Lire, c'est vivre !

Lire, pour vivre plusieurs vies à la fois...
Lire, pour vivre plusieurs vies à la fois... ©Getty - George Marks
Lire, pour vivre plusieurs vies à la fois... ©Getty - George Marks
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A quoi servent les livres ? Peuvent-ils changer la vie ? Comment on lit et pourquoi lit-on ? Portraits de lecteurs à travers les livres de leur vie à Quend Plage dans la baie de Somme et à la sortie d’une librairie parisienne.

"Lire c'est vivre", proclamait Pierre Dumayet derrière sa caméra, tout le long des années 70, demandant à quelques paysannes normandes de lire Flaubert et de souligner des passages de Madame Bovary, ou réunissant des enfants roux pour commenter Poil de carotte de Jules Renard. 

"Lire c'est vivre", disait-il, et sans doute voulait-il dire par là que les livres ne parlent pas uniquement des autres livres, comme on l'apprend à l'école, quand on dit que les textes sont des palimpsestes faits de multiples couches d'autres textes, que la littérature, au fond, ne parle que d'elle-même. "Lire c'est vivre", c'est considérer les livres comme des histoires qui ressemblent à la vie. C'est considérer que les livres peuvent nous apprendre à vivre, nous aider, nous rendre la vie plus tendre, ou plus âpre, que l'art c'est ce qui rend la vie plus intéressante.

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Dans la Somme, sur la côte d'Opale, à Quend, nous sommes allés voir ce qu'on lit sur la plage le dernier week-end avant la rentrée, et aussi dans une librairie parisienne du quartier le plus chic de la capitale. Hommage en archives à la fameuse émission de Pierre Dumayet qui maintenait le lien entre la littérature et la vie quotidienne.

Les Nuits de France Culture
35 min

Pierre Dumayet s'est rendu en Bourgogne, à Saint-André-le-Désert. Il a demandé à ses habitants de lire Madame Bovary et de souligner les passages qui résonnent dans leur esprit.

Charles était un égoïste : il était heureux et s'imaginait sans problème que sa femme l'était aussi. Je les vois très bien dans l'allée du jardin : elle, lui récitant des poésies, lui n'écoutant même pas, pensant sûrement à ses patients, ou à son cheval !

Rodolphe me répugne. Il a fait de son corps et de son âme une chose vénale alors qu'elle en était éperdument amoureuse... Je ne lui pardonne pas... Je ne pardonne pas non plus à Emma de s'être laissée aller à ce point-là. 

Elle a trop attendu de la vie et au dernier moment elle se rend compte qu'elle n'arrivera jamais à recevoir autant que ce qu'elle a donné. Si elle ne s'était pas suicidée, Charles lui aurait pardonné, mais justement elle a eu peur de son pardon, de sa supériorité en quelque sorte.  Je ne sais pas si elle méritait une mort aussi horrible. Et puis ensuite la mort de Charles... cette mort toute calme, sur un banc. C'est une mort très romantique mais qui laisse un sentiment de malaise, une profonde tristesse. 

Je ne pensais pas qu'elle allait se donner la mort, je croyais qu'elle allait remonter le courant, elle a été lâche là ! 

Deuxième roman lu et détaillé par les habitants de Saint-André-le-Désert : Un coeur simple de Gustave Flaubert

Des cœurs simples comme ça, j'en ai connu plusieurs, en particulier un vieux jardinier qui venait travailler à la maison. (...) Il ne venait jamais sans apporter un petit cadeau pour ma grand mère : des fleurs, un petit panier de fruits... 

C'est une servante très dévouée qui adorait ses patrons, comme moi j'adorais les miens. On en trouve plus beaucoup comme ça maintenant. 

Pour moi, le mot servante est le plus acceptable. Il y a tout un tas d'expressions populaires : on dit une "servante au grand cœur" ou "une bonne à tout faire". J'ai en mémoire, une ancienne servante prénommée Angèle. Elle nous a quasiment  élevé car j'ai été orphelin très tôt. Elle avait un cœur qui était très généreux qui m'a fait penser à Un cœur simple.

  • Reportage : Sonia Kronlund
  • Réalisation : Emmanuel Geoffroy

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