Franck et sa femme : épisode • 3/6 du podcast Des hommes violents

Franck dit aimer sa femme qu'il battait tous les jours.
Franck dit aimer sa femme qu'il battait tous les jours.  ©Getty - Michaela Beigsteiger
Franck dit aimer sa femme qu'il battait tous les jours. ©Getty - Michaela Beigsteiger
Franck dit aimer sa femme qu'il battait tous les jours. ©Getty - Michaela Beigsteiger
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Troisième épisode de la série documentaire "Des hommes violents", à la rencontre de douze hommes condamnés pour violences conjugales contraints par la justice de participer à un groupe de parole. Entre déni et interrogations du narrateur, Mathieu Palain, sur la question des masculinités aujourd'hui.

Condamnés par le tribunal pour violences conjugales, douze hommes sont contraints par la justice de participer à un groupe de parole pendant six mois. Tous viennent d’univers différents : l'un est un homme d’affaires à succès, un autre à la recherche d’emploi, un autre tient un garage... Ils commencent par clamer unanimement leur innocence ou par refuser de reconnaître leurs torts. Puis évoluent, ou pas. Ce podcast en  six épiosdes s’attache séance après séance à suivre leur avancée, à partir à leur rencontre, à les écouter. Il est nourri des propres interrogations du narrateur, Mathieu Palain, sur le mouvement #metoo et la question des masculinités aujourd’hui. Et mis en perspective par trois récits de victimes. Ce podcast de Mathieu Palain et Cécile Laffon est diffusé à raison d'un épisode par semaine sur l'antenne de France Culture. Vous pouvez d'ores et déjà écouter toute la série ici.

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Episode 3 : Franck et sa femme

A Lyon, Matthieu a intégré un groupe de parole qui réunit douze hommes condamnés par la justice pour violence conjugale. Il y rencontre Franck, cinquantenaire originaire d'une petite ville à une heure de Lyon. En discutant avec cet homme souriant, peureux à certains égards, parfois touchants, il tente de comprendre avec lui d'où viennent les coups et comment ils arrivent. 

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En début de séance, Béatrice, la conseillère pénitentiaire, lance un débat sur l'évolution des droits des femmes dans la société, et aborde la question de l'égalité dans le monde du travail. Ce dernier sujet fait réagir : 

Ca ne me dérange pas que ma femme travaille, tant qu'elle ne fait pas un meilleur travail que moi. Il y a la question de l'argent, du statut... Si par exemple votre femme est cheffe d'agence de banque, quand il y aura des disputes, elle va juste chercher à vous rabaisser et elle aura raison. Elle vous verra comme un petit pion. 

Lors de cette réunion, Mathieu rencontre Franck, pour qui il éprouve de la sympathie. Pourtant, si Franck est là, c'est bien parce qu'il battait sa femme tous les jours. A ça, il invoque plusieurs raisons : 

Il y a quinze ans j'ai fait une rupture d'anévrisme, j'étais handicapé. J'ai perdu le travail, la motivation (...) Le stress joue, la consommation, et aussi la famille. La consommation parce que je consomme de l'alcool. Et la famille parce qu'elle s'occupe toujours de la famille, sa mère est handicapée. Elle est toujours partie et ça je supporte pas trop, ça part tout le temps en dispute. 

Je suis tout à fait différent quand j'ai bu. Quand je bois c'est plus moi : je suis un ange et après je suis un diable. 

Mathieu rend alors visite à Franck, chez lui. L'homme vit grâce à l'allocation adulte handicapé, entouré de son chien, ses paquets de pâtes, sa télévision et son poêle au fioul qui sent l'essence. 

A l'époque je croyais qu'une femme ça se tapait tout le temps. Je croyais que c'était comme ça : mon père tapait ma mère tous les soirs, tous les midis, toutes les quatre heures. Donc c'était une habitude. (...) Il tapait pas que la mère, il tapait les gosses aussi. 

Elle a jamais porté plainte, mais les gendarmes ont dit d'y aller. Il faudrait que j'arrête de boire, mais c'est trop dur quand t'as commencé à 14 ans. Je peux pas m'arrêter du jour au lendemain, c'est impossible. 

J'habite dans un petit appartement. Elle, elle a la maison, la piscine. Elle a tout et moi, j'ai rien. Je me sens un peu délaissé.

Un podcast Les Pieds sur terre par Mathieu Palain, réalisé par Cécile Laffon

Merci à Béatrice Asensio, Laurence Zobel, Eymeric Sudreau, Stéphanie Cava, Mona Zeghmar, Pascale Fournand, Ludovic, Franck, Azzedine, Jean-Luc. 

Merci aussi à Mélissa Plaza, Victoire Tuaillon, Charlotte Bienaimé, Adila Bennedjaï-Zou, Sophie Guignard.

Référence musicale de fin d'émission : I didn't know - Tristesse contemporaine

Pour aller plus loin sur le PRP (Programme de prévention de la récidive) :

En savoir plus : Victime et coupable
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