S'il existe une bonne étoile qui veillent sur nous, eux l’ont rencontrée. Céline retrouve la personne qui l’avait sauvée de la noyade à Plougastel quand elle était enfant. Quant à Abdirisak, il a risqué sa vie à plusieurs reprises lors de son exil, et se trouve aujourd’hui hissé jusqu’aux écrans...
L'été 1984 : Céline a près de cinq ans et, comme chaque été, elle passe ses vacances avec sa famille, en bord de mer. Ce jour-là, comme chaque jour, la petite Céline rejoint ses cousins à la plage de Plougastel. Elle s'aventure loin du regard de sa mère et s'amuse sur un rocher, juste derrière un bateau qui la cache légèrement du regard de sa famille. Mais à force de gigoter, l'enfant dérape et se retrouve à l'eau.
Je voyais le bateau, je voyais au dessus de l'eau, sous l'eau... J'avais l'impression de voir les deux en même temps. Et puis après, plus rien : pas de douleur. C'est comme avant de naître : c'est le trou noir, le néant. Plus aucun souvenir.
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Une personne qui se trouvait là prodigue un massage cardiaque à l'enfant, en attendant l'arrivée des pompiers. Quelques heures plus tard, elle se réveillera dans une chambre d'hôpital, saine et sauve.
Après cette histoire, la vie a repris son cours. J'ai continué d'aller dans l'eau. Ce sont des histoires que l'on garde pour soi, que l'on range dans un petit coin de sa tête.
En grandissant, Céline sent grandir en elle le besoin de retrouver la personne qui l'a sauvée. Mais somment retrouver une personne qui était sur une petite grève, à Plougastel, un jour d'été 84 ? Céline décide finalement de publier une annonce sur les réseaux sociaux, pour retrouver son sauveur.
Je lui dis mille fois merci pour chaque jour que je vis, chaque moment passé. J'aime la mer, les soleils, les repas entre amis : j'aime la vie ! Et c'est grâce à elle. Je pense qu'il y a des bonnes étoiles, comme une force qui vous guide, qui vous protège et vous fait rencontrer les bonnes personnes au bon moment.
Abdirisak est né en Somalie en 1988**.** Toute sa vie, il a connu la guerre civile. En 2006, la mère d'Abdirisak vend son terrain et son fils choisira l'exil. À 19 ans, Abdirisak quitte la Somalie. Mais, arrivé au Soudan, lui et ses compagnons de fortune sont dépouillés. Les voilà coincés dans le désert, seuls face à la faim et la chaleur écrasante.
Chacun gardait son énergie pour ne pas mourir. Et comme j'étais très maigre, tout le monde me disait : "c'est Abdirisak qui va mourir en premier". La première personne à mourir était très costaude. On me disait : "Tu seras le deuxième".
Le jeune homme parvient à gagner la Libye et embarque pour l'Europe. Le voyage est périlleux, les tensions à bord du bateau palpables. Abdirisak craint pour sa vie. En fin de compte, après un passage par Malte, c'est en France qu'il pose ses valises.
Après notre arrivée, j'ai appris la langue française. J'ai travaillé quelques années à Auchan puis à PSA. Un jour, je vois une annonce de casting pour film : ils cherchent un acteur venant d'Afrique de l'Est.
Abdirisak passe donc le casting. Le jeune homme est sélectionné pour le premier rôle parmi 600 postulants.
J'ai appelé ma mère : je vais devenir acteur ! On a bien ri ensemble. Et elle était très fière. J'ai eu une bonne étoile. Je pense que je vais y arriver.
Le film de Guillaume Bonnier « Tout le monde m’appelle Mike », avec Abdirisak Mohamed en rôle principal:
http://www.thedark.fr/tout-le-monde-m-appelle-mike/
- Reportage : Elise Andrieu
- Réalisation : Emmanuel Geoffroy
Merci à Céline, Abdirisak et Karen Hottois. Le film Tout le monde m'appelle Mike doit sortir en 2021.
Musique de fin : "The Side Of Me", Matthew Finch - Album : Americana Song Book, 2018 - Label : Bibliotheque Music.
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