Des jeunes en mal d’école, épisode 1 : Jean-Baptiste

La phobie scolaire touche de plus en plus d'adolescents, surtout depuis la crise du Covid.
La phobie scolaire touche de plus en plus d'adolescents, surtout depuis la crise du Covid. ©Getty - Isabella Antonelli / EyeEm
La phobie scolaire touche de plus en plus d'adolescents, surtout depuis la crise du Covid. ©Getty - Isabella Antonelli / EyeEm
La phobie scolaire touche de plus en plus d'adolescents, surtout depuis la crise du Covid. ©Getty - Isabella Antonelli / EyeEm
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Jean-Baptiste a dix-huit ans, et n’est plus retourné à l’école depuis l’âge de douze ans. Il raconte la naissance de sa phobie scolaire, sa souffrance, son enfermement, mais aussi comment il parvient peu à peu à se reconstruire et à prendre son envol.

Il suffit parfois d’un événement pour bouleverser une vie. Surtout pour un enfant de dix ans à la sensibilité est très élevée. C’était le cas de Jean-Baptiste, qui se souvient comment, en classe de CM2, il a vécu un épisode de harcèlement qu’il n’oubliera jamais.

Je me suis sentie trahi. Je me sentais bête, je me sentais humilié. J'avais honte. Tu te rends compte que même ceux qui étaient là pour toi, avec qui t’as fait les quatre cent coups depuis que t’es à l'école, ont retourné leur veste et se sont mis à te pointer du doigt avec les autres. Ta confiance en prend en coup.Jean-Baptiste

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À tel point que Jean-Baptiste ne va pas en classe pendant deux semaines. Heureusement, quelques mois après, il rentre au collège avec de nouveaux camarades. Mais ce “nouveau départ” qui ne démarre pas très bien. Dans ce collège, les professeurs sont très exigeants, et n’hésitent à humilier publiquement les élèves les moins performants. Jean-Baptiste, qui garde de son année de CM2 une certaine timidité et qui a des difficultés en maths, en fait les frais.

La prof de maths a dit à voix haute : “Bien joué, pour une fois t'as pas eu zéro mais à 0,75 !” Je me suis senti grave mal. Je me suis senti humilié, dénigré aussi. Se prendre ça dès le début de la sixième, ça dégoûte.Jean-Baptiste

Le jeune adolescent trouve tout de même un “point de repère”, un “pilier” en la personne de son prof d’anglais, bienveillant et jovial. “C’était quelqu’un qui sans le savoir m’aidait beaucoup.” Alors quand, le 13 novembre 2015, Jean-Baptiste apprend que son professeur a été victime des attentats au Bataclan, il est bouleversé. L'angoisse le gagne. Il ne veut plus sortir de chez lui.

J’avais peur du monde extérieur, mais encore plus de l’école. C’était le lieu qui m'angoissait. Dès qu’on me parlait d’école, je rentrais dans ma carapace et je m’isolais.Jean-Baptiste

Commence alors une période de souffrance pendant laquelle Jean-Baptiste essaie d’aller en cours, mais fait demi-tour sur le chemin, assailli par des bouffées de chaleur, des douleurs au ventre et de l’anxiété. Des symptômes physiques qui sont ceux de la phobie scolaire, comme lui expliquera ensuite une psychiatre. Et pour ne rien arranger, ses camarades se rendent compte de son problème et se moquent de lui sur les réseaux. Jean-Baptiste reste donc “cloîtré dans sa chambre” à jouer sur sa console ou sur son ordinateur, ce qui lui permet de trouver des amis en ligne à qui il peut confier son mal-être.

Très vite, tu trouves des gens qui sont dans le même cas que toi et tu te sens compris. Quand j’ai trouvé ce refuge-là, je ne me sentais plus jugé. Internet m’a appris beaucoup de valeurs que j’ai pas pu apprendre à l’école, comme le respect.Jean-Baptiste

Sa mère essaie de l’aider, mais elle est démunie. "C'était difficile de lui expliquer, j'étais dans le flou total". Seulement, Jean-Baptiste ne peut pas rester déscolarisé, ni s’enfermer pour toujours. S’il veut s’en sortir, il lui faut trouver une solution, et vite...

J’ai passé 17 ans de ma vie cloîtré chez moi, parce que même quand j’étais petit je sortais pas beaucoup, et ce n'est qu'à partir de mes 18 ans que j’ai commencé à prendre mon envol. Je me sens tellement mieux qu'avant. Avec le temps, je vais grandir, je vais apprendre et peu à peu, la phobie va s'estomper. Si y en a qui ont réussi, pourquoi pas moi ?Jean-Baptiste

Merci à Jean Baptiste, à Chloé Pajot, Adèle Karsenty et Madame Dejean de la Bâtie de l’association « Votre école chez vous ».

  • Reportage : Sophie Simonot
  • Réalisation : Sylvain Richard avec un coup de main d’Emmanuel Geoffroy

Pour aller plus loin :

Le site de l'Association Votre Ecole Chez Vous qui permet une scolarisation à domicile pour les enfants qui le nécessitent.

Chanson de fin : "Mai" de Videoclub

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