

Tous les métiers ne se déclarent pas sur une fiche d'impôt. Faussaire fait partie de ceux-là. Deux des sommités de la profession évoquent leurs activités passées.
- Guy Ribes
Depuis Arsène Lupin, le faussaire a gagné en prestige. L'escroquerie a presque été élevée au rang d'art. Du moins quand elle est faite habilement. Découvrons-en plus sur l'art de faire du vrai avec du faux.
Retrouver l'émotion et l'intention des grands maîtres
Guy Ribes a sa première émotion esthétique enfant, lorsqu'il voit dans une vitrine à Cannes un autoportrait de Rembrandt. Elève peu assidu, il a toujours peint et dessiné. Bénéficiant de compétences en tant que coloriste, il rentre très jeune dans le plus grand atelier de soierie de Lyon avant de s'éloigner de cette voie conventionnelle pour devenir l'un des plus grands faussaires de l'histoire de l'art.
En créant des originaux de Picasso ou encore de Chagall, Guy Ribes développe et exerce une technique exceptionnelle qui dupe tous les experts de l'art, incapables de démêler le vrai du faux et qui font de lui un homme riche. Ses toiles sont revendues par ses collaborateurs, lui se contente de les fournir. Le marché américain est leur cible privilégiée. Escroquerie dans l’art ou art de l’escroquerie, le faussaire éprouve une jubilation à voir son travail confondu avec celui des grands maîtres dont il cherche sans relâche à retrouver l'émotion et l'intention initiale.
J’étais la poule aux œufs d’or pour ces gens-là, ils savaient me manipuler intelligemment. Guy Ribes
C’était un jeu formidable de baiser les experts, de baiser le système qui baise tout le monde. Ces escrocs sont une mafia. Pour moi il y a plus de 40% de faux. Guy Ribes

Quand un faux Picasso était certifié puis vendu, ça devenait un vrai Picasso. Guy Ribes
Le mot faux est un paradoxe. A partir du moment où tu arrives à ressentir la même émotion que le peintre que tu plagies c’est un miracle. Guy Ribes
Guy Ribes passe trois ans de sa vie en prison. Une injustice, dit-il, pour lui qui s'est contenté de produire les toiles mais ne les a jamais signées ni vendues.
Je savais que j’allais me faire arrêter, c’était mathématique. Guy Ribes

Si quelques centaines de tableaux falsifiés ont été identifiés par les autorités, il est fort à parier que, au vu de sa production pléthorique, quelques originaux de Guy Ribes peuplent aujourd'hui encore les plus grands musées du monde.
J’aurais pu mettre beaucoup de gens dans la merde. Il n’y a que moi qui ai dans la tête tous les faux que j’ai fait, ça fait un vrai musée. Guy Ribes
Revendre des papiers
Michel et son complice Patrick ont fourni tout le XVIIIe arrondissement en quête de papiers pendant des années. Arrivé à Paris du Beaujolais qui l'ennuyait, à 20 ans, au début des années 70, Michel manque vite d’argent. Après avoir trouvé un premier petit boulot rue de la grande truanderie, il se spécialise très vite et sans formation dans les magouilles.
Entouré de complices aussi bien rabatteurs que haut-placés, il trouve vite sa manœuvre de prédilection, la revente de papiers de toutes sortes. Ils en vendent 3 à 4 par jour, plus vrais que nature et à bon prix. Obtenant beaucoup d'argent facile, les amis dépensent généreusement et sans compter.
Je pense que j’aidais les gens, je n’ai pas eu de problème moral, j’étais au contraire fier de ce que je faisais. Quand j’y pense aujourd’hui je ne regrette pas. Michel
- Reportage : Fabienne Laumonier
- Réalisation : Cécile Laffon
Merci à Guy Ribes, Michel, Samia et Rémy
**Chanson de fin : "**Devil may care" par Cécil McLorin Salvant
Rediffusion de l'émission du 12/10/2020
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