Le restau routier de Vichy

  - Stéphanie Labadie
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L'Hôtel de la Gare est un restaurant routier, à une vingtaine de kilomètres de Vichy. C'est ici, au bord du comptoir ou dans la salle à manger que viennent se ravitailler les camionneurs, les ouvriers et autres habitués du secteur, parler de tout et de rien, trinquer, se serrer les coudes.

L'hôtel de la Gare se situe à une vingtaine de kilomètres de Vichy, au bord de la route départementale 906. Babeth est la patronne, son mari Philippe et leurs enfants l'aident au service et à la plonge, une petite entreprise familiale, où les travailleurs, les camionneurs et camionneuses se retrouvent pour manger un bout, boire un coup et partager un petit moment de convivialité.

On est des échafaudeurs, on travaille sur un chantier dans le coin depuis 2 mois, on a trouvé Babeth grâce au bouche-à-oreille et on vient là tous les jours. 

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C'est ici, au bord du comptoir, que viennent se ravitailler les camionneurs, les ouvriers et autres habitués du secteur. Ils se parlent sans se connaître, de tout et de rien, ils trinquent et se serrent les coudes. 

Accoudés au bar, les travailleurs racontent leur parcours, ce qui les a menés ici plutôt qu'ailleurs, aujourd'hui et peut-être aussi demain. 

Une habituée entre et demande un café. Elle est camionneuse depuis quelques années. 

Je rentre un jour sur deux pour voir mes enfants. Mon mari est routier aussi, il n'a jamais rien fait d'autre que ça. On a une très bonne nourrice, mais je ne vois pas assez mes enfants. 

Le restau routier de la D906.
Le restau routier de la D906.
© Radio France - Stéphanie Labadie

Concilier la vie de famille et la vie de camionneuse n'est pas une mince affaire. On lui dit tout d'abord que ce n'est pas un métier pour elle - peut-être à cause de sa manucure, nous dit-elle - mais elle persévère. 

Mon premier trajet c'était à Paris. J'étais perdue, j'ai pleuré. Ensuite j'ai appelé mes anciens collègues, ils m'ont dit par où passer, heureusement. Je n'avais pas de GPS, seulement une carte. 

Lorsqu'elle rentre chez elle, elle s'occupe de ses enfants et leur prépare des repas à l'avance. Elle ne part pas en vacances mais elle rénove une petite maison à la place. 

Il est midi mais c'est la fin de ma journée, je vais aller dormir maintenant. Phiphi, à ce soir !

A l'heure du repas, tout le monde s'attable les uns à coté des autres, sans se connaitre, qu'importe. 

On est toute la journée tout seul dans notre camion, donc il faut bien qu'on discute avec les autres quand on se retrouve. Sinon on va devenir des sauvages !

Les camionneurs que nous rencontrons à l'Hôtel de la Gare sont passionnés par leur métier. Au volant de leur gros camion, ils découvrent tous les paysages de France et d'Europe. Bien qu'ils n'aient pas le temps de visiter, ils voyagent et c'est ce qui leur importe. 

Mon papa faisait ça, je l'ai suivi quelques fois. Il m'a donné le goût du camion. J'ai repris la suite, si on peut dire. 

Ils et elles sont nombreux à avoir des enfants, à penser à leurs petits qui sont restés à la maison, alors qu'eux sont ici. 

Le comptoir des travailleurs.
Le comptoir des travailleurs.
© Radio France - Stéphanie Labadie

Toute la journée sur la route, c'est quand même ce qu'il y a de plus dangereux. Si mon fils pouvait choisir un autre métier, ce serait bien. 

Aux cotés des camionneurs, des échafaudeurs et autres artisans, nous rencontrons un homme qui a du mal à finir son assiette. 

C'était très bon ! Par contre il y en a toujours trop, je leur demande une petite part et ils m'en donnent plus. Et moi comme je suis un vieux paysan, je finis toujours mon assiette. 

De la table au comptoir, malgré les aléas de la vie, les difficultés familiales et la fatigue, tout le monde se retrouve dans la bonne humeur, pour un moment convivial le long de la D906. 

1ère diffusion le 13/03/2014

Musique de fin : "My patch" par Jim Noir - Album : "Tower of love" (2005) - Label : Atlantic records UK.

  • Reportage : Stéphanie Labadie
  • Réalisation : Emmanuel Geoffroy (et Vincent Abouchar)

Des nouvelles du restaurant : 

Babeth et Philippe tiennent toujours leur restaurant au bord de la D 906. Ils ont obtenu une dérogation pour rester ouvert afin d’accueillir les conducteurs routiers. Le confinement et le couvre-feu les ont poussés à s’adapter et à proposer de la vente à emporter le midi et des livraisons de plats le soir, pour pallier le manque de clientèle. Sans surprise, l’ambiance est moins festive dans le contexte actuel, et le lieu tourne un peu au ralenti mais Babeth s’estime très chanceuse de pouvoir accueillir des clients, contrairement aux autres restaurateurs.

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