Elles sont infirmières, psychiatres, kinés et médecin de campagne. Paroles de quatre soignantes en première ligne, où l'on se demande, entre autres, si les applaudissements entendus chaque soir leur apportent soutien, réconfort, ou bien agacent ce personnel médical en manque cruel de moyens.
Marie est infirmière en soins intensifs, payée 1700 euros net par mois. Son service d'hématologie, dévolu aux maladies du sang, a récemment été transformé en "unité Covid".
Le premier jour, on a eu une micro-formation. Mais on ne savait pas du tout dans quoi on allait, quels étaient les traitements, la prise en charge. On avait encore plein de question qui subsistaient.
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Ca s'est passé du jour au lendemain, et ça a été très brutal, et ça a chamboulé toute ma pratique. (...) J'ai l'impression de passer toute la journée d'une chambre à une autre, sans avoir le temps de connaître mes patients.
Entendre ces applaudissements, ça me permet de dire que je fais un beau métier. C’est maintenant qu’il faut faire bouger les choses. C’est le moment de se battre. De faire preuve de toute l’humanité qu’on a. De montrer ce qu’on sait faire. C’est le moment.
Médecin généraliste à la campagne, près de Grenoble, Jeanne travaille dans un village de 2500 habitants. Tout est calme, mais elle se demande si et quand la vague va arriver sur elle.
C'est difficile d'anticiper, de savoir si on ne va pas être débordé du jour au lendemain, par un afflux de malades
La semaine dernière, c'était très calme. On entendait que la vague allait arriver. Et finalement, je ne sais pas si on est dans une espèce de calme avant la tempête, ou si la tempête n'arrivera pas chez nous.
Maeva est psychiatre à Paris, dans un hôpital de l'APHP. Elle travaille en particulier avec des patients usagers de drogue. Chez elle, la colère est montée petit à petit, jusqu'à exploser, un soir, alors qu'elle rentrait chez elle.
Jeudi soir j'étais dans la rue, après une journée difficile. J'ai entendu les applaudissements et la colère est montée, très fort. J'ai commencé à crier dans la rue, qu'on ne voulait pas applaudissements, mais des moyens pour l'hôpital. On m'a insultée.
Si la population veut se montrer solidaire, c'est par la révolte contre ce qui nous amené là. C'est-à-dire des années de destruction de l'hôpital public, et une gestion de la crise catastrophique.
Je ne veux pas de reconnaissance, mais de la solidarité. Je ne veux pas être l'héroïne qui monte au front sans aucun moyen, sans aucun équipement. Je veux juste faire mon travail dans des conditions de sécurité normales.
Kinésithérapeute, Cécile exerce à l'hôpital d'Ajaccio depuis douze ans. Elle se retrouve, de manière inédite pour elle, en première ligne.
On sent vraiment l'équipe qui fait corps. On est des petits soldats, et chacun a son rôle à jouer.
Avoir des situations d'urgence, comme ça, où l'on ne sait jamais ce qui va se passer le matin, l'après-midi, le soir, c'est quelque chose qui me stimule et me plait beaucoup. Cela me plaît énormément de pouvoir participer à la lutte contre le virus.
- Reportage : Alice Babin
- Réalisation : Clémence Gross
- Mixage : Pierric Charles
Merci à Marie, Jeanne, Maéva, Cécile, Clo et Julia.
Extrait musical entendu en fin d'émission : Naked in the house all day - Ran Nir
L'équipe
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