Dernier épisode de la série documentaire "Des hommes violents", à la rencontre d'hommes condamnés pour violences conjugales contraints par la justice de participer à un groupe de parole. Entre déni et interrogations du narrateur, Mathieu Palain revient sur la question des masculinités aujourd'hui.
Condamnés par le tribunal pour violences conjugales, douze hommes sont contraints par la justice de participer à un groupe de parole pendant six mois. Tous viennent d’univers différents : l'un est un homme d’affaires à succès, un autre à la recherche d’emploi, un autre tient un garage... Ils commencent par clamer unanimement leur innocence ou par refuser de reconnaître leurs torts. Puis évoluent, ou pas. Ce podcast en six épisodes s’attache séance après séance à suivre leur avancée, à partir à leur rencontre, à les écouter. Il est nourri des propres interrogations du narrateur, Mathieu Palain, sur le mouvement #metoo et la question des masculinités aujourd’hui. Et mis en perspective par trois récits de victimes. Ce podcast de Mathieu Palain et Cécile Laffon est diffusé à raison d'un épisode par semaine sur l'antenne de France Culture. Vous pouvez d'ores et déjà écouter toute la série ici.
Episode 6 : Pierre, un peu de lumière
Dernière séance collective pour les douze hommes violents. Ensemble, les participants s'interrogent sur ce qui restera de ces heures, passées à interroger la violence et le couple. Et nombreux sont ceux qui continuent à se penser comme des victimes : de la justice, de leur femme et bien souvent des deux. Sur les conseils de Béatrice, la conseillère pénitentiaire, Mathieu Palain décide de partir à la rencontre d'anciens participants : il rencontre Morcine.
C'était un cercle vicieux ; on en est arrivé à 'se foutre sur la gueule', réciproquement. J'ai voulu montrer que c'était moi le plus fort, le numéro un, alors qu'en fait, on est deux. C'est ce que j'ai appris dans le groupe : on est deux, il faut partager et il faut déléguer des droits. (...) Dans ce groupe, j'ai appris à baisser la tête, même quand elle a tort.
Je pense que c'est partout pareil : quand on s'aime, c'est qui aime bien châtie bien. Le problème c'est que quand la police est arrivée ils n'ont pas cherché à savoir qui a fait quoi. On me condamne pour quoi là ? Pour avoir mis une claque à ma femme ?
Comme tous les autres, Morcine bute sur la question de la virilité. Ce qui n'est pas le cas de Pierre, ancien participant lui aussi.
C'est comme toutes les choses qu'on a faites et dont a on a vraiment honte. C'est un cauchemar, même juste d'en parler là (...) Avant de venir dans le groupe, on a beaucoup d'appréhension. On n'a pas envie de se faire pointer du doigt, d'entendre qu'on a battu sa femme.
J'ai dû mentir à toutes les personnes autour de moi. J'ai raconté à tout le monde que j'étais entré en prison pour vol à main armée. (...) J'ai tellement de fierté que je ne pensais pas un jour taper ma femme. (...) On a honte de s'excuser et de dire "je me suis trompé". Et aussi bizarre que cela puisse paraître, cette honte peut se transformer en agressivité et cette agressivité en violence.
On réagit avec notre pulsion et notre colère. On ne réfléchit pas avec la tête : c'est ça, le problème de tous ces hommes. J'ai beaucoup changé dans ma position d'homme vis-à-vis des femmes. Je ne suis pas sûr d'être guéri mais je pense l'être.
Un podcast Les Pieds sur terre par Mathieu Palain, réalisé par Cécile Laffon
Merci à Béatrice Asensio, Laurence Zobel, Eymeric Sudreau, Ludovic, Franck, Azzedine, Kader, Jean-Luc, Ahmed, Cédric, Mustafa, Baia, Morcine et Pierre.
Merci aussi à Mélissa Plaza, Victoire Tuaillon, Charlotte Bienaimé, Adila Bennedjaï-Zou et Sophie Guignard.
Référence musicale de fin d'émission : Loup noir - Mansfield. TYA.
L'intégralité de l'entretien donné par Adèle Haenel à Médiapart, entendu en fin d'émission
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Pour aller plus loin sur le PRP (Programme de prévention de la récidive) :
- " Quelle prise en charge pour les auteurs de violences conjugales ? D'un arsenal répressif à un accompagnement dans la durée", par Caroline Helfter.
- " Violences conjugales : j'ai franchi les limites". Reportage du Monde, paru le 26/04/2017.
- **" Favoriser le changement chez des auteurs de violence dans le couple : le rôle du travail de groupe" **- Revue de Feset -journal Européen de l'éducation sociale, p.73 -89.
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