Des enfants de l’école primaire de Locquénolé, située en Bretagne, dessinent ce qu’est pour eux le bonheur. Derrière les couleurs, les princesses dorées, les monstres justiciers ou les dragons blessés, se cache leur conception de ce qui les rend profondément heureux ou conscients du malheur.
Si vous deviez dessiner le bonheur, quelles couleurs choisiriez-vous ? Quelle image vous viendrait en tête ? A qui penseriez-vous ? Ce sont les questions qu’Elise Andrieu a posées aux enfants de l’école primaire Robert Toullec, une petite école située à Locquénolé, dans la baie de Morlaix. Tous les enfants ont fermé les yeux et formulé le mot "bonheur". Ils ont ensuite dessiné l'image qui est apparue derrière leurs paupières. Leurs représentations du bonheur sont variées, mais toujours hautes en couleurs.
Viviane, six ans, choisit de dessiner Elisabeth II, mais quand elle était jeune, et donc encore une princesse. Grâce à “la magie des crayons”, sa princesse “recouverte d’or” prend vie. Pour Viviane, cette princesse est le visage du bonheur, contrairement à Hitler, “un méchant de la Seconde Guerre mondiale”, “un dictateur français très vieux et très méchant”. Le malheur, pour Viviane, vient des “moqueries”. Le bonheur, en revanche, “c’est voir des belles choses”, notamment dans les musées, comme par exemple la Victoire de Samothrace, la Joconde au Louvre, ou un crâne de mammouth géant au Muséum d’Histoire Naturelle.
“C'est important d'être heureux parce que quand on est heureux, on ressent un truc très chouette. On sait qu'on est tranquille. Par exemple, quand je suis heureuse, je sautille. Je ressens que mon cœur est plein à ras bord de diamants et de pierres précieuses. Quand je suis heureuse, tout me semble facile.” Viviane
Pour représenter son bonheur, Sacha a dessiné une carte du monde avec ses projets de voyage :
Pour Mayline, huit ans et demi, le bonheur, c’est sa famille en bonne santé. Quand elle pense à l’invasion de l’Ukraine par la Russie, elle est un peu inquiète.
“La Russie est à la frontière de l'Europe. Donc, du coup, je me suis dit que ça pourrait arriver dans un an ou deux s'ils viennent ici. Ça me fait mal au cœur, mais bon, c'est la vie. Il y en a qui sont très méchants. Ils ont un président un peu bizarre, il a choisi la méchanceté. Mais moi j’ai choisi la gentillesse.” Mayline
Hugo, quatre ans, est aussi préoccupé par la guerre, même si elle est “hyper loin”, “dans une autre terre". Pour représenter le bonheur, il a donc dessiné un monstre qui “court hyper vite” avec “un bazooka invisible pour tuer les méchants”. Mais bien sûr, le monstre est gentil avec les gentils.
L’école Robert Toullec est placée en haut d’une colline entre la mer et la forêt. Les enfants ont classe dans la forêt tous les vendredis. Ils vont aussi parfois sur la plage. Dans le jardin de l’école, il y a un poulailler ; non loin, il y a des moutons. Céleste aime s’occuper des moutons, et des animaux en général. Elle a donc choisi de dessiner un dragon blessé.
Pour Céleste, “tout le monde a un bonheur différent”. La petite fille est très sérieuse quand elle prend la parole, parce qu'elle pense au contraire du bonheur, c'est-à-dire aux moqueries. Comme celles dont elle est victime à cause de sa couleur de peau.
“Je suis métisse. Je suis comme je suis, et puis voilà. Imaginez la vie si on était tous pareils, il n'y aurait pas de différences qui existeraient. On serait peut-être gris. Vous imaginez la vie tout en gris ? Il n'y aurait plus de couleurs dans le monde ! Le bonheur, c’est comme des couleurs qui se mélangent, qui font un joli dessin.” Céleste
Merci aux enfants de l’école primaire Robert Toullec de Locquénolé, ainsi qu'aux enseignantes Delphine, Emilie et Sophie.
Reportage : Elise Andrieu
Réalisation : Emmanuel Geoffroy
Musique de fin : “Heart of a Child” de Eric Clapton.
D'autres dessins d'enfants :
L'équipe
- Production
- Coordination
- Production déléguée
- Réalisation
- Collaboration
- Stagiaire