce genre de plainte parce qu'il s'agirait d'un accident, de quelque chose qui ne serait pas intentionnel. Fanch Venner

À Glomel, lors d'un rassemblement dit "des coquelicots" en faveur de la fin des pesticides, une vingtaine d'agriculteurs pro-pesticides viennent "s'expliquer" avec les manifestants. Ceux qui "vivent de la terre" racontent l'ingratitude de l'opinion publique et les difficultés financières :

Dans l’appel aux coquelicots, ce qui est demandé, c’est l’arrêt immédiat et total des pesticides. Nous, ce qu’on veut, c’est d’arrêter d’être cloué au pilori par la presse. Moi, je suis venu ici pour rassurer les gens. Un agriculteur

Venez chez moi et mettez-le feu à mon exploitation ! Un agriculteur 

Le débat s'envenime. Un vétérinaire, proche des éleveurs, prend alors le micro et tente d'apaiser le débat en faisant un amer constat :

C'est un problème de modèle agricole avec des trop grandes surfaces et de la monoculture. On est forcé d'utiliser les produits, sinon on n'aura rien. Donc voilà, c'est un peu un débat stérile, parce qu'il n'y a pas de solution. Un vétérinaire

Merci à Fanch Venner, au mouvement des coquelicots de Glomel, aux agriculteurs de Glomel et ses alentours.

Première diffusion : 07/06/2019.

Reportage : Morgan Large et Inès Léraud

Réalisation : Cécile Laffon et Emmanuel Geoffroy

Musique de fin : "The Capitalist Blues" par Leyla McCalla.

Depuis la première diffusion, quelques nouvelles...

Fanch Venner, fatigué, a abandonné les longues démarches pour obtenir une indemnisation suite à la pollution de son potager. 

La commune de Glomel a voté pour un agriculteur bio au poste de maire aux dernières municipales ; et un marché de producteurs a vu le jour, tous les vendredis, sur la place du centre de la commune.

Sur une autre commune bretonne, Saint-Nolf, un conflit qui opposait un agriculteur traitant des cultures, et une famille vivant à proximité avec une enfant de dix ans atteinte d'une leucémie, a trouvé une issue positive. En septembre 2021, la mairie a trouvé un accord avec l'agriculteur et échangé sa parcelle avec une autre plus loin des habitations. Désormais, la parcelle voisine de la maison de la fillette est cultivée en bio.