

Férus de football et malgré le sacrifice que cela représente, ils ont décidé de boycotter la Coupe du monde. Ou du moins d'essayer. Par convictions écologiques, humanistes, par dégoût de ce monde de l'argent et des pots-de-vin promus par la FIFA, ils ont décidé de dire non, à leur échelle.
Née à Tarbes, Marie a découvert la beauté des rencontres sportives en accompagnant son père aux matchs de rugby le dimanche. En déménageant à Montpellier, elle découvre le football et commence à suivre les Coupes du monde à la télévision, ne manquant jamais un match des Bleus.
“Je me sentais faire partie d'une sorte de communauté qui vibrait aux résultats et aux exploits de l'équipe de France.” Marie, 76 ans
Au moment de la Coupe du monde 1998, Marie était en randonnée, alors elle s’arrangeait pour trouver un bar où faire étape pour regarder chaque match de l’équipe de France.
Aujourd’hui, à 76 ans, elle lit tous les jours L'Équipe en prenant son café dans un bar à 200 m de chez elle, en Haute-Saône. A ses yeux, faire la Coupe du monde 2022 au Qatar est une aberration, notamment pour des raisons écologiques.
"Je me suis dit qu'avec la Coupe du monde au Qatar, on avait touché le fond. Et je me suis rendu compte que non, qu'on n'avait pas touché le fond, qu’on était loin de toucher le fond, quand j'ai appris que les Jeux asiatiques d'hiver avaient été attribués à l'unanimité à l'Arabie Saoudite. Là, je me suis dit 'Mais où on va ?'" Marie, 76 ans
Marie a donc décidé de ne regarder aucune rencontre de la Coupe du monde 2022.
“Je ne regarderai plus jamais une Coupe du Monde tant que la FIFA est la FIFA d'aujourd'hui, tant qu'il y a sa tête des dirigeants qui ne sont pas honnêtes, qui mettent l'argent au-dessus de tout.” Marie, 76 ans
Dans le vingtième arrondissement de Paris, Marie, 37 ans, a, elle aussi, choisi de boycotter cette compétition à venir.
Joueuse dans une équipe de foot à cinq en salle, c’est à l’école primaire que naît son amour pour le foot, où à chaque récréation, elle allait jouer avec ses amis pour “sentir [son] corps vibrer”.
Son père, ancien joueur au club de Valenciennes, lui a transmis cette passion. Ensemble, ils regardaient les matchs à la télévision, et lorsqu’elle était encore jeune pour regarder le match jusqu’à la fin, son père lui laissait un mot avec le résultat du match.
“C'était une façon d'être en lien avec mon père, de pouvoir vibrer avec lui dans ces matchs, parce que c'était très important pour lui et c'était des moments ritualisés.” Marie, 37 ans
Lorsqu’elle a abordé le sujet de la Coupe du Monde au Qatar avec son père, il lui a répondu : “Il n’y a qu’à toi que ça fait du mal si tu ne regardes pas.”
“Mon positionnement par rapport à cette Coupe du monde, aujourd'hui, à 37 ans, est très critique. Évidemment, cette Coupe du monde au Qatar est scandaleuse, c'est au-delà des mots ce qui se passe.” Marie, 37 ans
Elle a décidé de ne pas regarder la Coupe du monde 2022. Avec une amie, elles ont prévu de s’appeler les soirs de match pour se soutenir et Marie aimerait organiser des “contre-Coupe” : des rassemblements pendant les matchs de la Coupe du monde 2022 pour jouer au foot ensemble.
Diandra, joueuse à l’EPPG, club historique du Pré-Saint-Gervais, est, elle aussi, passionnée de foot depuis son enfance. Elle est en pleine réflexion sur ce qu’elle va décider de faire au sujet de la compétition qui approche. Elle se souvient de la célébration des victoires de la France en 1998 et 2018, se demandant si le fait qu’elle ne regarde pas les matchs changera quelque chose.
“J'aime beaucoup le foot, mais je n'ai pas envie de donner ma vue au Qatar.” Diandra
De son côté, Abou, le coach de l’équipe de Diandra, ne boycottera pas la Coupe du monde. Il veut assister à la dernière Coupe du monde de Benzema, Messi et Ronaldo.
Quant à Devan, nantais de 31 ans habitant Paris, il s’est engagé auprès de ses amis à boycotter la compétition, et espère résister à l’appel des matchs.
C’est à l’occasion de la Coupe du Monde 1998 qu’il a découvert le foot et en a développé une passion.
“Le foot représente pour moi ce que représente pour beaucoup de vieilles bédés qu'on retrouve avec plaisir, une madeleine, un refuge dans lequel tu es sûr d'être à peu près jamais déçu. À peu près…” Devan
“Cet été, on a passé deux mois à suffoquer, on a vécu une sécheresse qu'on n'a jamais vécu en France. Et nous, on va organiser une Coupe du monde qui est symboliquement la fête d’absolument tout ce qu'on doit changer.” Devan
Merci à Marie Mitjana-Huot, Devan, Alex, Marie, Diandra, Abou mais aussi Céline, Sarah, Yool, Margot de l'Éducation Physique et Populaire Gervaisienne (EPPG).
- Reportage : Clémence Allezard et Clawdia Prolongeau
- Réalisation : Somaya Dabbech
Musique de fin : Désenchantée par Mylène Farmer
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