Début 2021, les habitants de Perles-et-Castelet, un village d’Ariège, surprennent des bûcherons en train de couper du bois sur leurs parcelles. Epicéas, chênes, frênes, environ 400 arbres sont coupés et volés. L'enquête met vite en cause une entreprise espagnole bien connue du milieu forestier...
Alors qu'Hélène et son mari ramassent des morilles en forêt, ils entendent une grande agitation du côté de leur parcelle de bois. Quelle n'est pas leur surprise quand ils découvrent horrifiés que des bûcherons sont en train de couper leurs chênes centenaires et qu'ils s'apprêtent à les emporter sans aucune autorisation !
Cette affaire de vol d'arbres a eu lieu à Perles-et-Castelet, un petit village d'Ariège, et a touché plus de dix-sept propriétaires de forêts, de bois et de sous-bois. Mais les habitants et le maire de la commune ont décidé de résister : ils se sont rassemblés pour monter un collectif et porter plainte.
Un larcin d'envergure...
Hélène et son mari sont les premiers à observer quelque chose d'anormal dans leur forêt.
C'était fin février, nous sommes allés ramasser des morilles sur les hauteurs d'une petite montagne en face. On a vu alors qu'il y avait de l'agitation vers nos bois et même bien au-delà de nos bois. On entendait des camions, on entendait des klaxons de camions qui reculaient. Hélène
Guidés par le bruit, Hélène et son mari s'approchent pour en savoir plus.
Les bûcherons étaient dans notre parcelle, en action, en train de couper des chênes centenaires qui avaient été plantés par les arrière-grands-parents de mon mari. Hélène
Le mari d'Hélène va au devant des bûcherons, leur demandant de mettre fin au carnage. Mais les abatteurs d'arbres ne parlent pas français et refusent d'obtempérer, invoquant les ordres de leur patron et des autorisations inexistantes.
Mon mari est revenu à la voiture presque en pleurs, et il était suivi par les trois bûcherons qui avaient des tronçonneuses à la main. Hélène
Devant le refus des ouvriers, Hélène et son mari partent chercher de l'aide auprès du maire de la commune, Gérard Durand. Celui-ci vient leur prêter main forte et parvient à chasser les brigands bûcherons. Mais il ne se doutait pas qu'ils reviendraient dans la nuit pour récupérer les troncs...
Gérard décide donc de porter plainte à la gendarmerie d'Ax-les-Thermes. Il apprendra par la suite que ce ne sont pas moins de dix-sept propriétaires qui ont été impactés par cette affaire.
Un déchirement pour les amoureux de la nature
D'autres familles doivent ainsi affronter le deuil d'arbres magnifiques, centenaires, et souvent chargés de souvenir. Danielle a subi une telle perte qu'elle en parle comme d'un "viol".
Mon fils m'appelle et me dit : "Maman, il n'y a plus d'arbres à la montagne !" J'ai hurlé, je lui ai dit : "Ce n'est pas possible ! On ne peut pas voler une forêt ! On ne vole pas une forêt avec près de trois cents arbres !" Danielle
Car la forêt n'est pas une simple propriété foncière. Elle était le symbole de l'amour de la nature que partageaient Danielle et son mari, décédé quelque temps plus tôt.
On ne vient plus que quand on est sollicité, pour aller montrer l'ampleur des dégâts, mais c'est très difficile parce qu'il n'y a plus rien. Il n'y a plus de vie, il n'y a plus d'animaux. C'est mortel. C'est Verdun. Hélène
Merci à Hélène, Danielle, Gérard, Jérôme, Dominique et Cécile.
Reportage : Clément Baudet.
Réalisation : Clémence Gross.
Mixage : Claude Niort.
Musique de fin : "L'Oiseau" de Facteurs Chevaux.
Suite à la plainte déposée par les habitants du village, une audience s'est tenue au tribunal de Foix le 14 décembre 2021 pour juger l'entrepreneur forestier espagnol qui avait abattu près de quatre cents arbres en Ariège. Le verdict est attendu en février 2022. A ce propos, voir l'article de Pacale Robert-Diard, paru dans Le Monde, le 15 décembre 2021.
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