Kermit, the frog ? : épisode 1/4 du podcast Looking for Kermit

"Dans les bois", 2016
"Dans les bois", 2016 - Kermit Oliver, Collection Privée - Galeries Hooks-Epstein
"Dans les bois", 2016 - Kermit Oliver, Collection Privée - Galeries Hooks-Epstein
"Dans les bois", 2016 - Kermit Oliver, Collection Privée - Galeries Hooks-Epstein
Publicité

Descendant d’esclaves, fils de cowboy, étudiant en plein mouvement des droits civiques, le peintre Kermit Oliver devient le premier artiste noir à exposer dans une grande galerie de Houston et le premier Américain à dessiner des carrés Hermès. Tout cela en restant postier.

Kermit, Oliver de son nom, peintre américain aussi inconnu pour beaucoup que iconique pour quelques initiés, vit reclus, n’expose qu’à Houston et ne quitte qu’en de rares occasions son Texas natal. Pourtant, il se promène dans tous les beaux quartiers du monde au cou des heureuses et heureux propriétaires des carrés Hermès qu’il conçoit depuis 1980. Anne Lamotte, journaliste spécialisée dans les questions culturelles à la rédaction de France Culture, est partie à sa recherche.

Une icône inconnue

L'enquête débute à Houston, la plus grande ville du Texas, un Etat qui donne une impression d’immensité et de vide. Elle vise à dessiner les contours du portrait d'une figure pour le moins énigmatique, celle de Kermit Oliver, artiste aussi majeur qu'inconnu, aujourd'hui âgé de 76 ans.  Sur ses traces, on trouve un peu de sa mémoire avec celles et ceux qui l’ont connu, qui ont été ou qui restent ses amis, ceux qui ont lutté à ses côtés et ceux qu’il a peint. Parmi ces gens, Geri Hooks, qui le représente depuis plus de 30 ans à la galerie Hooks-Epstein, a vendu plus de 1500 de ses œuvres dans sa carrière, et ne tarit pas d'éloges à son sujet.

Publicité

Kermit est le seul artiste de la galerie à qui nous donnons carte blanche. On ne sait pas ce qu’il va nous livrer, ni ce à quoi ça va ressembler. Geri Hooks

On ne sait jamais quand les œuvres arrivent, elles apparaissent. Il n’a pas de téléphone, d’ordinateur, ni, je crois de télévision. Il appartient à une autre époque, mais à chaque fois il nous surprend. Geri Hooks

"C’est un personnage de roman qui ne racontera jamais son histoire"

La pratique artistique de Kermit Oliver est pareille à celle d'un ermite. Il travaille ses motifs, à commencer par son bestiaire d'animaux, reclus, dans un atelier minuscule avec des outils simples et usés.

Il a 25 ans quand il expose chez un certain Ben DuBose qui lance sa carrière à Houston. En dépit de sa discrétion et de sa volonté farouche de rester à l'écart des honneurs et de la célébrité, sa côte sur le marché de l'art explose à l'occasion du boom pétrolier qui enrichit considérablement un partie de la population de Houston.

Ces éléments mis bout à bout font que très vite, au-delà de la beauté formelle de son œuvre, nous sommes fascinés par le halo de secrets qui l'entoure.

Quand je le voyais dans un vernissage, je me disais "ce pauvre homme vit un supplice". Betty Moody, galeriste à Houston

Voilà un homme avec un cerveau que tout le monde ne peut pas comprendre, c’est son talent. Betty Moody

Un homme et un artiste ancré au Texas

Kermit Oliver incarne quelque chose de l’esprit américain dont ses œuvres sont l’encyclopédie sensible, du respect de la terre qu’il partage avec les natifs Indiens, à la lutte pour les Droits Civiques dont il a été le témoin. Les animaux, qu'il ne se lasse de peindre, sont ceux de son enfance texane et de l'histoire américaine.

Il est tellement typique du Texas des origines. C’est un cow-boy professionnel. Shelby Marcus

Kermit Oliver, celui-là même qui imagine des foulards de luxe et est considéré par bon nombre de texans comme une légende, est décrit par ceux qui l'ont croisé comme la parfaite figure de l'honnête homme.

Tournage, écriture, montage, réalisation : Anne Lamotte

Musique originale : Léo Poumey

Musique de fin : "Solitary Man" de Johnny Cash.