

Le 23 septembre, un jeune homme est mort dans un accident de moto à Montceau-les-Mines. Ali et Yanis ont grandi avec lui, Emma et Abiba étaient dans le même foyer, Sulta lui servait un kebab très souvent. Dans cette ancienne ville minière, tout le monde se connaît de près ou de loin. Ils racontent.
La ville de Montceau-les-Mines a été récemment secouée par un drame : le 23 septembre 2021, Hamza, un jeune garçon dix-neuf ans, est décédé dans un accident de moto. Certains racontent qu'il était poursuivi par la police, d'autres qu'il ne s'agit que d'une tragique histoire de vitesse, comme il en arrive à beaucoup de jeunes, épris de sensations fortes. Valérie Borst est allée à la rencontre des habitants de la ville pour entendre ce qu'ils ont à raconter sur Hamza et sur leur quotidien. Car dans cette ancienne ville minière de 18 000 habitants, surnommée Montceau-les-Ruines, tout le monde se connaît de près ou de loin. Et tout le monde reste. Ils se racontent.
Ali et Yanis ont grandi avec Hamza, décédé dans un accident de moto ce 23 septembre 2021. Ils abordent le drame avec tristesse et colère. Pour eux, la police qui a poursuivi le jeune homme est responsable.
"Il était sur la moto et il est venu ici vers nous, il commence à descendre de sa moto. Mais les policiers sont arrivés. On leur a dit d'arrêter de le courser ! Au final ils sont partis et ils l'ont coursé." Yanis
"Vingt mètres derrière lui, il y avait la Skoda nationale de la police, et ils l'ont vu faire le crash en direct. Il y avait une voiture au stop. Elle a commencé à sortir, à tourner à droite et lui, il arrivait un peu trop vite." Yanis
Les deux jeunes hommes se plaignent du chômage des jeunes dans leur ville.
"Moi, j'ai 21 ans. Il y a des gens de mon âge qui n'ont jamais travaillé. Même un stage, ils n'ont pas fait. C'est pas normal, ils se cassent la tête à chercher du travail, mais on ne veut pas leur donner leur place." Yanis
Sulta, cinquante ans, mère de quatre enfants, tient un restaurant à Montceau-les-Mines. Elle connaissait très bien le jeune Hamza, qui venait souvent y manger un kebab. Elle raconte à quel point il lui tient à cœur d'offrir l'hospitalité aux jeunes.
"Je demande au jeune : "pourquoi tu manges pas?" je sais qu'il n'a pas d'argent mais s'il veut manger, je dirais jamais non ! Et je laisserais pas partir un gamin sans manger. S'il n'a pas d'argent, moi, je donne, je m'en fous." Sulta
Par delà le drame récent, Sulta évoque son quotidien dans la ville de Montceau-les-Mines.
"A Montceau, on est très bien même. J'ai dit à mon entourage que pour élever les enfants, c'est très bien." Sulta

Ali loue lui aussi la tranquillité de la ville.
"Je suis très bien ici et moi, ce que j'aime à Monceau, c'est la tranquillité en soi, cette tranquillité. On est entouré de campagne. On est entre le Morvan et le Charolais. Donc, vous sortez de Montceau les Mines, vous tombez nez à nez avec des charolaises, tout un tas de fermes." Ali
Jocelyne, qui a pris sa retraite le jour de l'accident d'Hamza, travaillait dans une cantine scolaire à Montceau-les-Mines. Elle raconte ses petites stratégies culinaires pour aider les enfants à manger des légumes...
Dans le foyer Voltaire, le centre éducatif et spécialisé de Montceau-les-Mines qu'Hamza avait fréquenté, les jeunes et les éducateurs se tirent vers le haut pour "prendre un nouveau départ", comme le dit Emma, seize ans, qui a perdu ses parents à deux ans et demi, et qui vit désormais dans le foyer.
"C'est incroyable le monde qu'il y a à Monceau et dans les alentours. C'est incroyable. Même à en oublier qu'on est dans un foyer ! On passe des soirées vraiment bien !" Emma
Merci à Ali, Yanis, les jeunes du Plessis, l'Informateur de Bourgogne, Emma, Abiba, Monsieur Kheniche, les jeunes du foyer Voltaire et Montceau, Sulta et Jocelyne.
Reportage : Valérie Borst
Réalisation : Anne Depelchin
Musique de fin : "Alba" de Bon Entendeur ft. Sofiane Pamart.
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