Sylvie a connu deux vies, la vraie et l’autre, dans Le Deuxième Monde. Bolly Coco est un avatar, et sa vie dans Second Life est bien remplie. Toutes les deux sont des pionnières de ces mondes qu’on dit nouveaux et qui existent pourtant depuis plus de vingt ans : les métavers.
“C’était ma fenêtre de liberté”
En 1997, Canal Plus lance l’idée d’un "Deuxième monde" reproduisant, sur un CD-rom, puis sur un logiciel 3D, un Paris virtuel peuplé par des “Bimondiens” explorateurs de ces nouvelles technologies. Sylvie, alias Sylvie3600, en fait partie. “C'était présenté comme un monde parallèle, ça m'a paru vraiment magique.” En plus de pouvoir visiter cette ville alternative, les utilisateurs du jeu ont le loisir de discuter entre eux et d'imaginer des scénarios dans lesquels ils jouent le rôle de leur choix. Sylvie se souvient notamment d’un "club philo" auquel elle participait, mais aussi de jeux de rôles mettant en scène des mariages entre avatars, par exemple.
“C'était vraiment très drôle. On avait développé toute une façon d'interagir qui nous plaisait beaucoup. C'était de l'imaginaire, mais ça devenait un vrai univers. C'était totalement réel pour nous, c'était plus réel que le monde réel.” Sylvie
Le Deuxième Monde prend de plus en plus d’importance dans la vie de Sylvie, jusqu’à lui attirer des jugements dans sa vie “IRL” (In Real Life), de la part de ses proches et même de son patron.
“C'était vu comme quelque chose de comme une perversion, de quelque chose de complètement bizarre et opaque, et encore plus pour une femme. Pourquoi avoir besoin de parler à des gens qu'on connaît pas ?” Sylvie
Il n’en reste pas moins que s’est créée au fil des années une véritable communauté du Deuxième Monde. "On était la première communauté de geeks", se souvient Sylvie, quelque peu nostalgique de cet engouement qui a pris subitement pris fin en 2002. Citons par exemple l’Association des Bimondiens (ABD) qui gère les clubs, les location d'appartements dans le Deuxième Monde et l'accueil des nouveaux arrivants. Pour Sylvie, cette “aventure” lui a permis de faire de nombreuses rencontres qui se sont concrétisées dans la vraie vie et ce même après la fermeture du monde.
“C’est un outil très puissant pour découvrir de nouvelles choses”
Bolly Coco est YouTubeuse et danseuse orientale professionnelle. Elle monte des tutoriels, travaille sur l’organisation d’événements et se dégage un petit salaire de quelques centaines d’euros. Cela lui permet de louer sa maison. Pendant le confinement, elle continue à voyager et à sortir en boîte de nuit, où se produit souvent son petit ami, un DJ à succès. Une vie bien remplie qu'elle mène virtuellement dans Second Life.
Créé en 2003 par la société Linden Lab, Second Life est un univers virtuel en 3D possédant son économie propre basée sur le dollar Linden. C’est à la fois un jeu, une plateforme de création de contenus, comme les vidéos de Bolly Coco, et un réseau social, puisque les utilisateurs peut se parler par messagerie instantanée et par appel vocal.
“Je parle avec des Américaines, des Anglaises, plein de femmes du monde entier et ça m'a donné confiance en moi en tant que femme. Il y a beaucoup d'insécurité et de complexes qu'on nous impose, et de pouvoir en discuter avec des femmes de toutes les cultures, ça ouvre, on dédramatise, on se dit qu’on n’est pas toute seule.” Bolly Coco
Même si “tout le monde n’est pas prêt à avoir un avatar” et que Second Life reste un vie parallèle, Bolly Coco explique comment elle y trouve une évasion au quotidien, un réel plaisir à échanger avec sa “communauté” et à construire son univers et le mettre en scène.
Merci à Orpheus et Optimine.
- Reportage : Jeanne Mayer
- Réalisation : Anne Depelchin avec Anne Lise Assada
- Mixage : Éric Boisset
Chanson de fin : "Other Men" de Crystal Murray feat Le Diouck
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