

Depuis plus de 50 ans, Nicole Diaz vit dans l’ombre de son mari, Emile, dit Milou, une figure du milieu marseillais, dernier survivant de la French Connection. Mensonges, amour fou et solitude : des perquisitions aux parloirs, elle raconte son itinéraire de femme de truand. Sans fard ni paillettes.
Nicole, 76 ans, revient sur son chemin de vie. Issue d’une famille d’ouvriers, elle commence à fréquenter Emile Diaz, dit Milou, vers 16-17 ans. Lorsqu’elle annonce à ses parents qu’ils vont se marier, ils lui disent : “Fais attention, on entend des bruits pas très nets sur sa famille.” Le 28 août 1965, Nicole et Milou se marient, puis ont des enfants.
“Il était dans une famille de voyous, des oncles voyous dont deux ont été tués dans un règlement de comptes. Je pense qu'il a commencé très tôt à faire des petits cambriolages, des petites choses. Et ça a monté d'un cran, jusqu’à ce qu’il fasse partie des truands de Marseille de la French Connection.” Nicole
Nicole a vécu les perquisitions, les heures d’attente aux parloirs et les 16 ans d’absence de son mari, emprisonné à plusieurs reprises. “C'était insupportable parce qu’on a toujours l'impression qu'il va s'arrêter, d'abord parce qu’il le promettait. Il y avait un laps de temps où on était un peu tranquilles et puis ça repartait.”
“Quand tu sors du parloir, c'est terrible : tu vois la petite porte qui se referme et tu te dis que jamais elle ne s'ouvrira dans l'autre sens, ce n’est pas possible. Tu as l’impression que tu vas passer ta vie comme ça. L'attente, c'est quelque chose qui double les heures de ta vie.” Nicole
Lorsque son mari était emprisonné, Nicole se retrouvait seule à s’occuper de leurs trois enfants tout en faisant des ménages pour gagner un peu d’argent.
Elle n’a jamais compris l’admiration des autres femmes qui disaient rêver d’être une femme de truands, pas plus qu’elle ne comprenait que les autres hommes la considéraient comme “la Vénus de Milo”.
“Quand tu es en voiture avec ton mari et tes enfants et que ton mari dit ‘Baissez-vous !’ À chaque fois qu’il entend une moto, à un moment donné, tu en as un peu marre.” Nicole
En 1986, Nicole perd une de ses filles âgée de 18 ans. Sous le choc, elle ne parvenait plus à parler.
“Une femme m'a dit : ‘Écoutez, on attend que vous nous donniez votre consentement pour la débrancher et pour faire un don d'organes. Dites-le avec les yeux, faites des battements d’œil.’ C'est ce que j'ai fait. Il y avait que moi qui pouvais prendre la décision, le père était en prison.” Nicole
Merci à Nicole.
- Reportage : Marine Vlahovic
- Réalisation : Thomas Jost
Musique de fin : Si loin, si proche par Aquaserge
L'équipe
- Production
- Production déléguée
- Réalisation
- Collaboration
- Stagiaire