

Sept enfants de 8 à 11 ans racontent, un peu partout en France, leur vie au cœur du confinement: à quoi ils rêvent, ce qui les inquiète, les solutions qu’ils trouvent. Ils balayent ce qui les interroge au plus profond, de la vie légère jusqu’à la mort au bout.
Joséphine, dix ans, vit à la campagne en Bretagne. Ousmane a le même âge et vit dans une maison à Courbevoie. Tracy habite Montmagny, Sofiane, Mulhouse. Ondine a huit ans et habite dans une maison avec "deux très grands jardins". Marceau, lui, a deux maisons près de Rennes, car ses parents sont séparés. Enfin Léo habite dans le 5e arrondissement de Paris, sans jardin mais avec un espace "suffisant pour bouger".
Sofiane, confiné dans la ville de Mulhouse, très touchée par l'épidémie, confie ses angoisses.
Ma mère est tombée malade. J'ai commencé à avoir très peur pour elle, je lui donnais des médicaments. Mais ce n'étais pas le coronavirus finalement, c'était l'angoisse.
J'ai peur de mourir parce que mourir ce n'est pas simple. On ne meurt pas en clignant des yeux.
Chaque enfant a son idée sur l'apparence du virus ; de manière unanime, elle n'est pas très séduisante.

Le virus n'a pas de forme. Il est bleu avec un nez jaune et il ricane comme une sorcière. Il est méchant quoi !
C'est pas très beau à voir ; il a des sortes de couronnes sur lui. Niveau style, on peut faire mieux ! Je lui mettrais 4/10.
Sans réussir à l'embellir, d'autres ont tenté de l'apprivoiser avec un surnom.
Nous avec notre famille, on l'appelle le "coucouvirus", c'est plus rigolo !
Ces enfants racontent le confinement, comment ils arrivent à s'évader, par le pouvoir de la concentration et de l'imagination.
J'essaie de faire du yoga pour ne plus y penser. J'ai appris dans les livres ; je me concentre sur ma respiration. Je suis beaucoup plus gentil et relaxé après. C'est comme ça que j'aimerais être à la fin de ma vie ; doux et calme.
Par la fenêtre de la chambre, je vois l'herbe et les toits des maisons. J'imagine qu'il y a des chevaux volants. Ils sont de plus en plus nombreux, et il entrent dans les maisons en brisant la vitre avec leur corne.

Certains profitent du confinement pour philosopher sur le sens de cette épidémie, et de la vie.
C'est le pangolin qui a transmis le virus aux hommes. Peut-être que les animaux se défendent pour qu'on arrête de détruire les forêts pour faire pousser des palmiers pour faire du nutella ?
D'autres, dans le noir, prient "leur Dieu".
Le soir, je pose des questions à mon Dieu. On ne me croit pas, mais souvent le lendemain il me répond.
Ils donnent aussi des couleurs, des odeurs et des musiques à leur confinement.
Pour moi, le confinement est orange. Entre le rouge, pour la rage, et le jaune, pour le repos.
Si je devais donner une odeur au confinement, ce serait celle d'un fromage rassis, à force de rester trop longtemps enfermé...ou peut-être de l’œuf pourri.
Si je devais donner une musique au confinement ce serait l'Hymne à la tristesse. Ça n'existe pas, mais c'est l'inverse de l'Hymne à la joie.
Reportage : Elise Andrieu
Réalisation : Cécile Laffon
Merci à Joséphine, Ousmane, Tracy, Sofiane, Ondine, Marceau, Léo, Violette et à leurs parents.
Merci aux professeurs Francis Cransac, Christine Durand, Nicolas Monchand, Chloé Dinard, Nelly Dussausse et Véronique Decker.
Chanson de fin d'émission : Wake up, little Sparrow de Devendra Banhart
L'équipe
- Production
- Collaboration
- Rita RuggirelloStagiaire