Chaque jour, des cargaisons de stupéfiants traversent les frontières par milliers. Le “Lynx” est l’un de ces pirates du bitume qui a fait des go fast son métier, pendant plus de dix ans. Récit d’une vie aventureuse passée sur les routes.
On le surnomme le Lynx, pour sa vue perçante : pendant près de dix ans, il a parcouru le bitume avec des cargaisons de cannabis dans le coffre de son "gros cylindré". Pour Les Pieds sur Terre, il raconte son parcours dans l'illégalité et plus particulièrement son rôle de convoyeur dans le trafic de cannabis.
"Pirate du bitume"
Le Lynx a grandi dans un quartier défavorisé. Pendant son adolescence, il fait l'expérience du racisme et des violences policières. A dix-neuf ans, une partie de son lycée est détruite dans l'explosion de l'usine AZF près de Toulouse. Désœuvré, le jeune homme commence alors à entrer dans "la vie de la rue" : en bas de son immeuble, il se fait de "l'argent facile" en vendant des barrettes de shit pour des amis. Plus tard, après un court séjour de prison, il décide d'intégrer une équipe de transport de cannabis, chargée de faire passer des stupéfiants à la frontière espagnole. Il devient alors un "pirate du bitume".
Dans les transports qu'il effectue, le convoi est toujours constitué de deux voitures : la voiture "ouvreuse" qui s'assure que "tout est clean" sur la route, autrement dit qu'il n'y a pas de contrôle de police sur le trajet ; et la voiture "porteuse", qui contient une centaine de kilos de cannabis. Pour un seul trajet, les transporteurs gagnent 5 000 à 30 000 euros par personne, selon qu'ils se trouvent dans la voiture ouvreuse ou dans la voiture porteuse.
"C'est un peu kamikaze, mais c'est juste pour faire de l'argent vite, peu importent les risques." Le Lynx
"Plein gaz, plein gaz !"
Si la plupart des trajets se passent sans anicroche, il arrive qu'un contrôle de police inattendu fasse déraper l'affaire. Ainsi, le Lynx raconte comment, pour échapper à un barrage policier et mettre la voiture porteuse qu'il conduisait en sécurité, il a dû faire demi-tour sur l'autoroute et rouler à contresens sur la bande d'arrêt d'urgence, au péril de sa vie et de celles des usagers.
"Là, c'était plein gaz. C'est du rallye. On cherche pas regarder à combien on roule, c'est-à-dire qu'on essaie de rouler au maximum. Sur l'autoroute, le maximum, c'est trois cents kilomètres heure." Le Lynx
Les "pirates du bitume" ne parviennent pas toujours à s'échapper aussi aisément. Il arrive que des affrontements avec la police s'engagent, et que des tirs, qui atteignent parfois leur but, soient échangés - conduisant à la mort certains des compagnons de crime du Lynx...
"On arrive au péage et on tombe sur une patrouille de contrôle avec la voiture porteuse, mais cette fois-ci, la police française nous tire dessus. Roue crevée, passager touché au bas de la jambe. Il faut abandonner la voiture, la marchandise et s'enfuir." Le Lynx
Merci à Maître Christian Etelin et au Lynx.
Reportage : Olivia Müller
Réalisation : Clémence Gross
Mixage : Fabien Capel
Musique de fin : "Traveling light" de Leonard Cohen.
L'équipe
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