A l'âge de 16 ans, Sophie s'est passionnée pour les enseignements de la communauté Saint-Jean. Quinze ans après, elle raconte la perversion et les abus. Brigitte, elle, est tombée sous l’emprise d'un gourou, conseiller conjugal de sa paroisse, à qui elle a fait confiance pendant des années.
Lorsqu'elle découvre la philosophie, Sophie, tout juste débarquée dans un pays qu'elle connait mal, s'y accroche comme à une bouée de sauvetage. Au même moment, elle découvre la communauté Saint-Jean, basée sur la philosophie. Elle se lie d'amitié, alors, avec l'un des "frères".
Il me dit qu'aucune philosophie n'en vaut vraiment la peine, à part celle du fondateur de la communauté Saint-Jean, le père Philippe. Lui seul a compris le sens de la vie, la vérité. Dans la pratique, c'est la fusion : il y a la pensée du père Philippe vers laquelle il faut s'accorder, voire adhérer jusqu'au bout de son être, jusqu'à abdiquer de soi-même.
Publicité
On lui propose de se rendre à Paris, pour rejoindre l'école privée du Père Philippe. Ce qu'elle fait. Petit à petit, Sophie ne pense plus qu'à la communauté, ne parle plus que d'elle. Et c'est lors d'un camp d'été que le frère avec qui elle s'est liée d'amitié, lui parle de la théorie de "l'amour d'amitié". Il s'agit d'une théorie que peu de personnes pourraient comprendre et qui "passe par des gestes".
Je voyais que petit à petit, je perdais ma propre volonté, et que j'étais prête à faire tout ce qu'il voulait, pourvu que je sois dans l'obéissance, dans l'abandon et le don de moi même.
C'était la première fois que je touchais un homme et que j'étais dévêtue. La chose la plus facile à faire est de sortir de soi et d'abdiquer, d'attendre que ça passe et d'oublier. Le cerveau fait le mécanisme tout seul. Quand je sors de là, je n'ai rien vécu.
Au fil des années, les abus se multiplieront. C'est au bout de quinze ans que Sophie parviendra à parler de ce qu'elle vit à des personnes extérieures à la communauté.
Brigitte a 68 ans. Ayant grandi dans un milieu bercé par la religion catholique, elle rencontre un homme manipulateur, par l'intermédiaire d'une amie de sa mère. Un homme qui la maintiendra sous emprise pendant cinq ans.
J'avais une grande attente par rapport à cette personne. J'étais sous anti-dépresseurs et je ne voulais pas être sous anti-dépresseurs toute ma vie. Il était très autoritaire, et m'a impressionnée dès notre première rencontre.
Dans ses propos, il mélangeait toujours le vrai et le faux. Cela vous perturbe complètement car vous ne savez plus ce qui est vrai et ce qui est faux. Vous finissez par ne plus avoir confiance en ce que vous faites et vous vous en remettez à lui : c'est cela qu'il recherche.
Un jour, il propose une séance de "bioénergie" pour aider Brigitte à être bien dans son corps.
Je me sentais humiliée, mais je l'ai fait. Lorsqu'on est sous emprise, c'est plus fort que nous : on s'exécute.
Bientôt, il prend pour cible son mari et ses fils. Et met tout en place pour que Brigitte s'en éloigne.
J'ai commencé à me méfier de tout le monde, et aussi de mon mari. Au moindre accrochage, il s'en servait pour me pousser, progressivement, à demander le divorce. Mon mari ne me reconnaissait plus, mes fils non plus.
- Reportage : Valérie Borst et Elodie Maillot
- Réalisation : Anne-Laure Chanel
Musique de fin d'émission : Breathe of Roma - Meryem Aboulouafa
Merci à Brigitte, cabinet d'avocat Picotin et maître Picotin, Sophie Ducrey.
L'équipe
- Production
- Production déléguée
- Production déléguée
- Réalisation